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ceaux à un tonneau, une cuve. Voyez Cercle & Cerceau.

* CERCOPES, s. m. pl. (Mythologie.) peuple de de l’île Pithecuse, qu’Ovide dit avoir été transformés en singes par Jupiter, pour les punir de leurs débauches.

* CERCOPITHIQUE, (Myth.) espece de singe auquel les Egyptiens rendoient les honneurs divins : on le représentoit avec un croissant sur la tête, & un gobelet à la main.

* CERCURE, s. m. (Hist. anc.) petit vaisseau de pirate, inventé par les Cypriots : on croit que c’étoit la même chose que ce qu’on appelloit l’hemioli. Voy. Hemioli.

CERDAGNE (la), Géog. petite province d’Espagne, dans la Catalogne, séparée du Roussillon par les Pyrénées ; une partie appartient à la France.

* CERDEMPORUS, (Myth.) surnom de Mercure ; il fut ainsi appellé de ἔμπορος, commerçant, parce qu’il étoit le dieu des commerçans.

CERDONIENS, sub. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui parurent dans le second siecle, & qui soûtenoient les erreurs de Cerdon leur maître, qui les avoit empruntées de Simon le magicien.

Ce Cerdon, natif de Syrie, vint à Rome sous le pape Hygin, & y séjourna long-tems, enseignant ses erreurs tantôt en cachette, tantôt ouvertement. Il feignit même de se réunir à l’Eglise, & de faire pénitence : mais il en fut enfin absolument chassé. Il admettoit deux principes, l’un bon, & l’autre mauvais : ce dernier, selon lui, avoit créé le monde, & étoit l’auteur de l’ancienne loi : l’autre qu’il appelloit le principe inconnu, étoit le pere de Jesus-Christ. Cerdon ajoûtoit que Jesus-Christ n’étoit point né d’une vierge, & qu’il n’avoit point souffert réellement. Il admettoit la résurrection de l’ame, & non celle de la chair ; rejettoit tous les livres de l’ancien Testament, & de ceux du nouveau ; il ne recevoit qu’une partie de l’évangile de S. Luc. Tel étoit le patriarche des Cerdoniens, dont les dogmes furent adoptés par son disciple Marcion. Voyez Marcionites. (G)

CEREALIA, (Hist. anc.) fêtes de Cerès, instituées par Triptoleme, fils de Celéus, roi d’Eleusine, dans l’Attique, en reconnoissance de ce que Cerès, qu’on croyoit avoir été sa nourrice, lui avoit appris l’art de cultiver le blé & d’en faire du pain.

On célebroit à Athenes deux fêtes de cette déesse ; l’une nommée Eleusines, & l’autre Thesmophories. Voyez Eleusines & Thesmophories.

Toutes deux, & en général toutes les solennités de Cerès avoient cela de commun, qu’on les célebroit avec beaucoup de religion & de tempérance, jusques-là qu’on s’abstenoit du vin & de tout commerce avec les femmes pendant ce tems-là, pour honorer une divinité qui s’étoit distinguée par sa chasteté & sa sobriété. Quelques critiques ont même prétendu qu’en memoire de ces deux vertus, on n’offroit point de vin à la déesse dans ses sacrifices, & que les libations s’y faisoient seulement avec du mulsum, sorte de mixtion de vin & de miel bouillis ensemble ; & que c’est ce que Virgile appelle miti bactho, du vin adouci : cependant Caton assûre expressément qu’on s’y servoit de vin : d’autres croyent que Cerès seule n’étoit pas honorée dans ces fêtes, qu’on y révéroit encore Bacchus & Hercule, en leur sacrifiant des porcs ou des truies avec du mulsum, à cause que ces animaux causent beaucoup de degât aux biens de la terre, dont Cerès & Bacchus étoient regardés comme les divinités tutélaires.

Ces fêtes passerent des Grecs aux Romains, qui les célebroient pendant huit jours, à compter depuis le cinquieme des ides d’Avril. Les dames seules vêtues de blanc, y faisoient l’office de prêtresses ; & les hommes habillés de la même couleur, celui de sim-

ples spectateurs. Toute personne en deuil ou qui

avoit assisté à des funérailles, étoit exclue de cette solennité : & après la bataille de Cannes, comme toute la ville étoit dans un deuil universel, on fut obligé de remettre à une autre année les fêtes de Cerès : entre les autres cérémonies, celle-ci étoit remarquable, on ne mangeoit que le soir après soleil couché, parce que Cerès en avoit fait de même en cherchant sa fille Proserpine enlevée par Pluton. On y couroit encore çà & là avec des flambeaux, pour représenter les courses inquietes de cette mere alarmée. On y portoit en pompe, selon Macrobe, un œuf, ovum in cerealis pompæ apparatu numerabatur primum ; & cet œuf, dit-on représentoit le monde ou la terre, que Cerès avoit enrichie par le blé. Au sacrifice succédoient des festins, suivis de combats de gladiateurs, & de courses de chariots dans le cirque. Les prêtres de Cerès chez les Grecs étoient nommés Eumolpides, d’Eumolpe fils de Triptoleme ; on les appelloit encore taciti mystæ, parce qu’il ne leur étoit pas permis de divulguer les mysteres de la déesse. (G)

* CEREIBA, (Hist. nat. bot.) petit arbre du Brésil, semblable au saule : on dit que quand le soleil donne sur ses feuilles, il s’y amasse un sel qui se dissout en rosée pendant la nuit, ou lorsqu’il y a du brouillard. Si cette propriété est particuliere au cereiba, & qu’elle soit bien réelle, voilà un arbrisseau suffisamment désigné. On n’attribue au cereiba aucune propriété medicinale.

CEREMONIAL, s. m. (Police.) c’est l’assemblage des regles introduites dans l’usage de la vie, & auxquelles l’on est obligé de se conformer pour l’extérieur, le maintien, les discours, les habillemens, &c.

On peut prendre ce mot dans un sens plus étroit, & entendre par-là les usages introduits, ou par des ordres des supérieurs, ou tellement établis par une longue coûtume, que l’on est obligé de les regarder comme des lois, & les respecter : dans ce sens l’on trouve que chez toutes les nations du monde on a pratiqué de certaines cérémonies, tant pour le culte de la divinité que pour les affaires civiles, dans les mariages, enterremens, &c. Voyez Cérémonie.

L’on entend en troisieme lieu par cérémonial, la maniere dont les souverains ou leurs ambassadeurs ont coûtume d’en user les uns envers les autres ; ce qui n’est qu’une convention ou reglement établi entre les princes, ex pacto, consuetudine & possessione, suivant lequel ces princes, ou leurs représentans, doivent se conduire les uns envers les autres lorsqu’ils se trouvent ensemble, afin que l’on ne donne à chacun ni trop ni trop peu.

Il y a des gens qui prennent le cérémonial dans un sens encore plus étendu, & comptent trois occasions où le cérémonial est nécessaire ; 1°. lorsque les souverains s’assemblent en personne ; 2°. lorsqu’ils s’écrivent ; 3°. lorsqu’ils s’envoyent des ambassadeurs les uns aux autres. Cette espece de cérémonial vient de l’ambition, & de la supériorité que l’un a cru avoir sur un autre ; on lui a donné le nom de prérogative ou de préséance : c’est une source inépuisable de disputes entre les souverains, qui ne sont point dans la disposition de céder les uns aux autres ; & quoique souvent on ait travaillé à assigner à chacun un rang dont il pût être content, l’on n’a jamais pû y parvenir, sur-tout en Allemagne.

Les moyens d’accommodement qui ont été proposés, sont l’arbitrage & le compromis : mais ils ont été souvent inutiles : la possession & la force ont toûjours prévalu. (—)

* CEREMONIES, s. f. pl. (Hist. civ. & ecclés.) les cerémonies sont en général des démonstrations extérieures & symboliques, qui font partie des usages de la police & du culte d’une société. Voyez Police &