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en Allemagne, près de Goslar, en Suede, &c. L’on attribue la même qualité à une source que l’on voit à Chiessy, dans le Lyonnois. Voyez E. Schwedenborg, tom. III. pag. 49. & suiv. Henckel nous explique, dans sa Pyritologie, pag. 764, la cause de ces phénomenes, savoir, que les eaux qui composent ces sources, venant à passer sur des pyrites cuivreuses, qui ont été décomposées dans les entrailles de la terre, en détachent les parties vitrioliques qui s’y sont formées, & les entraînent avec elles.

C’étoit une transmutation semblable à celle qui vient d’être décrite, que produisirent, il y a quelques années, des personnes qui avoient trouvé le secret d’obtenir un privilége exclusif, pour convertir le fer en cuivre dans toute l’étendue du royaume ; l’on fut très-flatté de l’idée de pouvoir se passer du cuivre de l’étranger, & de pouvoir en produire autant que l’on voudroit. Tout le secret consistoit dans une eau vitriolique, où en faisant tremper du fer, il se faisoit une précipitation du cuivre tout-à-fait semblable à celle que nous venons d’expliquer dans cet article : mais comme ces convertisseurs de métaux n’avoient point à leur disposition, une source d’eau vitriolique aussi abondante que celle de Smolnitz, qui pût fournir long-tems à faire leur prétendue transmutation, la fraude se découvrit, & le public fut en peu de tems desabusé. (—)

CÉNACLE, s. m. (Architecture) du latin cænaculum, lieu où l’on mange ; c’étoit chez les anciens une salle à manger : elle étoit appellée triclinium, c’est-à-dire, lieu à trois lits ; parce que, comme les anciens avoient coûtume de manger couchés, il y avoit au milieu de cette salle une table quarrée longue, avec trois lits en maniere de larges formes, au devant de trois côtés ; le quatrieme côté restant vuide, à cause du jour & du service. Ce lieu chez les grands, étoit dans le logement des étrangers, pour leur donner à manger gratuitement. Il se voit à Rome, près de Saint-Jean de Latran, les restes d’un triclinium ou cénacle, orné de quelques mosaïques, que l’empereur Constantin avoit fait bâtir pour y nourrir des pauvres. (P)

Cénacle, (Théolog.) Notre Sauveur, la veille de sa passion, dit à ses disciples de lui aller préparer à souper dans Jérusalem, & qu’ils y trouveroient un grand cénacle tout disposé, cænaculum grande stratum, une salle à manger, avec les lits de table à l’ordinaire. On a montré à Jérusalem, dans les siecles postérieurs, une salle, qui fut ensuite convertie en église par l’impératrice Hélene, où l’on prétendoit que notre Sauveur avoit fait son dernier souper, & avoit institué l’Eucharistie ; mais on a raison de douter que cette salle se soit garantie de la ruine de Jérusalem par les Romains. Calmet, Diction. de la Bibl. (G)

* CENCHRUS, (Hist. nat. Zoolog.) espece de serpent dont il se trouve une grande quantité dans les îles de Samos & de Lemnos ; il a ordinairement trois piés de long, est d’une couleur jaune tirant sur le verd, & moucheté de taches de différentes couleurs. Ce serpent est très-dangereux ; il s’attache au bétail, à qui il ouvre la jugulaire pour en sucer le sang : sa morsure est mortelle. On peut le préparer de même que l’on fait les viperes ; cet animal contient beaucoup de sel volatil, & sa chair excite la transpiration.

CENDRE au sing. ou CENDRES au plur. s. f. (Chimie.) Ce corps terreux, sec, & pulverulent, que tout le monde connoît sous le nom de cendre, est le résidu, ou la partie fixe des matieres détruites par la combustion à l’air libre, ou par l’inflammation. Voyez Calcination.

Les cendres sont donc toûjours des débris d’une substance à la formation de laquelle concouroit le phlogistique, ou le feu, & ordinairement d’un corps

organisé, ou de ceux que nous connoissons, dans la doctrine de Stahl, sous le nom de tissu, textum, c’est-à-dire d’un végétal, ou d’un animal. Voyez Tissu.

On a rangé aussi sous le nom générique de cendre, les substances métalliques privées de phlogistique ; c’est ainsi qu’on a dit cendre d’étain, cendre de plomb, &c. & qu’on trouve, sur-tout dans les anciens auteurs, diverses calcinations de substances métalliques désignées par le nom d’incinération ou cinération : mais les chaux métalliques différent assez essentiellement des cendres végétales & animales, pour qu’il soit plus exact de ne pas confondre les unes & les autres sous la même dénomination. Voyez Chaux métallique.

Un végétal ou un animal n’est, pour un Chimiste, qu’une espece d’édifice terreux cimenté par un mastic ou gluten inflammable, & distribué en différentes loges, ou vaisseaux de diverses capacités, qui contiennent des composés de plusieurs especes, tous inflammables ; car nous ne considérons ni dans les végétaux, ni dans les animaux, relativement à leur analyse ou décomposition réelle, nous ne considérons point, dis-je, le véhicule aqueux, qui étend & distribue (dans le vivant) la matiere de la nutrition & des sécretions. Voyez Végétale. (Analyse.)

C’est aux ruines de cet édifice, de la base terreuse, du soûtien (hypostasis) de nos tissus, qu’est dûe la portion la plus considérable de la matiere propre, de la terre de leurs cendres. L’autre portion (infiniment moindre) de cette terre, est fournie par les composés terreux détruits par l’inflammation, & même par quelques mixtes qui n’ont pû échapper à son action. Voyez Végétale. (Analyse.)

Outre la terre dont nous venons de parler, les cendres végétales contiennent presque toutes (on a dit toutes, mais on peut raisonnablement douter que ce produit de l’analyse des végétaux soit absolument général, je dis des végétaux même non épuisés par des extractions) du sel fixe, alkali fixe ou lixiviel, & ordinairement des sels neutres. Le tartre vitriolé & le sel marin sont les seuls que l’on ait observés jusqu’à présent.

Les sels fixes des cendres animales ne sont point encore, malgré l’autorité de plusieurs Chimistes respectables, des êtres dont l’existence soit généralement admise en Chimie. Ces sels, s’ils existoient, seroient sans doute fort analogues à ceux qu’on a tant cherchés dans la chaux ; ou, pour mieux dire, seroient de vrais sels de chaux, sur lesquels il s’en faut bien qu’on ait jusqu’à présent des notions assez claires.

Les cendres, tant les végétales que les animales, contiennent assez généralement du fer. M. Geoffroi a proposé dans les Mém. de l’acad. royale des Sc. en 1705. le problème suivant : trouver des cendres qui ne contiennent aucunes parcelles de fer ; ce n’est que des cendres végétales dont il parle. Ce problème n’a pas encore été résolu, que je sache ; plusieurs Chimistes illustres, entr’autres M. Henckel, & M. Lemery le fils, ont confirmé, au contraire, le sentiment qui en suppose dans tous les végétaux. Le bleu de Prusse, qu’on peut retirer de presque toutes les cendres, que les soudes sur-tout fournissent ordinairement en très grande abondance, est un signe certain de la présence de ce métal, du fer dans les cendres.

La cendre ne differe du charbon que par le phlogistique qui lie les parties de ce dernier, au lieu du gluten dont nous avons parlé plus haut. Voyez Charbon. Les cendres paroissent avoir toûjours passé par l’état de charbon, ensorte que tout composé qui ne donnera que peu ou point de charbon dans les vaisseaux fermés, comme la résine pure, ne donnera que peu ou point de cendres par l’ustion à l’air libre.

La cendre ou la terre qui reste de la destruction des végétaux & des animaux, est une portion peu consi-