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trois cents brasses de profondeur depuis la surface de la terre ; la grotte paroît avoir 40 brasses de hauteur sur 50 de large ; elle est remplie de belles & grandes stalactites de différentes formes, tant au-dessus de la voute, que sur le terrein d’en bas. Voyez le Voyage du Levant, pag. 188. & suiv.

Dans la partie de la Grece appellée Livadie, (Achaia des anciens) il y a une grande caverne dans une montagne qui étoit autrefois fort fameuse par les oracles de Trophonius, entre le lac de Livadie & la mer voisine, qui, dans l’endroit le plus près, en est à quatre milles : il y a 40 passages soûterreins à travers le rocher, sous une haute montagne par où les eaux du lac s’écoulent. Voyez Géographie de Gordon, édit. de Londres 1733. page 179.

Dans tous les volcans, dans tous les pays qui produisent du soufre, dans toutes les contrées qui sont sujettes aux tremblemens de terre, il y a des cavernes. Le terrein de la plûpart des îles de l’Archipel est caverneux presque par-tout ; celui des îles de l’Océan Indien, principalement celui des îles Moluques, ne paroît être soûtenu que sur des voutes & des concavités ; celui des îles Açores, celui des îles Canaries, celui des îles du cap Verd, & en général le terrein de presque toutes les petites îles, est à l’intérieur creux & caverneux en plusieurs endroits ; parce que ces îles ne sont, comme nous l’avons dit, que des pointes de montagnes où il s’est fait des éboulemens considérables, soit par l’action des volcans, soit par celle des eaux, des gelées, & des autres injures de l’air. Dans les Cordelieres au Pérou, où il y a plusieurs volcans, & où les tremblemens de terre sont fréquens, il y a aussi un grand nombre de cavernes, de même que dans le volcan de l’île de Banda, dans le mont Ararat, qui est un ancien volcan, &c.

Le fameux labyrinthe de l’île de Candie n’est pas l’ouvrage de la nature toute seule. M. de Tournefort assûre que les hommes y ont beaucoup travaillé, & on doit croire que cette caverne n’est pas la seule que les hommes ayent augmentée ; ils en forment tous les jours de nouvelles, en fouillant les mines & les carrieres ; & lorsqu’elles sont abandonnées pendant un très-long espace de tems, il n’est pas fort aisé de reconnoître si ces excavations ont été produites par la nature, ou faites de la main des hommes. On connoît des carrieres qui sont d’une étendue très-considérable : celle de Mastricht, par exemple, où l’on dit que 50000 personnes peuvent se réfugier, & qui est soûtenue par plus de 1000 piliers, qui ont 20 ou 24 piés de hauteur ; l’épaisseur de terre & de rocher qui est au-dessus, est de plus de 25 brasses : il y a dans plusieurs endroits de cette carriere de l’eau & de petits étangs, où on peut abreuver du bétail, &c. V. Tr. Phil. abr. vol. II. page 463. Les mines de sel de Pologne forment des excavations encore plus grandes que celle-ci. Il y a ordinairement de vastes carrieres auprès de toutes les grandes villes : mais nous n’en parlerons pas ici en détail ; d’ailleurs les ouvrages des hommes, quelque grands qu’ils puissent être, ne tiendront jamais qu’une bien petite place dans l’histoire de la Nature.

Les volcans & les eaux qui produisent des cavernes dans l’intérieur, forment aussi à l’extérieur des fentes, des précipices & des abysmes. A Cajétan en Italie, il y a une montagne qui autrefois a été séparée par un tremblement de terre, de façon qu’il semble que la division en a été faite par la main des hommes. Les eaux produisent, aussi-bien que les feux soûterreins, des affaissemens de terre considérables, des éboulemens, des chûtes de rochers, des renversemens de montagnes dont nous pouvons donner plusieurs exemples.

« Au mois de Juin 1714, une partie de la montagne de Diableret, en Valais, tomba subitement

& tout-à-la-fois entre deux & trois heures après midi, le ciel étant fort serein ; elle étoit de figure conique ; elle renversa cinquante-cinq cabanes de paysans, écrasa quinze personnes, & plus de cent bœufs & vaches, & beaucoup plus de menu bétail, & couvrit de ses débris une bonne lieue quarrée ; il y eut une profonde obscurité causée par la poussiere ; les tas de pierres amassées en bas sont hauts de plus de trente perches, qui sont apparemment des perches du Rhin, de dix pieds ; ces amas ont arrêté des eaux qui forment de nouveaux lacs fort profonds. Il n’y a dans tout cela aucun vestige de matiere bitumineuse, ni de soufre, ni de chaux cuite, ni par conséquent de feu soûterrein : apparemment la base de ce grand rocher s’étoit pourrie d’elle-même & réduite en poussiere ». Hist. de l’Acad. des Scienc. pag 4. ann. 1715.

On a vû un exemple remarquable de ces affaissemens dans la province de Kent, auprès de Folkstone : les collines des environs ont baissé de distance en distance par un mouvement insensible & sans aucun tremblement de terre. Ces collines sont à l’intérieur de rochers de pierre & de craie ; par cet affaissement elles ont jetté dans la mer des rochers & des terres qui en étoient voisines : on peut voir la relation de ce fait dans les Transactions philosophiques, abreg. vol. IV. pag. 259.

En 1618, la ville de Pleurs, en Valteline, fut enterrée sous les rochers au pié desquels elle étoit située. En 1678, il y eut une grande inondation en Gascogne, causée par l’affaissement de quelques morceaux de montagnes dans les Pyrenées, qui firent sortir les eaux qui étoient contenues dans les cavernes soûterraines de ces montagnes. En 1680, il en arriva encore une plus grande en Irlande, qui avoit aussi pour cause l’affaissement d’une montagne dans des cavernes remplies d’eau. On peut concevoir aisément la cause de tous ces effets ; on sait qu’il y a des eaux soûterreines en une infinité d’endroits ; ces eaux entraînent peu à peu les sables & les terres à travers lesquels elles passent, & par conséquent elles peuvent détruire peu à peu la couche de terre sur laquelle porte cette montagne ; & cette couche de terre qui lui sert de base venant à manquer plûtôt d’un côté que de l’autre, il faut que la montagne se renverse : ou si cette base manque à peu près également par-tout, la montagne s’affaisse sans se renverser. Cet article appartient tout entier à M. de Buffon, Histoire naturelle, tome I. page 544, &c.

CAVERNEUX (corps) terme d’Anatomie, qui signifie la même chose que corps nerveux & corps spongieux, sont deux corps plus ou moins longs & gros, dont la partie la plus considérable de la verge est composée. Voyez Planche Anat. Splanch. fig. 8. lett. aa, bb & tt.

Leur substance interne est rare & spongieuse ; & lorsqu’elle vient à s’emplir de sang & d’esprits, elle s’enfle & se dilate, & c’est ce qui fait la tension ou érection de la verge. Voyez Érection.

Ils sont attachés à la branche des os pubis, & à celle des os ischion ; ils vont en augmentant de grosseur jusqu’à ce qu’ils rencontrent le corps caverneux de l’urethre, où ils se joignent en un, & sont retenus par le moyen de la cloison composée de leurs tuniques externes, & recouverts à l’extrémité par le gland. Voyez Gland.

Le corps caverneux de l’urethre est un troisieme corps spongieux de la verge, ainsi appellé parce qu’il enferme l’urethre, c’est-à-dire, le canal qui sert au passage de l’urine.

Sa figure, contraire de celle des deux corps caverneux, a plus de grosseur aux extrémités, & moins au milieu ; sa partie supérieure est au périnée, & s’appelle bulbe à cause de sa figure. Sa membrane ex-