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chandises dont le vaisseau est chargé composent la cargaison. On entend aussi quelquefois par ce mot la facture des marchandises qui sont chargées dans un vaisseau marchand.

Quelques-uns se servent du mot de cargaison, pour signifier l’action de charger, ou le tems propre à charger certaines marchandises, en ce dernier sens on dit ce mois est le tems de la cargaison des vins, des huiles, &c.

CARGUE, CARGUES, s. f. (Marine.) On appelle ainsi toute sorte de manœuvre qui sert à faire approcher les voiles près des vergues, pour les trousser & les relever, soit qu’on ait dessein de les laisser en cet état ou de les serrer.

Les cargues sont distinguées en cargues-point, en cargues-fond, & en cargues-bouline.

Il faut remarquer que quoiqu’on dise une cargue au féminin, ce mot devient masculin lorsqu’il est joint avec un autre : on dit le cargue-point, le cargue-bouline, &c.

Cargues d’artimon ; quand on parle de ces sortes de cargues, on dit les cargues du vent, & les cargues dessous le vent ; les unes sont du côté d’où le vent vient, & les autres du côté opposé.

Mettre les basses voiles sur les cargues, mettre les huniers sur les cargues, cela se dit lorsqu’on se sert des cargues pour trousser les voiles par en-bas.

Cargue à vûe, c’est une petite manœuvre passée dans une poulie sous la grande hune, & qui est frappée à la ralingue de la voile, pour la lever lorsqu’on veut voir par-dessous : cette manœuvre n’est pas ordinairement d’usage.

Presque toutes les voiles ont des cargues : en voici le détail & le renvoi à la figure, pour en donner une plus parfaite intelligence.

Cargues de la grande voile, Planche I. n° 33.

Cargues du grand hunier, n°. 79.

Cargues du grand perroquet, n°. 81.

Cargues d’artimon, n°. 32.

Cargues du perroquet de foule, n°. 78.

Cargues de misene, n°. 34.

Cargues du petit hunier, n°. 80.

Cargues du perroquet de misene, n°. 82.

Cargues de la civadiere, n°. 35.

Cargues du perroquet de beaupré, n°. 83.

Cargues-point ou tailles de point ; ce sont des cordes, qui étant amarrées aux angles ou points du bas de la voile, servent pour la trousser vers la vergue, ensorte qu’il n’y a que le fond de la voile qui reçoive le vent.

Cargues-bouline, contrefanons ; ce sont des cordes qui sont attachées ou amarrées au milieu des côtés de la voile vers les pattes de la bouline, & servent à trousser les côtés de la voile.

Voyez Planche I. les cargues-boulines de la grande voile, cottés 51.

Cargues-fond ou tailles de fond ; ce sont des cordes amarrées au milieu du bas de la voile, & c’est par le moyen de ces cordes qu’on en releve ou trousse le fond. Voyez Planche I. Cargues-fond ou tailles de fond de la grande voile, n°. 53. Cargues-fond de la voile de misene, n°. 54. Cargues-fond de la civadiere, n°. 55. (Z)

Cargue-bas. Voyez Cale-bas.

Cargues de hune. Voyez Retraites de hune.

CARGUER. Carguer la voile, bourcer la voile, c’est la trousser & l’accourcir par le moyen des cargues qui la levent en-haut, & qui l’approchent de la vergue jusqu’à mi-mât ou jusqu’au tiers du mât, plus ou moins, selon qu’on veut porter plus ou moins de voile, ayant égard à la force du vent & à la diligence qu’on veut faire. Trousser la voile entierement, c’est la ferler ou la mettre en fagot, & quand elle n’est ni ferlée ni carguée, cela s’appelle mettre la voile au vent ou la mettre dehors.

Carguer signifie aussi pancher sur le côté en naviguant.

Carguer l’artimon, carguer à stribord, carguer de l’arriere, carguer de l’avant ; termes de commandement. Voyez Cargue.

CARGUEUR, sub. m. (Marine.) c’est une poulie qui sert particulierement pour amener & guinder le perroquet : on la met tantôt au tenon du perroquet, & tantôt à son chouquet ou à ses barres. (Z)

CARHAIX, (Géog.) petite ville de France, en basse Bretagne, fameuse par la bonté des perdrix qui s’y trouvent.

CARIATI, (Géog.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, avec titre de principauté. Long. 34. 50. lat. 39. 38.

CARIBANE, (Géog.) province maritime de l’Amérique méridionale, qui s’étend depuis l’embouchure de la riviere d’Orenoque jusqu’à celle de l’Amazone.

CARIBES (les), Géog. peuples sauvages de l’Amérique méridionale, aux confins des terres des Caripous, ils vont tout nuds, & se peignent le corps en noir.

CARIBOU, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) espece de cerf de l’Amérique : il est très-léger, & il court sur la neige presqu’aussi vîte que sur la terre. Cette facilité lui vient de la conformation de ses piés, qui n’enfoncent pas aisément dans la neige, parce que la corne de ses piés est fort large & garnie d’un poil rude dans les intervalles, de sorte qu’elle lui tient lieu des raquettes des Sauvages. Lorsqu’il habite le fort des bois, il se fait des routes dans la neige, & il y est attaque par le carcajou. Voyez Carcajou. (I)

CARICATURE, s. f. (Peinture.) Oe mot est francisé, de l’Italien caricatura ; & c’est ce qu’on appelle autrement charge. Il s’applique principalement aux figures grotesques & extrêmement disproportionnées soit dans le tout, soit dans les parties qu’un Peintre, un Sculpteur ou un Graveur fait exprès pour s’amuser, & pour faire rire. Calot a excellé dans ce genre. Mais il en est du burlesque en Peinture comme en Poësie ; c’est une espece de libertinage d’imagination qu’il ne faut se permettre tout au plus que par délassement. (O)

CARIE, s. f. terme de Chirurgie, solution de continuité dans un os, accompagnée de perte de substance, laquelle est occasionnée par une humeur acre & & rougeâtre. Voyez Os.

La carie est une sorte de corruption ou putréfaction particuliere aux parties dures ou osseuses du corps, qui y produit le même effet que la gangrene ou la mortification sur les parties molles ou charnues ; ou qui, comme s’expriment d’autres auteurs, y fait ce que font aux parties molles l’abcès ou l’ulcere. Voyez Gangrene, Mortification, Abcès, Ulcere.

La carie provient de l’affluence continuelle d’humeurs vicieuses sur l’os, ou de l’acrimonie de ces humeurs, de fracture, de contusion, de luxation, d’ulcere, de mal vénerien, de médicamens corrosifs, de ce que l’os est resté long-tems à nud & dépoüillé de chair, exposé à l’air extérieur, &c.

Les remedes usités dans la carie sont les teintures d’Euphorbe, de myrrhe, & d’aloès, ou les mêmes substances en poudre, avec une addition d’iris, d’aristoloche d’une ou d’autre sorte, de gentiane, &c. & singulierement la poudre de diapenté. Après qu’on a fait usage de la teinture, on met sur l’os un plumasseau saupoudré des mêmes substances pulvérisées. On applique aussi fort souvent, avec succès, sur l’os carié, le cautere actuel, qu’on passe à travers une cannule, pour ne point endommager les parties voisines. Voyez Cautere.

Les Anatomistes en disséquant des corps, trouvent souvent des os cariés, singulierement ceux des mâchoires, des jambes, &c. quoique pendant que les personnes étoient vivantes on ne soupçonnât rien de