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obligé de déterminer ainsi la coudée dont il parle, parce qu’au-delà de l’Euphrate où il étoit alors, les mesures étoient moins grandes qu’en Palestine. La coudée Hébraïque avoit vingt-quatre doigts ou six palmes, ou environ vingt pouces & demi, en prenant le pouce à douze lignes ; ce qui donne à la canne ou calamus cent vingt-trois pouces ou dix piés trois pouces de notre mesure. Voy. Roseau d’Ezechiel. Dict. de la Bibl. (G)

Canne, mesure Romaine, composée de dix palmes, qui font six piés onze pouces de roi.

Canne, mesure de longueur, dont on se sert beaucoup en Italie, en Espagne, & dans les provinces méridionales de la France, & qui est plus ou moins longue en différens endroits.

À Naples la canne vaut sept piés trois pouces & demi Anglois, ce qui fait une aune & quinze dix-septiemes d’aune de Paris ; ainsi 17 cannes de Naples font 32 aunes de Paris. La canne de Toulouse & de tout le haut Languedoc est semblable à la varre d’Arragon, & contient 7 piés 8 pouces Anglois. À Montpellier, en Provence, en Dauphiné, & en bas Languedoc elle contient 6 piés 5 pouces & demi Anglois. Voyez Mesure, Pied.

La canne de Toulouse contient cinq piés cinq pouces six lignes de notre mesure, qui font une aune & demie de Paris ; ainsi deux cannes de Toulouse font trois aunes de Paris.

Celle de Montpellier & du bas-Languedoc a six piés neuf lignes de longueur, & fait une aune deux tiers de Paris ; ainsi trois de ces cannes font cinq aunes de Paris.

L’usage de la canne a été défendu en Languedoc & en Dauphiné par arrêt du conseil du 24 Juin & 27 Octobre 1687, suivant lesquels on ne peut se servir dans ces provinces, pour l’achat & vente des étoffes, que de l’aune de Paris au lieu de canne.

Canne se dit aussi de la chose qui a été mesurée avec la canne : une canne de drap, une canne de toile, comme nous disons une aune de drap. (G)

Canne, s. f. (Manufactures en soie.) grandes baguettes de roseau ou de noyer, qu’on passe dans les envergures des chaînes, soit pour remettre soit pour tordre les pieces. Voyez Remettre & Tordre

* Canne, (Verrerie en bouteilles.) instrument de fer, d’environ quatre piés huit pouces de long, en forme de canne, percé dans toute sa longueur d’un trou d’environ deux lignes de diametre, dont on se sert pour souffler les bouteilles & autres ouvrages. Voyez Verrerie.

Canne, (Géog.) petite riviere d’Italie, au royaume de Naples, dans la province de Bari.

Canneberge, sub. f. oxycoccus, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le calice devient dans la suite un fruit ou une baie presque ronde, qui est divisée en quatre loges, & qui renferme des semences arrondies. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

CANNELLE, s. f. en terme d’Épinglier Aiguilletier, se dit d’une espece de couteau, dont la lame est dentelée comme une scie. Elle sert à faire une petite rainure sur un morceau de bois, dans laquelle on tient l’aiguille avec des tenailles pour l’y ébaucher. Voyez Ébaucher. Cette petite fente s’appelle aussi cannelle. Voyez Aiguille, & la Planche de l’Aiguilletier, fig. 2.

Cannelle, terme d’Aiguilletier ; c’est ainsi qu’on appelle une petite cannelure, qui se voit de chaque côté de la tête des aiguilles à coudre ou à tapisserie. On l’appelle aussi la railette de l’aiguille. V. Aiguille.

Cannelle, (Boutonier.) c’est un morceau de bois percé en rond par le milieu, qui se met dans le trou de la jatte, pour empêcher que l’ouvrage ne s’en-

dommage en frottant contre ses bords assez mal polis.

Il y a des cannelles qui ont leur trou quarré, pour recevoir des tresses quarrées. Voyez Tresse. Les unes & les autres sont terminées par un bourlet, qui surpassant le trou de la jatte, les empêche de tomber au-travers. Voyez Jatte.

Cannelle, terme de Tonnelier & de Marchands de vin, qui signifie un petit tuyau ou fontaine de cuivre, qu’on enfonce dans le trou d’un muid qu’on a mis en perce, afin d’en tirer le vin.

* CANNELÉ, adj. (Arts méchan.) On donne ce nom à tout corps, pierre, bois ou métal, auquel on remarque des cavités longitudinales & semi circulaires ou à peu-près, soit que ces cavités ayent été pratiquées par la nature, soit qu’elles ayent été faites par art ; ainsi on dit d’un canon de fusil, qu’il est cannelé, & de la tige d’une plante qu’elle est cannelée. De toutes les occasions dans lesquelles la nature forme des cannelures aux corps, il n’y en a peut-être pas une où la Physique soit en état de rendre raison de ce phénomene. L’art a plusieurs moyens différens de canneler : on cannele au rabot ; on cannele au ciseau ; on canncle à la fonte ; on cannele à l’argue. Voyez Argue, Rabot, Ciseau, Fonderie, &c.

Cannelé, en Anatomie, les corps cannelés, quelquefois corps striés, sont deux éminences qui se trouvent à la partie antérieure des ventricules du cerveau, qui sont formées par l’entrelacement de la substance médullaire, & de la substance cendrée, ce qui fait paroitre, lorsqu’on les racle avec un scalpel, des lignes blanches & des lignes cendrées alternativement disposées, & que l’on a regardé comme des cannelures. (L)

Cannelé, étoffe de soie ; le cannelé est un tissu de soie comme le gros de tour & le taffetas, à l’exception qu’on laisse oisive une des deux chaînes nécessaires pour former le corps de l’étoffe, du côté de l’endroit pendant deux, trois, ou quatre coups. Il est composé de deux chaînes & de la trame, dont on proportionne le nombre des bouts à la qualité qu’on veut qu’il ait. Voyez Étoffe de soie.

Il se fait des cannelés unis & des cannelés brodés soie & dorure ; ils sont tous ordinairement de .

Lorsque la chaîne qui forme le cannelé a cessé de travailler trois, quatre, ou cinq coups plus ou moins, on la fait toute lever pour arrêter cette même soie, & former le grain du cannelé.

Cannelé, en termes de Blason, se dit de l’engrelure, dont les pointes sont en-dedans & le dos en-dehors, de même que les cannelures des colonnes en Architecture. (V)

CANNELER, verb. act. terme d’Architecture ; c’est tracer ou former des cannelures. Voyez Cannelé & Cannelures.

Canneler, (Architecture.) c’est, dans le fût d’une colonne, d’un pilastre, ou bien dans les gaînes, thermes, & consoles, creuser des canaux formés ou d’un demi-cercle ou de l’arc, dont le côté du triangle équilatéral seroit la corde. Voyez Cannelures.

Cannelures, termes d’Architecture ; ce sont des canaux ou des cavités longitudinales formés ou taillés tout le long du fût d’une colonne, ou d’un pilastre, ou de tout autre objet. Vitruve croit qu’elles ont été introduites aux colonnes, à l’imitation des plis des vêtemens des anciennes dames Greques ; aussi les nomme-t-il striures du latin striges, les plis d’une robe. Cette étymologie peut avoir quelque sorte de vraissemblance, presque toutes les figures antiques étant revêtues de draperies perpendiculaires, lesquelles forment des ondulations concaves, qui ressemblent assez aux cannelures dont on parle ici. Les Anglois les appellent flûtes, parce qu’elles ont quelque ressemblance à l’instrument de musique qui porte ce nom.