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Canard de Moscovie, voyez Canard de Barbarie.

Canard d’Inde, voyez Canard de Barbarie.

Dans les lieux de grand passage on fait au milieu des prairies & des roseaux, loin de tous arbres & haies, des canardieres ou grandes marres, où l’on met quelques canards privés qui appellent les passans, & un homme caché dans une hute les tire au fusil. On les prend aussi aux piéges, soit collets ou autres : l’heure la plus favorable pour les tirer est de grand matin, à mesure qu’ils partent. On les prend encore avec des nappes ou à l’appât, ou bien au trictrac avec des panneaux, & à la glu le long des marres d’eau où ils se reposent.

Pour le vol du canard il faut se servir des autours qui font leur coup à la toise, c’est-à-dire tout d’une haleine, d’un seul trait d’aile, & sont toûjours plus vîtes à partir du poing que les autres. Quand on est arrivé sur le lieu, & qu’on a observé où sont les canards, on prend les devants le long du fossé avec l’autour sur le poing ; on le présente vis-à-vis les canards, qui prennent l’épouvante & se levent : mais l’autour part aussi-tôt du poing, vole à eux, & en empiete toûjours quelqu’un.

Dans la saison où les canards sauvages font leurs canetons, on suit les bords des étangs & des rivieres avec un filet attaché à la queue d’une barque ; on bat tous les endroits couverts & marécageux, les canetons effrayés sortent & se jettent dans les filets ; on les prend, on leur brûle les bouts des ailes, & on les mêle avec les canetons domestiques.

Canards, ou bois perdus ; voyez Bois.

CANARI, s. m. oiseau ainsi appellé des îles Canaries d’où on nous l’a apporté. Voyez Serin. (I)

CANARIE (la grandé), Géog. île de l’Océan, proche de l’Afrique, l’une des Fortunêes : elle a environ quarante lieues de circuit ; sa capitale est,

Canarie ou Ciutad de Palmas, ville forte. Long. 2. 15. lat. 28. 4.

CANARIES (les iles), Géog. îles de l’Océan, ainsi nommées de la plus grande : elles étoient connues des anciens sous le nom d’îles Fortunées. On en compte sept, qui sont celle de Palme, de Fer, Gomero, Ténériffe, la grande Canarie, Fuerteventura, & Lancerote : on pourroit encore y en ajoûter quelques autres moins considérables. Elles sont très fertiles, & produisent des vins délicieux. Les Espagnols en sont les maîtres. L. 0-5. 30. lat. 27. 30-29. 45.

Canarie, subst. f. espece d’ancienne danse, que quelques-uns croyent venir des îles Canaries, & qui selon d’autres vient d’un balet ou d’une mascarade, dont les danseurs étoient habillés en Sauvages. Dans cette danse on s’approche & on s’éloigne les uns des autres, en faisant plusieurs passages bisarres, à la maniere des Sauvages.

La canarie, en Musique, est une espece de gigue. Voyez l’article Gigue, & le prologue de l’Europe galante.

CANASSE, sub. f. (Commerce.) on nomme ainsi à Amsterdam des especes de grandes caisses, qui sont quelquefois d’étain, dans lesquelles les vaisseaux de la compagnie apportent les différens thés de la Chine & des Indes orientales. Dans la vente de cette marchandise, on donne ordinairement seize livres de tare par canasse. Voyez Tare. (G)

* CANATHOS, (Myth.) fontaine de Nauplia, où Junon alloit, dit-on, se baigner une fois tous les ans, pour recouvrer sa divinité ; fable fondée sur quelque particularité des mysteres secrets qu’on y célebroit en l’honneur de la déesse.

CANCALE, (Géog.) ville de France, dans la haute Bretagne, sur le bord de la mer. Long. 15d. 48′. 25″. lat. 48d. 40′. 40″.

* CANCAMUM, (Hist. nat.) gomme rare, qui paroît plûtôt un assemblage de plusieurs gommes :

on y distingue quatre substances différentes, qui ont chacune leur couleur séparée. La premiere ressemble au succin ; elle se fond au feu, & a l’odeur de la gomme laque. La seconde est noire, se fond au feu comme la premiere, mais rend une odeur plus douce. La troisieme est semblable à de la corne, & n’a point d’odeur. La quatrieme est blanche, & c’est la gomme animé. On dit que ces gommes découlent d’un arbre qui croît en Afrique, au Bresil, & dans l’île de S. Christophe, & qui a quelque ressemblance avec celui qui donne la myrrhe.

CANCE, (Géog.) riviere de France, dans le Vivarais, qui se jette dans le Rhône.

CANCELLARIUS, sub. m. (Hist. anc.) mot que quelques auteurs ont rendu en François par chancelier. C’étoit chez les Romains un officier subalterne, qui se tenoit dans un lieu fermé de grilles & de barreaux, cancelli, pour copier les sentences des juges & les autres actes judiciaires, à peu près comme nos greffiers ou commis du greffe. Ils étoient payés par rôles d’écritures, ainsi qu’il paroît par le fragment d’une loi des Lombards, cité par Saumaise. Il falloit que cet officier fût très-peu de chose, puisque Vopiscus rapporte que Numerien fit une élection honteuse, en confiant à un de ces greffiers le gouvernement de Rome. M. du Cange prétend que ce mot vient de la Palestine, où les toits étoient plats & faits en terrasse, avec des barricades ou balustrades grillées nommées cancelli ; que ceux qui montoient sur ces toits pour réciter quelque harangue s’appelloient cancellarii ; qu’on a depuis étendu ce titre à ceux qui plaidoient dans le barreau, nommés cancellarii forenses. Ménage a tiré du même mot l’étymologie de chancelier, cancellarius, à cancellis ; parce que, selon lui, quand l’empereur rendoit la justice, le chancelier étoit à la porte de la clôture ou des grilles qui séparoient le prince d’avec le peuple. (G)

CANCELLATION, s. f. (Commerce.) terme en usage à Bordeaux, dans le bureau du courtage & de la foraine.

Il signifie la décharge que le commis donne aux marchands, de la soûmission qu’ils ont faite de payer le quadruple des droits, faute de rapporter dans un tems limité un certificat de l’arrivée de leurs marchandises dans les lieux de leur destination. (G)

Sur l’étymologie du mot cancellation, voyez l’article suivant.

CANCELLER, v. act. en Droit, signifie barrer ou biffer une obligation ou autre acte.

Ce mot vient du Latin cancellare, croiser, traverser, fait de cancelli, qui signifie des barreaux ou un treillis ; parce qu’en effet en biffant un acte par des raies tirées en differens sens, on forme une espece de treillis. (H)

CANCELLI, subst. m. plur. (Hist. anc.) petites chapelles érigées par les anciens Gaulois aux déesses meres, qui présidoient à la campagne & aux fruits de la terre. Ces peuples y portoient leurs offrandes avec de petites bougies, & après avoir prononcé quelques paroles mystérieuses sur du pain ou sur quelques herbes, ils les cachoient dans un chemin creux ou dans le tronc d’un arbre, & croyoient par-là garantir leurs troupeaux de la contagion, & de la mort même. Cette pratique, ainsi que plusieurs superstitions dont elle étoit accompagnée, fut défendue par les capitulaires de nos rois & par les évêques. Mém. de l’Acad. tom. VII. (G)

CANCER, s. m. terme de Chirurgie, est une tumeur dure, inégale, raboteuse, & de couleur cendrée ou livide, environnée tout au-tour de plusieurs veines distendues & gonflées d’un sang noir & limoneux, située à quelque partie glanduleuse ; ainsi appellée, à ce que quelques-uns prétendent, parce qu’elle est à peu près de la figure d’une écrevisse, ou, à ce que disent d’autres, parce que semblable à l’écrevisse elle