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tes ; cependant toutes les différences dont on vient de parler, ne semblent qu’accidentelles, & peuvent venir de diverses préparations d’un seul & même fruit.

En effet, suivant l’observation de M. de Jussieu, la différence des couleurs de l’intérieur & de l’extérieur des masses, peut ne dépendre que du plus ou du moins de cuisson du suc extrait, qui ayant été exposé au feu & au soleil pour être désseché, a reçu à l’extérieur plus d’impression de feu qu’à l’intérieur.

Il ne faut d’ailleurs qu’un peu d’expérience sur les différens effets qu’est capable de produire le plus ou le moins de maturité dans les fruits & les semences dont on extrait ces sucs, pour juger de la cause de cette diversité de couleur dans les différentes masses de cachou qui nous sont apportées des Indes.

Le plus ou le moins de sécheresse de l’arec peut aussi contribuer à rendre ces morceaux de cachou plus ou moins terreux, & à les faire paroître plus ou moins résineux ; puisqu’il est impossible qu’à proportion de l’un de ces deux états dans lequel cette semence aura été employée, il n’y ait plus ou moins de fécules, dont la quantité le rendra plus terrestre & plus friable ; il sera au contraire plus compact, plus pesant, moins cassant, & paroîtra plus résineux, plus il y aura d’extrait gommeux.

Le sable, les petites pierres, & corps étrangers qu’on trouve dans quelques morceaux & non dans d’autres, sont l’effet de la malpropreté & du manque de soin dans la préparation.

Enfin la couleur & la saveur de l’arec, qui se rencontrent dans l’un & l’autre cachou, paroissent indiquer qu’ils ne tirent leur origine que de ce seul & même fruit, & que tous les autres accidens qu’on a détaillés ne dépendent que de la préparation.

Cependant je n’oserois nier qu’il n’y ait d’autre cachou dans le monde que celui qu’on retire de l’arec ; il n’est pas même vraissemblable que ce seul fruit puisse suffire à la quantité prodigieuse qu’on débite de cette drogue aux Indes ; & il est à présumer que leur extrait kaath est un suc tiré non-seulement du fruit de l’arec, mais de beaucoup d’autres fruits ou plantes, dont on tire par l’ébullition un suc qui lui est analogue.

Le cachou n’est point le lycium Indien des Grecs. Il ne me reste plus qu’à examiner si le cachou est la même chose que le lycium Indien de Dioscoride ; on a grand sujet d’en douter.

L’illustre medecin d’Anazarbe, Galien, & Pline, ont fait mention de deux sortes de lycium ; savoir, de celui de Cappadoce, & de celui des Indes. Le premier étoit un suc tiré d’un certain arbre épineux, dont les branches ont trois coudées de long, & même plus ; son écorce est pâle ; ses feuilles sont semblables à celles du bouis ; elles sont touffues : son fruit est noir comme le poivre, luisant, amer, compact ; ses racines sont nombreuses, obliques, & ligneuses. Cet arbre croît dans la Cappadoce, la Lycie, & plusieurs autres endroits. Les Grecs l’appelloient λύκιον & πυξάκανθα

On préparoit le lycium, ou cet extrait, avec les rameaux & les racines que l’on piloit : on les macéroit ensuite pendant plusieurs jours dans l’eau, & enfin on les faisoit bouillir. Alors on rejettoit le bois ; on faisoit bouillir de nouveau la liqueur jusqu’à la consistance de miel.

On en faisoit de petites masses noires en-dehors, rousses en-dedans lorsqu’on venoit de les rompre, mais qui se noircissoient bientôt ; d’une odeur qui n’étoit point du-tout puante ; d’un goût astringent avec un peu d’amertume. On avoit aussi coûtume de faire un lycium, que l’on exprimoit & que l’on faisoit sécher.

L’autre lycium, ou celui des Indes, étoit de couleur de safran ; il étoit plus excellent & plus efficace que le précédent. On dit, ajoûte Dioscoride, que l’on fait ce lycium d’un arbrisseau qui s’appelle lonchitis.

Il est aussi du genre des arbres à épines ; ses branches sont droites ; elles ont trois coudées, ou même plus ; elles sortent en grand nombre de la racine, & sont plus grosses que celles de l’églantier : l’écorce devient rousse après qu’on l’a brisée ; les feuilles paroissent semblables à celles de l’olivier.

Ces descriptions ne conviennent point du-tout avec celles que Garcias & Bontius font du caté, ou avec celle que Herbert de Jager fait de l’acacia Indien, ni avec celle que nous avons donnée du palmier areca ; d’où nous pouvons conclurre avec Clusius & Veslingius, que nous n’avons pas le lycium Indien des Grecs. On ne trouve plus dans les boutiques le lycium de Cappadoce.

Auteurs sur le cachou. J’ai lû sur le cachou quantité de relations de voyageurs, qui m’ont paru la plûpart infideles ; le Traité d’Hagendorn, imprimé en Latin à Genes en 1679, in 8°, qui est une fort médiocre compilation ; plusieurs Dissertations d’Allemagne, qui n’ont rien de remarquable ; les Ephémerides des curieux de la nature, qui ont du bon & du mauvais ; un Mémoire de M. Bouldue, dans le recueil de l’Académie des Sciences, qui ne renferme rien de particulier ; un autre de M. de Jussieu, qui est intéressant ; l’article qu’en a donné M. Geoffroi dans sa Matiere médicale, qui est excellent, & dont j’ai fait le plus d’usage. Enfin j’ai beaucoup travaillé ce sujet pour m’en instruire & pour en parler avec quelque connoissance. Article communiqué par M. le chevalier de Jaucourt.

* CACHRY, (Hist. nat. bot.) c’est la graine d’une plante que M. Ray appelle libanotis cachryophora ; elle est échauffante & dessiccative.

CACHUNDE, sub. m. (Pharmacie.) remede fort vanté dans la Chine & dans l’Inde, décrit dans Zacutus Lusitanus, dont cet auteur fait un si grand éloge, qu’il lui attribue les avantages de prolonger la vie & d’éloigner la mort ; enfin c’est selon lui un remede vraiment royal.

Ce remede est un opiat composé de médicamens aromatiques, de pierres prétieuses, & d’autres choses fort couteuses. Zacutus Lusitan. de Medic. princip. lib. I. obs. 37. (N)

CACHIMIA, s. f. (Chimie.) ce mot ne se trouve guere que dans Paracelse, qui s’en sert pour désigner des substances minérales qui ne sont point parvenues à perfection, ou ce qui n’est ni sel ni métal, mais qui participe cependant plus de la nature métallique que de toute autre. Les substances de ce genre sont les différentes especes de cobalt, le bismuth, le zinc, l’arsenic, &c. (—)

CACIQUE, subst. m. (Hist. mod.) nom que les peuples d’Amérique donnoient aux gouverneurs des provinces & aux généraux des troupes sous les anciens Yncas ou empereurs du Pérou. Les princes de l’île de Cuba, dans l’Amérique septentrionale, portoient le nom de caciques quand les Espagnols s’en rendirent maîtres. Depuis leurs conquêtes dans le nouveau monde, ce titre est éteint quant à l’autorité parmi les peuples qui leur obéissent : mais les Sauvages le donnent toûjours par honneur au plus nobles d’entr’eux ; & les chefs des Indiens qui ne sont pas encore soûmis aux Européens ont retenu ce nom de caciques. (G)

CACOCHYMIE, sub. f. (Medecine.) état dépravé des humeurs ; mot tiré du Grec κακὸς, mauvais, & de χυμὸς, suc.

Un corps devient sujet à la cacochymie par plusieurs causes : 1°. par l’usage habituel d’alimens qui ont peine à être digérés, soit par leur trop grande vis-