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quatre hautes lisses ne portant que les rames que l’on vient d’expliquer, n’ayant besoin que de quelques mailles sur les extrémités, doivent par conséquent laisser un grand vuide entr’elles, qui donne passage à la grande quantité de rames de figure qui vient aboutir sur les différens rouleaux, & à travers les différentes grilles du porte-rames de devant. Si l’on faisoit de l’ouvrage en plein, c’est-à-dire, qui ne représentât qu’un même fonds sans aucune figure, il n’y auroit pour lors besoin que des deux lisses AA, fig. 2. dont la seconde CC porteroit en BB, comme la premiere AA, un poids à chacune des quatre extrémités de leurs deux lisserons. Ce poids composé d’un ou de plusieurs fuseaux, serviroit à faire retomber la lisse qui baisse : mais la chaîne D est passée dans ces deux lisses en cette sorte ; le premier brin est passé dans les deux premieres mailles de la premiere lisse ; le second brin est passé dans les deux premieres mailles de la 2e lisse, & toûjours de même de l’une à l’autre ; par conséquent il y auroit toûjours une moitié de la chaîne qui leveroit par le moyen de la lisse dans laquelle cette moitié se trouve ainsi passée : or c’est à travers ces levées égales que la navette qui porte la trame est lancée ; ce coup de navette qui reçoit sur lui un coup de battant pendant que le pas est encore ouvert, est ce qu’on appelle duitt : (Voyez Duitte) ) ; ce pas est fermé par l’ouverture de l’autre, où la même chose se fait encore, & toûjours de même. Cette égalité de répartition de chaîne dont on vient de parler, est bien différente dans les ouvrages figurés ; car c’est de la quantité de chaîne plus ou moins considérable qui leve, que dépend la formation des différentes parties de dessein, comme on le voit fig. 4.a, qui fait la figure, est en-bas, pendant que b, qui fait le fond, leve. Ce pas ainsi ouvert va recevoir le coup de trame de la navette n, qui est de soie ; & à l’autre pas où a qui fait la figure sera levé, il recevra le coup de la navette N qui est chargée de deux brins de fil d’or ou d’argent. Mais pourquoi ces deux différentes navettes, l’une de soie & l’autre de filé ? Si lorsque le pas b est ouvert, où presque toute la chaîne est levée, on lançoit la navette N qui porte le filé, ce coup se trouveroit absorbé, & comme enseveli sous la grande quantité de soie qui le couvriroit ; & ce seroit presqu’autant de filé de perdu ; au lieu que lorsque le pas de figure sera ouvert, comme a qui fait la figure dans la figure 3. pendant que le fond B est en-bas, le coup de la navette N qui est de filé qui y va être lancé, se trouvera presque tout à découvert. On aura par ces diverses opérations le développé du dessein X : il y a une double nécessité de la seconde navette de soie ; car la soie qu’elle contient occupant bien moins d’espace que le filé, & étant toûjours placée entre deux coups de filé qui en occupent beaucoup plus qu’elle, la liaison du tout est plus aisée à se faire par les coups de battans : dans ce cas où deux navettes sont lancées comme ici l’une après l’autre, l’ouvrier reçoit l’une entre les doigts index & medius, & l’autre navette est reçûe entre ce même medius & l’annulaire, tantôt d’une main tantôt de l’autre : de même, comme il arrive quelquefois, s’il y en avoit trois qui allassent alternativement, il recevroit le troisieme entre l’annulaire & l’auriculaire : il n’en peut conduire davantage, n’ayant que ces trois ouvertures. Lorsqu’il y a plus de navettes, puisqu’il y en a quelquefois jusqu’à 25 ou 26, celles qui ne travaillent pas sont posées jusqu’à leur tour sur le carton. Voyez Carton.

On trouvera dans cet article beaucoup de choses qui auroient dû faire la matiere d’autant d’articles différens : mais comme on a l’estampe sous les yeux, on a cru devoir traiter sous un même point de vûe tout ce qu’elle renferme : par-là on évite aussi les re-

dites continuelles, presqu’inévitables en traitant une

matiere si étendue, & si sujette à la prolixité.

BRIDE, s. f. (Maréchal.) se dit en général & au propre de tout le harnois de tête du cheval harnaché, & en particulier du mors & des différentes parties qui l’accompagnent, dont voici le nom : l’embouchure, qui est soûtenue en sa place par la monture de la bride ; cette monture est de cuir & a plusieurs parties ; savoir, la têtiere, ou le dessus de tête, qui pose sur le sommet de la tête, derriere les oreilles ; les porte-mors ou les montans de la bride, qui sont deux cuirs qui passant dans les yeux du mors, le soûtiennent à sa place, chacun a une boucle pour pouvoir hausser ou baisser le mors ; le frontail, ou le cuir qui traverse le front au-dessus des yeux, & qui est attaché à la têtiere des deux côtés, il n’a point de boucles ; la sous-gorge, qui part de la têtiere, & dont on entoure la jonction de la ganache au cou, l’ayant attaché à une boucle du côté du montoir ; la muserole ou le cuir qui entoure le milieu de la tête du cheval, & se boucle du côté du montoir : enfin les rênes, qui sont deux cuirs, qui d’un bout se bouclent aux anneaux des tourets des branches, & de l’autre sont jointes & liées ensemble ; le mors ou fer qui entre dans la bouche du cheval ; la branche, la sous-barbe, qui est une piece de fer qui prend du fonceau au bas du coude de la branche, & ne sert qu’à attacher l’oreille du bas de la bossette aux branches coudées ; les bossettes qui ne servent que d’ornement, & seulement pour cacher le bouquet & le fonceau du mors ; enfin la gourmette, qui est composée de mailles de fer & de deux maillons destinés à entrer dans un crochet, lorsqu’on veut la mettre à sa place. Voyez Mors, Branche, Martingale, &c. Voyez la Pl. de l’Eperonnier.

La main de la bride, c’est la gauche ; voyez Main. Boiteux de la bride, voyez Boiteux. Secousse de la bride, voyez Saccade. Effet de la bride, c’est le degré de sensibilité que le mors cause aux barres du cheval par la main du cavalier. Boire la bride, voyez Boire. Donner quatre doigts de bride, voyez Donner. Mettre la bride sur le cou, voyez Mettre. Rendre la bride, voyez Rendre. Raccourcir la bride, est la même chose qu’accourcir ; voyez Accourcir. Bride en main, voyez Tenir. Bocher avec la bride, c’est une habitude que quelques chevaux prennent de joüer avec la bride, en secoüant les mors par un petit mouvement de tête, sur-tout lorsqu’ils sont arrêtés. Goûter la bride, se dit lorsque le cheval commence à s’accoûtumer aux impressions du mors.

Bride à abreuver ; on peut mettre à un poulain pour quelques jours la bride à abreuver sans rênes ; après quoi, lui mettre le mors. Il n’y a rien de si utile à la santé des chevaux, que de les tenir avec la bride à abreuver trois ou quatre heures avant que de les monter, & autant de tems après, jusqu’à ce qu’ils soient bien refroidis. Il leur est aussi très-utile de les tenir bridés deux ou trois heures avant & après leur avoir fait prendre quelque remede.

Bride : on donne ce nom au figuré à toute piece en général qui sert à retenir ou soûtenir. Ainsi dans une barre de godet, on appelle la bride de la barre la partie qui sert à soûtenir les côtés du godet ou de la gouttiere de plomb. On trouvera dans nos planches de Serrurerie, plusieurs figures de brides. Voyez l’explication de ces Planches.

Bride, (terme d’Arquebusier.) c’est un petit morceau de fer plat, échancré sur les bords, un peu plus grand que la noix, reployé en deux parties sur chaque bout, & percé d’un trou où l’on place des vis qui l’assujettissent en-dedans au corps de platine : le milieu de la bride est un peu plus large ; il est percé d’un trou qui reçoit le piveau menu de la noix, & la tient comme en équilibre. Cette bride sert pour soû-