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les maîtres & gardes & jurés quî sont chargés de la perception de ces deniers, dont ils rendent compte au sortir de leur charge.

Bourse se dit encore de l’argent ou bien de quelqu’un. Avoir la bourse, manier la bourse ; c’est faire la dépense. Mettre la main à la bourse, c’est dépenser. Faire une affaire sans bourse délier, c’est faire un troc de marchandises, un accommodement but à but, & sans être obligé de donner de l’argent de part ni d’autre. (G)

Bourse, (Hist. mod.) maniere de compter, ou espece de monnoie de compte fort usitée dans le Levant, singulierement à Constantinople. Voyez Monnoie de compte.

La bourse est une somme de cent vingt livres sterlins, ou de cinq cents écus. Ce terme vient de ce que le thresor du grand-seigneur est gardé dans le serrail dans des bourses de cuir, qui contiennent chacune cette somme.

Cette maniere de compter des Turcs leur vient des Grecs, qui l’avoient prise des Romains, dont les empereurs la firent passer à Constantinople ; comme il paroît par la lettre de Constantin à Cécilien, évêque de Carthage, citée par Eusebe & Nicéphore, où on lit ce qui suit : « Ayant résolu de donner quelques secours en argent aux ministres de la religion Catholique en Afrique, dans les provinces de Numidie & de Mauritanie ; j’ai écrit à Vesus, notre thresorier général en Afrique, & lui ai donné ordre de vous délivrer trois mille folles », c’est-à-dire bourses : car, comme le remarque M. de Fleury, ce que nous appellons bourse, les Latins l’appellent follis, par où ils entendent une somme de deux cents cinquante deniers d’argent, ce qui revient à cinq cents livres de notre monnoie.

La bourse d’or chez les Turcs est de quinze mille sequins, ou de trois mille écus ; & ce sont celles que les sultans généreux distribuent à leurs favoris & aux sultanes.

BOURSETTES, s. f. (Orgue.) ce sont de petites parties du sommier fort ingénieusement imaginées, pour pouvoir faire entrer un fil de fer dans la laye, sans que le vent dont elle est remplie, puisse sortir par le trou par où le fil de fer passe. Voyez la fig. 5.

Le n°. 1. représente les différentes parties dont une boursette est composée. A est un petit morceau d’osier d’une ligne ou deux, plus long que la planche de la laye n’a d’épaisseur. de est un fil de fer enfilé dans l’osier. A l’extrémité d, on fait un anneau avec les pincettes rondes. B est un morceau de peau d’agneau fort délié. C est un autre petit morceau d’osier d’une ligne & demie ou deux de long, que l’on enfile par-dessus la peau d’agneau. On met de la colle aux bouts des morceaux d’osier qui touchent la peau. On coupe ensuite le fil de fer e, ensorte qu’il n’en reste que pour faire un anneau e. N°. 2. & n°. 3. lorsque la boursette est ainsi préparée, on perce des trous dans la planche de dessous de la laye : ces trous doivent être seulement un peu plus grands que les morceaux d’osier n’ont de grosseur, afin qu’ils puissent y passer librement. Du côté de l’intérieur de la laye, on élargit les trous en les brûlant avec un fer chaud : ce fer doit avoir une tête hémisphérique, pour former comme un bassin concave. Lorsque les trous sont ainsi préparés, on passe le grand morceau d’osier dedans, & on colle les bords de la peau sur les bords évasés du trou, comme on voit au n°. 3. La colle dont on se sert est la colle-forte ordinaire, avec laquelle on colle le bois. Pour faire prêter la peau à la même forme que les trous des boursettes, on se sert d’un morceau de bois arrondi par le bout, comme le fer à brûler dont on a parlé ci-devant, avec lequel en appuyant sur la peau que l’on vient de coller, on lui fait prendre la forme des trous. La

peau prête facilement, sur-tout lorsqu’elle n’a pas été étirée, c’est-à-dire autant étendue qu’elle le peut être avant de l’employer à cet usage.

Cette opération faite, la boursette est entierement achevée. On l’assemble ensuite avec la soûpape r, fig. 6. par le moyen d’une Sef qui prend d’un côté dans l’anneau de la soûpape, & de l’autre dans l’anneau supérieur de la boursette, dont l’anneau inférieur reçoit la targette, appellée targette du sommier.

BOURSIER, s. m. ouvrier & marchand tout à la fois, qui fait & vend des bourses à cheveux, toutes sortes d’ouvrages à l’usage des chasseurs & des guerriers, pour mettre leurs munitions ; tels que sont gibeciere, cartouche, giberne, &c. toutes sortes de sacs ou étuis à livre, à flacon, calote, parapluie, parasol, &c.

La communauté des Boursiers est gouvernée par trois jurés, dont le plus ancien sort de charge tous les ans, pour faire place à un autre qui est élû le ii d’Août, ensorte que chaque juré exerce sa charge deux ans de suite.

Ce sont ces jurés qui expédient les lettres d’apprentissage & de maîtrise, qui donnent le chef-d’œuvre, & font leurs visites tous les trois mois, comme il est porté par les statuts.

L’apprenti ne peut être obligé pour moins de quatre ans, & chaque maître n’en peut avoir qu’un à la fois : il peut cependant en prendre un second après trois ans & demi d’apprentissage du premier.

L’apprenti sorti d’apprentissage, doit faire encore trois ans de compagnonage chez les maîtres. Tout aspirant à la maîtrise est tenu au chef-d’œuvre, à moins qu’il ne soit fils de maître.

L’apprenti étranger doit, pour parvenir à la maîtrise, servir pendant cinq ans, trois chez le même maître, & les deux autres où il lui plaît.

Le chef-d’œuvre consiste en cinq pieces ; savoir, une bourse ronde à quarre de cuir ; une autre de velours, brodée en or & en argent, avec les crépines & boutons de même ; une gibeciere de maroquin à fer, garnie de son ressort, avec des courans & boutons de cuir ; une autre aussi de maroquin à fer cambré, pareillement garnie de son ressort ; enfin un maroquin à l’usage des hommes, c’est-à-dire un sac de maroquin dont les hommes se servent pour mettre sous les genoux.

Les veuves peuvent tenir boutique, & joüir des autres priviléges de maîtrise, excepté du droit de faire des apprentis qu’elles n’ont point, pouvant toutefois continuer celui qui auroit commencé son tems du vivant de leur mari.

Les maîtres ne peuvent aller au-devant des marchandises qu’au-delà de vingt lieues de Paris.

Les patrons de la communauté sont S. Brice & Notre-Dame de la Fontaine.

BOUSARDS, s. m. (Vénerie.) ce sont des fientes de cerf qui sont molles comme bouse de vache, dont elles ont pris ce nom, & qu’on nomme autrement fumées.

BOUSE, en terme de Blason, se dit d’une espece de chanteplure avec laquelle on puise l’eau en Angleterre. C’est une piece dont quelques seigneurs ont chargé l’écu de leurs armoiries. (V)

BOUSIN, s. m. terme de riviere ; c’est le tendre du lit d’une pierre, qu’on ne doit point employer en maçonnerie.

BOUSONVILLE, (Géog.) petite ville avec une abbaye considérable sur la Nied, à huit lieues de Metz.

BOUSSAC, (Géog.) petite ville de France dans le Berry.

BOUSSEVILLER ou BOUXVILLER, (Géog.) petite ville de France en Alsace, avec un château, aux confins de la Lorraine.

BOUSSOLE, s. f. instrument de Marine, qu’on