Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrêt du conseil de 1716, qui n’eut son effet qu’en 1718,

1° Que la communauté des bonnetiers de faubourgs sera éteinte & restera unie au corps des Bonnetiers.

2° Que les maîtres des faubourgs reçûs avant la réunion, seront réputés maîtres de la ville, & pourront y tenir boutique.

3° Qu’ils joüiront eux, leurs veuves & leurs enfans, des droits des Bonnetiers de Paris.

4° On peut voir le reste de ces réglemens dans le dictionnaire du Commerce, avec les huit articles qu’on fut obligé d’y ajoûter lors de la réunion des fabriquans de bas au métier, aux Bonnetiers de la ville & des faubourgs. Voyez aussi l’article Bas au métier.

Je finirai cet article par un fait qui pourra être de quelqu’utilité à d’autres marchands bonnetiers qu’au sieur Pichard. Il est constant qu’il n’y a point de fouloire bien entretenue, qui ne consomme au moins pour dix sous d’eau par jour, & un marchand bonnetier peut avoir chez lui jusqu’à six, huit, dix fouloires, ce qui fait pour l’eau seulement un objet assez considérable. Le Sr Pichard parloit un jour de cette dépense, devant un aveugle de naissance déjà connu (dont il s’agit dans la Lettre sur les aveugles & dans l’art. Aveugle), & cet aveugle lui donna un conseil dont on ne s’étoit pas encore avisé depuis qu’on fait de la bonneterie : ce fut de se servir de l’eau de son puits ; cela n’étoit pas difficile à trouver, diront ceux qui ignorent que l’eau de puits est très-dure & se charge si difficilement de savon, qu’il n’est pas possible d’en faire usage en bonneterie. Mais notre aveugle savoit très-bien, par l’usage qu’il avoit de la distillation, que cette même eau de puits distillée devenoit très-pénétrante, se chargeoit de savon avec une extrème facilité, & en demandoit même beaucoup moins que l’eau de riviere, pour produire le même effet.

Il savoit encore que le travail de la bonneterie demandoit que l’on tint perpétuellement du feu sous la chaudiere qui fournit de l’eau aux fouloires. Il conseilla donc au sieur Pichard de placer un grand alembic entre deux chaudieres, qui recevroient l’eau qui s’en distilleroit, & qui la rendroient dans les fouloires. L’alembic de la fouloire du Sr Pichard est d’une forme singuliere ; il est concave en-dessous, & oppose une large surface au feu ; il s’en éleve perpétuellement une masse considérable de vapeurs ; il est placé de façon qu’il est échauffé par le feu même qui entretient la chaleur des chaudieres, & il fournit aux fouloires de l’eau qui ne coûte rien, qui épargne le savon, & qui foule mieux que l’eau de riviere.

BONNETIER, s. m. celui qui vend, fabrique ou fait fabriquer des bonnets, des bas, & autres ouvrages de bonneterie.

Le corps des Bonnetiers de Paris est composé de trois autres, dont la réunion s’est faite successivement ; du corps des Bonnetiers-Aulmulciers-Mitoniers, qui faisoient le cinquieme des six corps des marchands, & ne travailloient que dans la ville ; du corps des Bonnetiers au tricot des faubourgs ; & du corps des Faiseurs de bas-au-métier. Voyez l’art. Bonneterie & Bas-au-metier.

BONNETTE, terme de Fortification, est une espece d’angle saillant que l’on construit dans un siége au pié du glacis. Cet ouvrage s’appelle plus communément fleche. Voyez Fleche. (Q)

Bonnette, s. f. (Marine.) ce sont de petites voiles dont on se sert lorsqu’il y a peu de vent ; on les ajoûte aux autres voiles du vaisseau pour les aggrandir, ou on les met en particulier pour avoir plus grand nombre de voiles.

Bonnettes maillées. Ces bonnettes servent à allon-

ger les basses voiles pour aller plus vîte quand il fait

beau tems : on les attache à des mailles, c’est-à-dire, à des œillets qui sont près de la ralingue, après quoi on amarre les écoutes aux points des bonnettes.

Secondes bonnettes maillées. On les lace encore aux bonnettes maillées par-dessous. Ce sont les Hollandois qui se servent de secondes bonnettes.

Bonnettes maillées des huniers.

Bonnettes en étui, misene en étui, coutelas. Ce sont de petites voiles qui ont la figure d’un étui, & qui se mettent par le bout le plus étroit à chaque extrémité des vergues, sur des pieces de bois qu’on nomme boute-hors ; ainsi elles regnent le long des côtés des deux basses voiles & des huniers. On ne met les bonnettes en étui que lorsque la mer est unie, & le vent pas trop frais.

Lacer la bonnette, c’est l’amarrer sous la voile avec des éguillettes qui la lacent dans les œillets.

Délacer, déranger, démailler la bonnette, c’est la détacher de la voile où elle étoit attachée.

Bonnette lardée, (Marine.) larder la bonnette ; c’est une pratique des calfateurs : quand un vaisseau a une voie d’eau, & qu’ils ne connoissent point l’endroit où elle est, pour la trouver ils lardent une bonnette avec de l’étoupe, qu’on pique sur la voile avec du fil à voile, & après avoir mouillé la bonnette, ils jettent de la cendre ou de la poussiere sur ces bouts de fil de caret & d’étoupe, afin de leur donner un peu de poids pour faire enfoncer la bonnette dans l’eau : en cet état ils la descendent dans la mer, & la promenent à stribord & à bas-bord de la quille, jusqu’à ce qu’elle se trouve opposée à l’ouverture qui est dans le bordage, & qui forme la voie d’eau ; car alors l’eau qui court pour y entrer pousse la bonnette contre le trou ; ce qui se connoît par une espece de gasouillement ou de frémissement que font la bonnette & la voie d’eau. Les matelots pour exprimer ce bruit ou gasouillement, disent que la bonnette supe. (Z)

BONNEVAL, (Géog.) ville de France dans la Beauce, sur le Loir, à trois lieues de Châteaudun. Il y a une belle abbaye de l’ordre de S. Benoit. Lon. 19. 5. lat. 48. 10.

BONNEVILLE, (Géog.) petite ville de Suisse dans le canton de Bâle, sur un lac.

BONONIA, (Géog. anc. & mod.) ville de la basse Pannonie, qu’on croit être notre Bonmonster sur le Danube, ou Sophie. Il y a plusieurs autres villes anciennes du même nom.

* BONOSIAQUES ou BONOSIENS, Hist. ecclés. c’est le nom de certains hérétiques du ive siecle, qui paroissent avoir été dans les erreurs des Photiniens. Voyez Bonosiens.

* BONOSIENS, s. m. (Hist. ecclés.) nom d’une secte que Bonose évêque de Macédoine renouvella au ive siecle. Ses erreurs, de même que celles de Photin, consistoient à soûtenir que la Vierge avoit cessé de l’être à l’enfantement. Le pape Gelase les condamna. Comme ils baptisoient au nom de la Trinité, on les recevoit dans l’Eglise sans baptême ; au lieu que le second concile d’Arles veut que les Photiniens ou Paulianistes soient rebaptisés ; ce qui constitue quelque différence entre ces derniers hérétiques & les Bonosiens. Voy. Photiniens ou Paulianistes.

* BONS-CORPS, s. m. pl. (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donna à une milice levée par François II. duc de Bretagne, dans la guerre qu’il eut en 1468 contre Louis XI. Ce duc, en attendant les secours que le Roi d’Angleterre devoit lui fournir, fit lever dix mille hommes de nouvelle milice, composée de gens du commun : on choisissoit les plus robustes qu’on pouvoit trouver ; c’est ce qui les fit nommer bons-corps.

* BON-SENS, s. m. (Métaphysique.) c’est la me-