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taux : mais il les rend plus légers & plus cassans en raison de la quantité qu’on y en a ajoûtée. Si on en mêle au cuivre dans la fonte, il le blanchit ; si on le joint à l’étain, il le rend plus sonore, plus blanc, & lui donne une consistance approchante de celle de l’argent : c’est ce qu’on peut remarquer visiblement dans l’étain d’Angleterre, qui se fait, dit-on, par le mêlange d’une certaine quantité de bismuth, de régule d’antimoine, & d’étain, & même une portion de cuivre. Nonobstant la facilité qu’a le bismuth de se mêler avec tous les métaux, une singularité bien remarquable, c’est qu’à la fonte, quelque chose qu’on fasse, on ne peut venir à bout de l’unir au zinc, tandis qu’il paroit avoir tant d’affinité & de rapport avec ce demi-métal, que quelques naturalistes les ont confondus & les ont pris l’un pour l’autre.

Le bismuth facilite considérablement la fonte des métaux, qu’il pénetre & qu’il divise ; c’est ce qui a donné lieu de croire qu’on pourroit s’en servir avec succès au lieu de plomb pour coupeller. C’est cette même qualité qui fait que lorsqu’il a été fondu avec de l’argent, de l’étain ou du plomb, ces métaux sont rendus par-là plus propres à s’amalgamer avec le vif-argent ; & si on vient ensuite à passer l’amalgame au chamois, on remarque que le vif-argent entraîne visiblement avec lui beaucoup plus de métal qu’il n’auroit fait sans cela.

On dit que les droguistes, lorsqu’ils sont de mauvaise foi, savent tirer avantage de la connoissance qu’ils ont de cette derniere propriété du bismuth, dont ils se servent pour falsifier leur mercure & en augmenter le poids.

Pour tirer le bismuth de sa mine, il ne faut pas plus de travail que pour tirer l’antimoine de la sienne : lorsque la mine est riche, il suffit de la casser en morceaux, de la mettre dans un pot de terre ou de fer, & d’allumer un feu de bois tout autour ; si elle est pauvre & d’une fonte plus dure, il faut y joindre du flux noir, du sel commun, & du fiel de verre, & la traiter comme on fait l’étain ou le plomb, en observant de donner un feu modéré ; car il n’en faut que peu pour réduire en scories les matieres hétérogenes qui y sont mêlées, outre qu’il se réduit en chaux & se volatilise aisément au grand feu.

Lorsque le bismuth est en fonte, l’arsenic, dont il abonde, s’en sépare par sublimation, & c’est en quoi ce minéral ressemble beaucoup au cobalt, à qui il est quelquefois si étroitement uni dans la mine, qu’il est très-difficile de les séparer. Voyez l’article Cobalt.

En effet, ils contiennent l’un & l’autre non-seulement beaucoup d’arsenic, mais encore ils ont tous les deux pour base une terre bleue, propre à faire le bleu d’émail ; on la voit même dans quelques mines de bismuth toute formée avant que de les travailler. Cette terre bleue que le bismuth dépose à la fonte, & que les Allemands appellent wismuth graupen (farine de bismuth) en fait la base, c’est suivant M. Henckel, une terre fixe, essentielle au bismuth & au cobalt, à qui elle est intimement unie ; cette terre est non-métallique, attendu que quelque peine qu’on se soit donnée, on n’a jamais pû en tirer la moindre partie de métal. Encore une chose qui est commune à ces deux minéraux, c’est que s’ils demeurent pendant quelque tems entassés tels qu’ils sortent de la mine, soit qu’ils soient exposés à l’air, soit qu’on les mette à couvert, ils produisent des vapeurs d’une odeur arsénicale très-sensible & très-dangereuse, & fleurissent de couleur de fleurs de pêcher. Le même M. Henckel dit qu’on en peut faire des crystaux ou du vitriol, non-seulement verds, mais encore d’un beau rouge pourpre ; ce qui se fait, suivant M. Pott, en versant de l’eau sur la mine du bismuth, ou en la laissant exposée à la rosée ou à la pluie. On tire aussi du bismuth un magistere & des fleurs qui sont un bon cosmétique. V.

l’article Blanc de Bismuth. Le bismuth dissous dans l’esprit de nitre & précipité par l’eau, donne une poudre blanche qu’on recommande pour les maladies inflammatoires. Mais il paroît qu’attendu l’arsenic dont ce demi-métal abonde, l’usage interne en doit être regardé comme fort suspect. Voyez l’excellente Dissertation de M. Pott sur le bismuth, imprimée à Berlin en 1739. (—)

L’on peut aussi, suivant M. Pott, faire du vitriol de bismuth d’une autre façon ; c’est en prenant 1 partie de bismuth en poudre, & une partie d’huile de vitriol : on les met en distillation ; on en tire tout le flegme à feu modéré ; on calcine le résidu qu’on pulvérise ensuite ; on reverse dessus le flegme qui en a été distillé la premiere fois, en y joignant autant ou même plus d’eau commune ; on filtre le produit ; on le fait évaporer, & on laisse la crystallisation se faire.

Le bismuth dissous dans l’esprit de nitre, donne une encre de sympathie fort curieuse, qui est de l’invention de M. Hellot de l’Academie royale des Sciences. Voyez l’article Encre de sympathie.

Les Alchimistes font très-grand cas du bismuth, & le regardent comme une matiere très-digne de leurs recherches ; ils ont cru pouvoir en tirer l’alkahest ou leur dissolvant de tous les métaux, & même le remede universel. On le trouve désigné dans les livres des adeptes, sous les noms de mine brillante de saturne, de dragon de montagne, de fleur des métaux, d’electrum immaturum, & de saturne philosophique. (—)

BISNAGAR, (Géog.) grande ville d’Asie, dans les Indes, capitale d’un royaume de même nom, appellée aussi Carnate. Longit. 95. 30. lat. 13. 20.

BISNOW, (Hist. mod.) nom d’une secte de banjans, dans les Indes. Ils appellent leur dieu ram-ram, & lui donnent une femme. Ils parent leurs idoles de chaînes d’or, de colliers de perles, & de toutes sortes de pierreries. Ils chantent dans leurs agoges ou mosquées des hymnes en l’honneur de ces divinités, accompagnant leurs chants de danses, du son des tambours, des flageolets, des bassins de cuivre, & d’autres instrumens, dont ils jouent pendant leurs prieres. Ce dieu n’a point de lieutenant comme celui de la secte de Samarath : mais il fait tout par lui-même. Ces banjans ne vivent ordinairement que d’herbes & de légumes, de beurre frais, & de lait. Leur meilleur mets est l’atschia, qui est composé de citrons confits au sel avec du gingembre, de l’ail, & de la graine de moutarde. Ceux de cette secte se mêlent la plûpart de marchandise, & entendent merveilleusement bien le commerce. Leurs femmes ne se brûlent point sur le bûcher de leurs maris, comme celles de la secte de Samarath : mais elles demeurent toûjours veuves. Mandesto, tom. II. d’Olearius. (G)

BISON, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) bœuf sauvage, dont les anciens ont fait mention : on l’a comparé au bœuf ordinaire pour la forme principale du corps & pour la grandeur, & au cheval & au lion pour la criniere. On a prétendu qu’il est indomptable & plus prompt à la course que le taureau. Selon le rapport des différens auteurs qui ont parlé du bison, il a les cornes pointues & recourbées à l’extrémité comme un hameçon, la langue rude comme une rape, la tête courte, les yeux grands, ardens & menaçans, le front large, & les cornes assez éloignées l’une de l’autre pour que trois gros hommes puissent s’asseoir entre les deux, le dos bossu, le poil noirâtre, & non rouge ni roux, à ce que prétend Aldrovande.

On a donné le nom de bison aux taureaux sauvages d’Amérique, que les habitans de la Floride nomment butrons. Ces bisons ont les cornes longues d’un pié, le dos bossu comme le chameau, le poil long & roussâtre, & la queue semblable à celle du lion. Il paroît que ces taureaux d’Amérique sont de la même espece que ceux dont les anciens ont fait mention sous le