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deux sortes : l’une, que les gens du pays nommoient zythum ; & l’autre, carmi. Elles ne différoient que dans quelque façon, qui rendoit le carmi plus doux & plus agréable que le zythum. Elles étoient, selon toute apparence, l’une à l’autre, comme notre bierre blanche à notre bierre rouge. L’usage de la bierre ne tarda pas à être connu dans les Gaules, & ce fut pendant long-tems la boisson de ses habitans. L’empereur Julien gouverneur de ces contrées, en a fait mention dans une assez mauvaise épigramme. Au tems de Strabon la bierre étoit commune dans les provinces du nord, en Flandre, & en Angleterre. Il n’est pas surprenant que les pays froids, où le vin & le cidre même manquent, ayent eu recours à une boisson faite de grain & d’eau ; mais que cette liqueur ait passé jusqu’en Grece, ces beaux climats si fertiles en raisin, c’est ce qu’on auroit de la peine à croire, si des auteurs célebres n’en étoient garans. Aristote parle de la bierre & de son ivresse ; Théophraste l’appelle οἶνος κριθῆς, vin d’orge ; Eschyle & Sophocle, ζῦθος βρυτὸν. Les Espagnols bûvoient aussi de la bierre au tems de Polybe. Les étymologies qu’on donne du mot bierre sont trop mauvaises pour être rapportées ; nous nous contenterons seulement de remarquer qu’on l’appelloit aussi cervoise, cervitia ; quant à ses propriétés, ses especes, & la maniere de la faire. Voyez l’article Brasserie.

* BIERVLIET, (Géog.) forteresse avec port, dans une île de la Flandre Hollandoise, à peu de distance de l’Ecluse. Long. 21. 12. lat. 51. 25.

* BIES-BOS, (Géog.) on nomme ainsi une grande étendue d’eau, formée autrefois par une inondation de la mer ; elle est entre Dordrecht & Gertruydemberg, dans la Hollande méridionale.

* BIESE, (Géog.) riviere d’Allemagne, dans la vieille marche de Brandebourg, qui se jette dans l’Aland.

* BIESENTHAL, (Géog.) petite ville entre Berlin & Bernau.

* BIES-SCADI, (Géog.) c’est une partie des monts Krapacks, qui séparent la Russie d’avec la Transilvanie.

* BIESSEN, (Géog.) ville de la haute Alsace, à peu de distance du Rhin.

* BIETALA, (Géog.) ville & forteresse de la grande Tartarie, sur les frontieres du royaume de Barantola ; c’est le lieu de la résidence du grand lama ou pontife des Tartares.

* BIETIGHEIM, (Géog.) petite ville avec un château sur l’Ens, dans le duché de Wirtemberg.

BIEVRE. Voyez Castor.

Bievre, oiseau. Voyez Harle. (I)

* Bievre, (Géog.) petite riviere de l’île de France, qui se jette dans la Seine près de Paris.

BIEZ, s. m. (Arts méchaniq. & Hydrauliq.) est un canal élevé & un peu biaisé, qui conduit les eaux pour les faire tomber sur la roue d’un moulin ; sa figure qui approche d’une bierre, fait croire que son nom en est tiré.

On appelle arriere-biez les canaux qui sont au-delà en remontant. (K)

* BIFERNO, (Géog.) riviere du royaume de Naples, dans le comté de Molise ; elle se jette dans le golfe de Venise.

BIFFER, en terme de Palais & même dans le langage ordinaire, est synonyme à rayer ou effacer. (H)

* BIFORMIS, adj. (Mythol.) épithete que l’on donnoit à Bacchus, parce qu’on le représentoit tantôt jeune tantôt vieux, avec de la barbe ou sans barbe ; à moins qu’on n’aime mieux la faire venir des effets du vin, qui rend les uns tristes & furieux, les autres aimables & gais.

BIFRE. Voyez Castor. (I)

BIGAME, adj. pris subst. (Droit canoniq.) qui a

été marié deux fois, du Grec δίγαμος, dont la racine

est γαμεῖν, se marier.

Selon la discipline la plus constante de l’Église, les bigames sont irréguliers & inhabiles à être promûs aux ordres sacrés : ils ne peuvent pas même exercer les fonctions des ordres mineurs, selon le concile de Gironne.

On a quelquefois donné le nom de bigames à ceux qui ont épousé une veuve, une femme publique ou une femme répudiée ; & ils n’étoient pas moins censés irréguliers, que ceux qui avoient épousé successivement deux femmes, parce qu’on pensoit qu’une espece d’incontinence dans une veuve qui convole, ou le deshonneur certain de la femme, rejaillissoit sur le mari. Harmenopule met au nombre des bigames, ceux qui après s’être fiancés à une fille, contractent mariage avec une autre ou épousent la fiancée d’un autre homme. S. Thomas décide que l’évêque peut dispenser de la bigamie pour les ordres mineurs & les bénéfices simples : mais Sixte V. & le concile de Trente ont décidé le contraire. Les clercs qui contractent un mariage après avoir reçû les ordres sacrés, sont aussi appellés bigames par ressemblance, quoiqu’il n’y ait point de véritable mariage. Le pape Alexandre III. permet de rétablir dans les fonctions de leur ordre ceux qui sont tombés dans cette faute, après la leur avoir fait expier par une longue & rigoureuse penitence. Thomass. discipl. de l’égl. part. I. liv. II. ch. viij. & part. IV. liv. II. ch. xx. Le terme bigame se prend encore dans un autre sens. Voy. Bigamie. (G)

BIGAMIE, s. f. (Jurisp.) est la possession de deux femmes vivantes en même tems, contractée par le mariage. Voyez Mariage.

Ceux qui étoient convaincus de bigamie chez les Romains, étoient notés d’infamie ; & anciennement ils étoient punis de mort en France. V. Polygamie.

Ce terme, en Droit, s’entend aussi de deux mariages successifs, ou du mariage de celui qui épouse une veuve. Ce sont, selon les canonistes, deux empêchemens de parvenir aux ordres ou à un évêché, à moins qu’on n’en ait dispense. Ce point de discipline est fondé sur ce que dit S. Paul, qu’un évêque n’ait qu’une seule femme, I. Timoth. iij. 2. Apost. const. 17. 18.

Il y a deux sortes de bigamie : la réelle, quand un homme se marie deux fois ; & l’interprétative, quand un homme épouse une veuve ou une femme débauchée, ce qui est regardé comme un second mariage. C’est pourquoi le P. Doucine distingue & remarque qu’Irenée ayant été marié deux fois, doit avoir été en ce sens coupable de bigamie, & qu’il fut évêque de Tyr, contre la disposition expresse des canons. Il montre, avec S. Jérome, que ceux qui épousent deux femmes, après qu’ils ont été baptisés, sont bigames : mais S. Ambroise & S. Augustin disent expressément que celui-là est bigame, qui épouse une femme qui avoit déjà été mariée, soit avant soit après le baptême. Hist. du Nestorianisme.

Les canonistes prétendent même qu’il y a bigamie qui opere l’irrégularité, si un homme, après que sa femme est tombée en adultere, a commerce avec elle, ne fût-ce qu’une fois.

Il y a une autre sorte de bigamie par interprétation, comme quand une personne, qui est dans les ordres sacrés ou qui s’est engagée dans quelque ordre monastique, se marie. Le pape en peut dispenser, du-moins y a-t-il des occasions où il le fait. Il y a aussi une sorte de bigamie spirituelle, comme quand une personne possede deux bénéfices incompatibles, comme deux évêchés, deux cures, deux chanoineries, sub eodem tecto, &c. (H)

BIGARRADIER, s. m. (Jardinage.) est une espece d’oranger, dont les fruits d’un goût amer, que l’on appelle bigarrades, sont chargés de cornes & d’ex-