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d’amas de sable dans une riviere, qui empêche la navigation. Il y en a un au bout du Cours-la-reine.

BASSIGNI (le) (Géog.) petit pays de France, dans la partie méridionale de la Champagne, & dans le Barrois, dans le dioc. de Langres & celui de Toul.

BASSIN, s. m. se dit en général ou d’un réservoir d’eau, ou d’un vaisseau destiné à en puiser ou à en contenir. Voy. ci-dessous des définitions & des exemples des différentes sortes de bassins.

Bassin (en Architecture), c’est dans un jardin un espace creusé en terre, de figure ronde, ovale, quarrée, à pans, &c. revêtu de pierre, de pavé, ou de plomb, & bordé de gason, de pierre ou de marbre, pour recevoir l’eau d’un jet, ou pour servir de réservoir pour arroser. Les Jardiniers appellent bac, un petit bassin avec robinet, comme il y en a dans tous les petits jardins du potager à Versailles.

Bassin de fontaine, s’entend de deux manieres, ou de celui qui est seulement à hauteur d’appui au-dessus du rez-de-chaussée d’une cour ou d’une place publique : ou de celui qui est élevé sur plusieurs degrés, avec un profil riche de moulures & de forme réguliere, comme ceux de la place Navone à Rome.

Bassin figuré, est celui dont le plan a plusieurs corps ou retours droits, circulaires ou à pans, comme ceux de la plûpart des fontaines de Rome.

Bassin à balustrade, celui dont l’enfoncement plus bas que le rez-de-chaussée, est bordé d’une balustrade de pierre, de marbre ou de bronze, comme le bassin de la fontaine des bassins d’Apollon à Versailles.

Bassin à rigole, celui dont le bord de marbre ou de caillou, a une rigole taillée, d’où sort d’espace en espace un jet ou bouillon d’eau, qui garnit la rigole, & forme une nappe à l’entour de la balustrade, comme à la fontaine du rocher de Belvéder à Rome.

Bassin en coquille, celui qui est fait en conque ou coquille, & dont l’eau tombe par nappes ou gargouilles, comme la fontaine de Palestrine à Rome.

Bassin de décharge, c’est dans le plus bas d’un jardin, une piece d’eau ou canal, dans lequel se déchargent toutes les eaux après le jeu des fontaines, & d’où elles se rendent ensuite par quelque ruisseau ou rigole dans la plus prochaine riviere.

Bassin de partage ou de distribution, c’est dans un canal fait par artifice, l’endroit où est le sommet du niveau de pente, & où les eaux se joignent pour la continuité du canal. Le repaire où se fait cette jonction est appellé point de partage. Il y en a un beau à Versailles au-dessus des réservoirs du parc au cerf, & un autre à Chambly, appellé le bassin des sources.

Bassin de port de mer, c’est un espace bordé de gros murs de maçonnerie, où l’on tient des vaisseaux à flot. Voyez plus bas Bassin (Marine.)

Bassin de bain, c’étoit dans une salle de bain chez les anciens, un enfoncement quarré long où l’on descendoit par degrés pour se baigner ; c’est ce que Vitruve appelle labrum.

Bassin à chaux, vaisseau bordé de maçonnerie, & plancheyé de dosses ou maçonné de libages, dans lequel on détrempe la chaux. Mortarium dans Vitruve, signifie autant le bassin que le mortier. (P)

Construction des bassins des Jardins. On ne sauroit apporter trop de soin à la construction des bassins & pieces d’eau ; la moindre petite fente qui augmente toûjours de plus en plus, peut devenir, par la pesanteur de l’eau, une fente considérable.

On place ordinairement les bassins à l’extrémité ou dans le milieu d’un parterre : ils ne font pas moins bien dans un potager, dans une orangerie & dans les bosquets. Leur forme ordinaire est la circulaire, il y en a cependant d’octogones, de longs, d’ovales, & de quarrés : quand ils passent une certaine grandeur, ils se nomment pieces d’eau, canaux, miroirs, viviers, étangs & réservoirs.

Pour la grandeur des bassins, on ne peut guere déterminer de juste proportion, elle dépend du terrein ; & celle qui est entre le jet & le bassin, est déterminée par la chûte & la force des eaux : leur profondeur ordinaire est de 15 à 18 pouces, ou deux piés tout au plus, & s’augmente quand ils servent de réservoirs.

On construit les bassins de quatre manieres, en glaise, en ciment, en plomb, & en terre franche : soit le bassin A (fig. 1. Jardin.) qu’on veut construire en glaise, de six toises de diametre dans œuvre ; faites ouvrir la place tracée sur le terrein, de ce qu’il convient pour les épaisseurs du pourtour & du plafond ; le mur de terre B doit avoir un pié au moins ; le mur de douve, ou d’eau C, dix-huit pouces, & le corroi de glaise entre-deux, dix-huit de large, ce qui fait en tout quatre piés, dont il faut augmenter de chaque côté le diametre pour la fouille : on a donc huit piés en tout ; on creusera aussi, pour le fond ou plat-fond du bassin, deux piés plus bas que la profondeur qu’on lui voudra donner ; ces deux piés de fouille seront pareillement occupés par le corroi de glaise de dix-huit pouces, & les autres six pouces seront pour le sable & le pavé qu’on répandra dessus la glaise ; ainsi ce bassin creuse de sept toises deux piés de diametre, & de quatre piés de bas, reviendra à six toises d’eau dans œuvre, & deux piés de creux, qui sont l’étendue & la profondeur requises. Elevez & adossez, contre les terres, le mur B d’un pié d’épaisseur depuis le bas de la fouille, jusqu’à fleur de terre ; bâtissez de moellons, libages, ou pierres de meuliere avec du mortier de terre ; faites ensuite apporter la glaise dans le fond du bassin, que vous préparerez en la rompant par morceaux, en y jettant de l’eau, & la labourant deux ou trois fois sans y souffrir aucunes ordures ; faites ensuite jetter par pelletées la glaise contre le mur, & pétrir à piés nuds, de dix-huit pouces d’épaisseur, & de sept à huit piés environ de large, tout au pourtour de ce mur, pour y poser, à dix-huit pouces de distance, le mur de douve C, qui doit porter sur une plate-forme & racinaux DD. Prenez du chevron de trois pouces d’épaisseur, ou des bouts de planches de bateau, épais de deux pouces, & larges de cinq à six ; enfoncez-les à fleur de glaise, de trois piés en trois piés, ensorte qu’ils débordent un peu le parement du mur en dedans le bassin, c’est ce que l’on nomme les racinaux ; mettez ensuite dessus de longues planches de bateau dont deux, jointes ensemble, seront de la largeur du mur, lesquelles vous cloüerez ou chevillerez sur les racinaux ; vous poserez ensuite la premiere assise du mur de douve, que vous éleverez à la hauteur de l’autre, & de dix-huit pouces d’épaisseur, bâti avec du mortier de chaux & sable. On remplira le vuide, ou l’espace entre les deux murs E, appellé le corroi, d’une glaise bien préparée, & on la pétrira jusqu’à fleur de terre.

Pour travailler au plat-fond F, on remplira de glaise toute l’étendue du bassin pour y faire un corroi de dix-huit pouces de haut, en recommençant à pétrir les glaises que l’on a d’abord étendues au-delà des racinaux, & les liant avec celles du plat-fond, qu’on couvrira ensuite de sable, de cinq à six pouces de hauteur, avec un pavé garni d’une aire GG, d’un pouce d’épaisseur de ciment, ou une blocaille de pierres plates posées de champ & à sec dans le sable pour nettoyer plus proprement le bassin, & empêcher le poisson de fouiller.

Les bassins de ciment (fig. 2.) sont construits d’une maniere bien différente. On recule la trace du bassin, d’un pié neuf pouces dans le pourtour, & autant dans le plat-fond, ce qui est suffisant pour retenir l’eau ; ainsi pour un bassin de six toises de diametre, on fouillera six toises trois piés & demi, & on creu-