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ou se trouvera à la hauteur des aiguilles, comme on voit même Pl. même fig. 1. & Pl. II. bas au métier, fig. 1. a b.

Le second mouvement consiste à appuyer fortement le pié sur la marche du milieu ; & voici le résultat de ce mouvement. La marche baisse, tire à elle le crochet de la petite anse, ce crochet tire la petite anse, la petite anse tire la grande anse, la grande anse fait descendre les bras de la presse, & la presse se trouve appliquée sur les becs des aiguilles, dont elle force les pointes à se cacher dans les chasses, comme on voit fig. 1. Pl. II. du bas au métier.

Le troisieme mouvement, c’est tandis que la presse est sur les becs des aiguilles, de faire passer l’ouvrage qui est contre les ventres des platines, comme on voit Pl. II. fig. 1. au-delà des chasses des aiguilles, comme on voit fig. 4. même Pl. ce qui s’exécute en tirant la barre à poignée brusquement en devant, & horisontalement.

Le quatrieme mouvement, d’ôter le pié de dessus la marche du milieu ; d’où il s’ensuit que rien n’empêchera plus la grande anse qui est tirée en-haut par la lisiere de cuir ou la courroie, qui passe sur la roulette du porte-faix d’en-bas, & qui se rend à la branche du contre-poids, de remonter & d’entraîner avec elle & faire relever les bras de presse ; ce qui séparera la presse de-dessus les becs des aiguilles, & permettra à la pointe de ces becs de sortir de leurs chasses. Fin de la cinquieme opération.

Sixieme Opération. Abattre l’ouvrage.

Il n’y a qu’un mouvement assez léger à cette opération, il consiste à tirer la barre à poignée, & à faire avancer les ventres des platines jusqu’entre les têtes des aiguilles ; il est évident que ces ventres placés, comme on les voit, Pl. II. du bas au métier, fig. 3. feront passer l’ouvrage, de l’état où on le voit, sur les becs des aiguilles, fig. 4. 1, 2, dans l’état où on le voit fig. 5. 3, 4, ou fig. 6. 5, 6.

Voilà la formation de la maille : la septieme opération n’y ajoûte rien ; elle restitue seulement & le métier & l’ouvrage déja fait, dans une position à pouvoir ajoûter de nouvelles mailles aux mailles qu’on voit, ou dans l’état où il étoit quand on a commencé à travailler.

Septieme Opération. Crocher.

Cette opération n’a qu’un mouvement : mais c’est le plus considérable & le plus grand de tous.

Quand on est sur le point de crocher, le métier se trouve dans l’état suivant : les ventres des platines sont au niveau des têtes des aiguilles, & par conséquent le dessous des becs fort au-dessus des aiguilles ; les crochets de-dessous des abattans sont au-dessus des petits coups, comme on les voit Pl. VII. fig. 1. & les épaulieres sous les arrêtans des jumelles, comme on les voit même figure.

Pour crocher, on applique la branche du crochet z de-dessous des abattans, contre les arrêtans y ; on tire perpendiculairement en-bas les abattans par la barre à poignée A A ; tenant toûjours les branches des crochets appliquées à l’éminence t des arrêtans qui dirigent dans ce mouvement : on fait descendre de cette maniere les platines à ondes & les platines à plomb, jusqu’à ce que le haut de leurs gorges M, soit à la hauteur de N, ou des têtes des aiguilles : puis du même mouvement continué horisontalement, on repousse en arriere les abattans aussi loin que l’on peut ; & l’on laisse remonter le métier qui va de lui-même, s’arrêter au-dessous de la barre à aiguilles, où il rencontre un crochet prêt à recevoir celui qui est placé au derriere des abattans, & qu’on appelle crochet de-dessus des abattans.

Il est évident que dans ce mouvement le haut de la gorge M des platines a emporté avec lui l’ouvrage

qui étoit sous les becs, en le faisant glisser le long des aiguilles ; que les becs des aiguilles sont vuides ; que le dessous des becs des platines à ondes & des platines à plomb, se trouve entre les aiguilles ; que l’ouvrage fait est caché pour celui qui ne voit le métier qu’en face, & qu’il le voit alors comme il est représenté Pl. II. fig. 8. du bas au métier, c’est-à-dire, prêt à travailler de nouveau, ou à faire de gauche à droite ce qu’il a exécuté de droite à gauche.

C’est maintenant qu’on doit avoir conçû comment se fait la maille, qu’il est à propos de revenir sur les parties du métier & sur leurs configurations, dont on n’étoit pas en état auparavant de bien entendre les propriétés.

Commençons par les marches ; elles sont au nombre de trois, Pl. II. fig. 1. du métier à bas ; c’est la même corde qui va de la premiere 1, 5. au tambour de la roue 17. & de ce tambour à la troisieme 1, 5. d’où il s’ensuit que si l’on presse du pié celle qui est à gauche, on fera tourner la roue de droite à gauche, & qu’en pressant du pié celle qui est à droite, la roue tournera de gauche à droite.

C’est la même corde qui passe sous la roue du fût, où elle est cloüée, & qui va se rendre d’un bout sur une des roulettes de la barre à chevalet, & de l’autre sur l’autre roulette, & s’attacher aux s qui partent du corps de ce chevalet, comme on voit Pl. IV. fig. 6. n°. 49. 49.

On conçoit actuellement ce que nous avons dit de l’arrétant, ou de cette partie yt qu’on voit Pl. VII. fig. 1. Il a fallu nécessairement se ménager la facilité de l’avancer ou de la reculer, en pratiquant à la partie appliquée & fixée au montant une ouverture longitudinale r : trop avancé en-devant, ou trop peu, le fond des gorges des platines ne pourroit plus venir chercher l’ouvrage abattu, en vuider les aiguilles, l’entraîner derriere, & donner lieu à la continuation du travail.

Au-dessous de l’arrêtant, on voit la piece appellée le petit coup x, même Planche & même figure. Sans ce petit coup, qui est ce qui regle l’ouvrier, quand il forme l’ouvrage & corrompt la soie amenée sous les becs des aiguilles ; il seroit exposé à avancer le dessous des platines trop en-avant, à casser la soie, ou à rompre les becs des aiguilles.

Voilà ce qu’il y a de plus remarquable sur le fût & ses parties. Passons au métier, & parcourons ses assemblages.

On s’est ménagé aux gueules de loup 13. la même commodité qu’aux arrêtans, celle de les hausser & baisser à discrétion, afin d’ajuster convenablement la barre fondue. Pl. II. fig. 3.

On sent de quelle importance est le grand ressort 16, 16. c’est par son moyen que les abattans sont relevés sans que l’ouvrier s’en mêle. Pl. II. fig. 3. la vis 17. qui sert à le bander ou à le relâcher, est très-bien imaginée.

Le balancier 14, 14, 15, 15, n’est pas une piece inutile ; il met à portée le pié d’aider la main ; à vaincre la résistance du grand ressort toutes les fois qu’il faut faire descendre les abattans. Or ce mouvement se faisant souvent, on n’a pû apporter trop d’attention à soulager l’ouvrier.

La patte du bras de presse 17, 18, 19, fig. 1. Pl. III. est garnie d’une vis 20, 20, dont on va sentir toute la finesse : sans cette vis, l’ouvrier, en donnant le coup de presse, seroit exposé ou à rompre toutes les aiguilles, si la presse s’appliquoit trop fortement sur elles, ou à ne pas cacher leurs becs dans leurs chasses, si elle ne s’appliquoit pas assez. Mais qui le dirigera dans cette opération ? les vis appliquées à l’extrémité des bras de presse, qui permettront à ces bras de descendre suffisamment, & à la presse de s’appliquer convenablement sur les becs d’aiguilles.