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La fig. 36 représente une perçoire faite pour poser le fer chaud lorsqu’on veut le percer ou mandriner : ce n’est autre chose qu’un morceau de fer plat plus ou moins long, arrondi ou coudé.

La fig. 37 représente un instrument appellé griffe : c’est une barre de fer quarrée depuis dix jusqu’à vingt lignes de grosseur, & depuis un jusqu’à quatre & cinq piés de longueur, portant en A une griffe qui lui en donne le nom, composée de deux gougeons A, & de l’autre B, un tourne-à-gauche fait pour dégauchir les ouvrages.

Les tenailles faites pour pincer le fer que l’on veut chauffer ou forger lorsqu’il est trop court pour le tenir à la main, sont de plusieurs especes ; les unes, fig. 38, sont appellées droites, parce que les mords en sont droits ; les autres, fig. 39, sont appellées croches, parce que les mêmes mords sont coudés ou crochus ; d’autres, fig. 40, sont appellés à boutons, parce que les mords atés servent à pincer des boutons dont la tête se loge dans la partie atée ; d’autres enfin sont appellées a rouleau, parce que les mords arrondis servent à pincer des rouleaux des unes & des autres, A A, &c. sont les mords, & BB les branches.

La fig. 42 représente un ratelier de forge arrêté à demeure sur la hotte de la forge ou aux environs, fait pour accrocher & déposer une grande partie des outils de forge, composé d’une plate-bande de fer AA, & de pointes courbées BB rivées dessus.

Les étaux à chaud, qu’on appelle ainsi lorsqu’ils servent à tenir ferme les ouvrages que l’on travaille à chaud ; de plusieurs qui sont arrêtés à l’établi, l’on destine aux ouvrages de forge le plus fort, le moins précieux, & souvent le plus mal fait, comme étant sujet à être gâté par la chaleur du fer que l’on y serre ; mais en général cet instrument appartient plutôt aux outils d’établi dont nous allons voir les détails, étant lui-même arrêté à l’établi.

Des outils d’établi. Parmi les outils d’établi, les étaux tiennent sans contredit le premier rang ; ces instrumens servent à serrer & maintenir fermes les ouvrages que l’on veut travailler ; celui fig. 43 est composé de deux tiges AB, portant chacune un mord denté & aceré en C & un œil D ; l’une A ayant un pié E garni de chaque côté de jumelles F rivées ou soudées sur la tige A, & l’autre B renvoyée par un ressort G, porte à son extrémité inférieure un trou pour former charniere dans les jumelles F par le moyen d’un boulon à vis à écrou ; au-travers des yeux DD passe une boëte d’étau H garnie intérieurement de filet brasé servant d’écrou à une vis aussi taraudée à tête arrondie en I mue, en tournant par une manivelle K ; cet étau est arrêté à l’établi L par le moyen d’une bride double M & d’une simple N garnie de clavette O arrêté à demeure sur l’établi L avec des vis P.

La fig. 44 représente une bigorne d’établi faite pour contourner des ouvrages ronds, quarrés ou autres formes en petit, composée de sa tige A, d’une bigorne ronde B, d’une bigorne quarrée C, toutes deux acerées de son embase D, dont le bout à pointe en E entre dans l’épaisseur de l’établi.

La fig. 45 représente un tasseau d’établi servant à applanir & dresser des ouvrages sur l’établi, composé de sa tête acerée en A & de sa pointe B entrant dans l’épaisseur de l’établi.

La fig. 46 représente une étampe d’établi faite pour étamper ou mouler différente espece de moulures, composée de sa tête acerée en A & d’une queue B à épaulement en forme de tenon, pour être serré dans un étau.

Des limes. Les limes faites pour limer, blanchir, & même polir les ouvrages sont de trois sortes ; la premiere qu’on appelle limes de Forez, parce qu’elles

viennent du pays de ce nom ; la deuxieme qu’on appelle limes d’Allemagne, parce qu’elles viennent du pays de ce nom ; la troisieme qu’on appelle limes d’Angleterre, parce qu’elles viennent aussi du pays de ce nom.

Les limes de Forez sont des limes toutes en fer trempé en paquet, dont la taille est grosse & mal-faite ; elles se divisent en quarreaux, demi-quarreaux, quarrelets, demi-rondes, tiers-point, à potence & queue de rat.

Les quarreaux (fig. 47.) sont des limes en fer quarré, depuis deux jusqu’à deux pouces & demi de grosseur, sur environ dix-huit à vingt pouces de longueur, trempées en paquet, qui quoiqu’elles se fabriquent à Paris, ne laissent pas cependant d’être mises au nombre des limes de Forez, & d’en porter le nom, en ayant la taille, & sur-tout la qualité ; ces especes de limes servent à dégrossir les ouvrages, & sont emmanchées dans un manche de bois B.

Les demi-quarreaux A (fig. 48.) sont des limes depuis dix-huit lignes jusqu’à deux pouces de grosseur, sur quinze à dix-huit pouces de longueur, de même forme & qualité que les précédentes, & employées aux mêmes usages, emmanchées dans un manche de bois B.

Les quarrelets A (fig. 49.) sont des limes méplates d’environ dix à douze pouces de longueur, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour dresser des choses de peu de conséquence.

Les demi-rondes A (fig. 50.) sont des limes de même grosseur & longueur que les précédentes, arrondies d’un côté, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour limer des parties rondes.

Les limes quarrées ou à potence A (fig. 51.) sont des limes de même grosseur & longueur que les précédentes, quarrées, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour limer & dresser des trous quarrés.

Les tiers-point A (fig. 52.) sont des limes d’environ neuf à dix pouces de longueur, à trois côtés en forme de triangle, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour limer & approfondir des angles aigus.

Les queues de rat A (fig. 53.) sont des limes de même grosseur & longueur que les précédentes, rondes en forme de queue de rat dont elles tirent leur nom, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour limer & arrondir des trous ronds.

Les limes d’Allemagne sont des limes en acier trempé, dont la taille est plus fine & mieux faite que celle des précédentes ; elles sont de deux sortes, les unes que l’on appelle limes au paquet, parce qu’elles se vendent ordinairement au paquet, composé de un, deux, trois, quatre, cinq, six, huit, & quelquefois dix, plus petites à proportion que leur nombre augmente ; les autres que l’on appelle limes à queue, parce qu’en effet au-lieu d’avoir une pointe comme les précédentes, elles ont une queue ; elles se divisent comme les autres, en quarrelets (fig. 54.) demi-rondes (fig. 55.) à potence (fig. 56.) à tiers-point (fig. 57.) à queue de rat (fig. 58.) toute depuis un pouce jusqu’à dix & douze de longueur, compris la queue.

Les limes d’Angleterre sont des limes à pointe, dont l’acier & plus fin & de meilleure qualité que celui des précédentes, dont la forme est réguliere, & dont la taille est aussi plus fine & mieux faite que celle de routes les autres ; il en est de deux sortes de tailles ; l’une moyenne, qu’on appelle pour cet effet lime bâtarde, servant à dresser ou abâtardir les ouvrages, c’est-à-dire à les préparer à recevoir le poli ; l’autre plus fine & même très-fine, qu’on appelle lime douce, servant à polir les ouvrages à l’huile ; ces deux especes se divisent aussi comme les autres, en quarreletes (fig. 59. Pl. XXIX.) demi-ron-