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la partie supérieure ayant les barreaux AA, &c. recourbés forme saillie.

La troisieme maniere est de deux sortes, l’une dormante & l’autre battante. La premiere, employée aux mêmes usages & placée dans les mêmes endroits, est de deux especes ; l’une dont les traverses & les barreaux sont à tenons & mortaises arrêtés à demeure sur un chassis assemblé, aussi à tenon & mortaise, & rivé par ses extrémités ; l’autre, fig. 125. employée le plus souvent aux parloirs des couvens de religieuses, dont les traverses AA &c. & les barreaux BB &c. entrelacés & entaillés moitié par moitié forment des quarrés ou losanges égaux, montés ensemble sur un chassis CC assemblé aussi par ses extrémités à tenon & mortaise, & rivé. La seconde sorte, appellée battante, employée pour toute sorte de porte, est à un & deux ventaux, quelquefois à pointe ou à esponton par le haut, quelquefois décorés de frises & couronnemens, accompagnés aussi de pilastres ornés de consoles, de chardons par les côtés ou autrement, selon la situation des lieux.

Celle que représente la fig. 126. destinée à être placée à l’entrée d’une petite cour, d’un petit, &c. est à un seul vantail composé d’un montant de derriere A, portant pivot d’un montant de devant B, de traverses CC, &c. & de barreaux DD, &c. à pointes droites & ondées par en-haut & à tenon, rivés par en-bas.

La fig. 127. Pl. X. représente une grille destinée pour l’entrée d’un château, d’un parc, &c. est à deux vantaux, ayant chacun un chassis composé de montans BB, &c. dont un porte le pivot, & de traverses CC, &c. à couper, dont l’intervalle haut & bas est rempli de barreaux DD, &c. assemblés par chacune de leurs extrémités à tenon & mortoise dans les traverses CC, &c. & le milieu EE d’un compartiment de dessein forment ce qu’on appelle frise ; près de ces vantaux est un pilastre composé de montans FF, &c. dont un porte la crapaudine du pivot de traverses GG, &c. remplies haut & bas de barreaux HH, &c. formans l’un dans les extrémités & son milieu différens compartimens de desseins, & l’autre un cadre, & le milieu I porte une frise composée de deux anses de paniers ; les portes & les pilastres sont surmontés d’une barre de linteau KK, portant le couronnement L de la porte composé d’anse de panier, simples & doubles queues de cochons & ovales, contenant le chiffre du roi, & celui M du pilastre composé d’anse de panier & losanges entrelacés : cette grille est soutenue de chaque côté par une console A subdivisée de chardons de toute espece, remplissant les vuides pour défendre l’entrée aux étrangers.

La deuxieme sorte sont les grilles à panneau, fig. 128. il en est d’autant de formes que les goûts sont différens. Celle-ci destinée pour une église à l’entrée d’un chœur, d’une chapelle, &c. est à deux vantaux, composés chacun de montans FF, &c. & traverses GG, &c. dont l’intérieur est subdivisé de différens compartimens de desseins, comme anses de panier, autres en sautoirs, queues de poireaux ovales, contenant des chiffres, &c. décorés de rinceaux, fleurons, & autres ornemens ; près de chacun desquels est un pilastre tenant de l’architecture, dont le fût HH, &c. subdivisé de barreaux forme des especes de cannelures, la base I est décorée de moulures, & le chapiteau K d’ornemens imitant les feuilles des chapiteaux corinthiens : ces chapiteaux & la frise sont couronnés d’une corniche LL, ornée de moulures, surmontée d’un couronnement fort riche, composé de palmettes, consoles, anses de paniers, queues de cochons, de poireaux, &c. des armes & attributs détaillés de ceux à qui elle appar-

tient, surmonté quelquefois d’une croix ou autre

dessein pyramidal ; le tout décoré de différens ornemens. Il arrive quelquefois que, pour donner du mouvement au plan, on ajoute de chaque côté en avant & en arriere-corps un contre-pilastre composé de montans MM, &c. & traverses NN, &c. subdivisé dans son inférieur de compartimens, avec ornemens, surmontés aussi d’un petit couronnement pyramidal O.

La fig. 129. Pl. XI. représente une grille à deux vantaux, placée à l’entrée du vestibule du château de Maisons près Paris. Cette grille qui, dans son tems, fut regardée comme un des plus beaux morceaux dans son genre, est composée de rinceaux & feuillages AA, &c. têtes d’animaux, masques BB, &c. ovales CC, contenant des figures allégoriques & autres différens ornemens arabesques, bordée tout-autour d’un chassis double DD, &c. assemblée à tenon & mortaise, contenant des cercles entrelacés EE, &c. & de rosettes FF, &c. aux angles & aux milieux.

La fig. 130. représente une grille dormante, telle qu’on en voit autour des chœurs de la plûpart de nos églises, composée de panneaux AA & pilastres BB, surmontés de couronnemens CC, &c. le tout en compartiment de desseins décorés d’ornemens, posée sur un appui DD, &c. en menuiserie, pierre ou marbre.

La fig. 131. Pl. XII. est un couronnement des plus riches qu’on puisse voir destiné à être placé au-dessus d’une grille de chœur d’église, composé de compartimens, d’ornemens, des armes de France ; & leurs attributs, de palmes, feuillages, cornets d’abondance, & autres allégories, surmonté d’une croix ou autre sujet pyramidal décoré d’ornemens.

La fig. 132. est un vase AA orné de moulures & de différens ornemens des mieux choisis, élevés sur un socle BB, servant d’amortissement au chapiteau CC d’un pilastre décoré de feuillages, caulicoles & volutes.

Les fig. 133. & 134. sont des potences ou porte-enseignes, faits en effet pour porter des enseignes, dont l’une, fig. 133. destinée pour la maison d’un marchand de vin, est composée de consoles B arrêtées sur une barre de fer A, tournant à pivot ou à demeure, portant un masque C, de la bouche duquel sort un sep de vigne D chargé de ses fruits & de ses feuilles ; figures symboliques artistement arrangées, & qui se tourmentent autour d’une grande console saillante EE, dont l’extrémité divisée en deux parties porte un plateau F, sur lequel est un bélier G, servant d’enseigne à la maison. L’autre potence, fig. 134. est composée d’anses de panier, simples & doubles, de consoles ovales, queues de cochons, de poireaux, graines, &c. décorés d’ornemens ; à l’un des côtés de laquelle pendent deux esses AA pour porter l’enseigne, arrêtées ensemble de riveures & prisonniers sur une barre de fer B, portant par chacune de ses extrémités un vase C orné de moulures, & tournant à pivot sur des lassets DD scellés dans le mur.

Tous ces ouvrages joints à quantité d’autres que nous voyons tous les jours, tels que les grille, du chœur de l’église métropolitaine de Paris ; celles du chœur de l’église de S. Denis en France ; celles derriere le chœur de l’église S. Germain l’Auxerrois ; celles du chœur de l’église S. Roch, la rampe de la chaire de la même église ; un dossier d’œuvre dans l’église de S. Nicolas des Champs, sont autant d’ouvrages dignes de servir d’exemples à la postérité, & font voir en même tems jusqu’à quel point l’on a porté l’art de Serrurerie, sur-tout depuis ces derniers siecles. On voit dans l’église patriarchale de Lisbonne en Portugal trois grilles faites à Paris vers