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Les formes pour hommes se divisent en cinq especes. La premiere, fig. 8. appellée à la mariniere ou à talon de cuir, est celle dont le bout du pié A est en pointe, & qui étant droite sur sa longueur est faite pour servir de moule aux souliers qui doivent porter talon de cuir, on les appelle ainsi, parce que les mariniers les ont inventées comme moins sujetes que les autres à faire glisser. La deuxieme, fig. 9. appellée en pié de pendu, parce que les piés de pendus prennent à-peu-près cette figure, est celle dont le bout du pié A est en pointe basse, & qui au-lieu d’être droite comme la précédente est renflée vers le coup de pié B ; elle est faite pour servir de moule aux souliers qui doivent porter un talon de bois fort élevé. La troisieme, fig. 10. appellée en demi pié de pendu, est celle dont le bout du pié A, aussi en pointe basse, est un peu moins renflée qu’à la précédente vers le coup de pié B, elle est faite pour servir de moule aux souliers qui doivent porter un talon de bois d’une demi-hauteur. La quatrieme, fig. 11. appellée en rond, est celle dont le bout du pié A est arrondi, cambré & droit sur sa longueur : cette forme est assez ordinairement grossiere, & faite pour servir de moule aux souliers des paysans, portefaix, &c. La cinquieme, fig. 12. appellée en demi-rond, est celle dont le bout du pié A est à demi-arrondi, & plus cambré que celui de la précédente, & aussi droit sur sa longueur.

Les formes pour femmes destinées à servir de moules à des souliers dont les talons sont fort élevés, & dont les bouts sont plus pointus que ceux des dernieres formes, ont pour cette raison le bout du pié un peu cambré, & sont en général plus petites que les autres. On les divise en huit especes. La premiere, fig. 13. appellée à la mariniere ou talon de cuir. La deuxieme, fig. 14. appellée en pié de pendu. La troisieme, fig. 15. appellée en demi-pié de pendu. La quatrieme, fig. 16. appellée en rond ; & la cinquieme, fig. 17. appellée en demi-rond, sont toutes à-peu-près de même figure que celles qui sont faites pour les souliers d’hommes. La sixieme, fig. 18. appellée cambrée, est celle dont le bout du pié A est très-cambré, & le coud de pié B fort élevé ; elle est faite pour servir aux souliers qui doivent porter des talons les plus hauts possibles. La septieme, fig. 19. appellée demi-cambrée, est celle dont le bout du pié A est un peu moins cambré que celui de la précédente, & le coup de pié B un peu élevé ; elle est faite pour servir de moule à des souliers dont les talons sont à la vérité moins élevés que ces derniers, mais néanmoins fort hauts. La huitieme, fig. 20. appellée à talon de bois plat, est celle qui étant droite sur sa longueur, est destinée aux souliers qui doivent porter des talons de bois plats : cette forme ordinairement grossiere est faite pour monter les souliers des paysanes, blanchisseuses, &c.

Il est encore une infinité d’autres formes, qu’on appelle composées, & qui sont en effet composées des figures des autres, selon le goût des cordonniers & de ceux qui leur font faire des souliers.

Des formes brisées. Les formes brisées sont aussi de deux sortes ; les unes, fig. 21, 22, 23, 24, & 25, pour aggrandir, ou mettre en forme, les souliers d’hommes ; & les autres, fig. 26, 27, 28, 29, & 30, pour aggrandir ou mettre en forme ceux des femmes ; les unes & les autres sont comme les simples, à la mariniere, en pié & demi-pié de pendu, en rond & demi-rond, cambrées & demi-cambrées, à talon de bois plat, &c.

Les formes brisées pour hommes, sont composées de deux demi-formes, fig. 21 & 22, portant chacune sur leur longueur, une feuillure AA formant trois losanges lorsque les deux demi-formes sont jointes ensemble, & placées dans le soulier

qu’on veut mettre en forme, au-travers duquel on enfonce à force une clé quarrée, fig. 23. ou applatie, fig. 24. faisant partie de la forme brisée ; ce qui, par ce moyen, donne plus de largeur au soulier : la fig. 23. en représente la clé quarrée ; c’est une piece de bois quarrée & en demi-pointe A, garnie de sa tête aussi quarrée B ; la fig. 24. en représente la clé applatie ; c’est une piece de bois méplate, arrondie sur les deux champs AA, en losange & pointue en B, pour lui donner de l’entrée ; la fig. 25. représente la forme brisée entiere, composée de toutes ses pieces montées ensemble ; AA en sont les demi-formes, & B la clé.

Les formes brisées pour femmes, quoique plus petites que les autres, sont aussi composées de deux demi-formes, fig. 26 & 27 ; mais dont la feuillure AA, au-lieu d’être sur la longueur, est disposée obliquement, allant de la cheville à la semelle du pié : on s’en sert de la même maniere, en enfonçant la clé entre les deux. La fig. 28. en représente la clé quarrée, A en est la tige quarrée, & B la tête aussi quarrée. La fig. 29. en représente la clé applatie, AA en sont les champs arrondis, & B la pointe en losange. La fig. 30. représente la forme brisée entiere, garnie de toutes ses pieces, AA en sont les demi-formes, & B la clé.

Des embouchoirs. Les embouchoirs sont des especes de formes brisées, destinées à emboucher ou monter les bottes & bottines ; il en est de deux sortes, les unes à pié, les autres sans pié ; celles-ci sont les plus ordinaires & celles dont les cordonniers se servent le plus souvent ; les unes & les autres sont composées de deux pieces de bois, formant ensemble la forme d’une jambe jusqu’au dessous du genou, dont l’une, fig. 31. garnie de feuillure A pour conduire la clé, porte le derriere du genou, B le mollet C & le talon D ; & l’autre fig. 32. garnie aussi de feuillure, A porte le genou, B le devant de la jambe, C le coup de pié D & quelquefois le pié entier E ; fig. 33. que l’on ajoute au bout, séparées l’une & l’autre par une clé, fig. 34. méplate & en forme de coin garnie de ses languettes AA pour la conduire, que l’on enfonce à force, comme celle des formes brisées, faites pour élargir les bottes & donner au cuir la forme du moule. La fig. 35. représente l’embouchoir entier, garni de toutes ses pieces, AA en sont les demi-formes, & B la clé.

Il est d’autres embouchoirs aussi, pour monter les bottes, mais dont on se sert fort rarement, qui au-lieu d’être coupés comme les précédens, le sont en sens contraire ; ils sont composés de deux demi-formes, fig. 36, 37, ou 38. & de clé applatie garnie de languette A A fig. 39. La fig. 40. la représente entiere, garnie de toutes ses pieces, AA en sont les demi-formes, & B la clé.

Les embouchoirs pour monter les bottines, ou petites bottes en brodequins, ne différent des précédens que parce qu’ils sont coupés vers le milieu, & ne vont que jusque vers la moitié de la jambe ; ils sont de deux demi-formes, fig. 41 & 42. La fig. 43. en représente un garni de toutes ses pieces ; AA en sont les demi-formes, & B la clé.

Des Bouisses. Les bouisses, autre ouvrage qui regarde aussi l’art du formier, sont des especes de sébilles de toute grandeur, & de même bois que les formes faites pour servir aux cordonniers à emboutir le cuir des semelles ; il en est pour hommes & pour femmes, & de deux sortes ; la premiere, fig. 44, est une piece de bois, d’environ neuf à dix pouces de longueur, à trois quarres en A, creusée en B, en forme de calotte ovale propre à emboutir le cuir, garnie d’un manche C, par où on la tient lorsque l’on emboutit ; la deuxieme fig. 45, est une piece de bois de quelque forme que ce soit, creusée