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passages, elle ouvre les pores, les fibres, les couloirs, & tous les canaux des branches pour y faire éruption, & en faire percer quantité à-travers cette peau.

M. Dargenville, un de nos collegues, qui a traité dans ce Dictionnaire, de l’Hydraulique & de toutes les parties du Jardinage, en nous envoyant ces deux articles & le suivant, nous prie d’avertir le public, qu’il se réserve à parler dans son lieu de la taille des arbres fruitiers & de leur gouvernement conformément à la maniere des gens de Montreuil, qui ont long-tems gardé leur méthode sans la vouloir communiquer à qui que ce soit. Enfin par les soins de M. l’abbé Roger, qui depuis plus de quarante ans a fait des études particulieres sur la végétation, on sera bien-tôt instruit de leur maniere de tailler & de gouverner les arbres fruitiers, particulierement les pêchers. Il nous donnera incessamment sept vol. in-12. sur cette matiere, compris un dictionnaire des termes du Jardinage & un catéchisme complet de cet art par demandes & par réponses.

Cette nouvelle méthode établie sur ce que la physique a de plus certain, confirmée par une très longue expérience, est entierement opposée à l’ancienne : on n’en donnera ici qu’une seule preuve.

Tous nos jardiniers sont dans l’usage de couper sur les pêchers les branches qu’ils appellent gourmandes, comme emportant toute la seve d’un arbre, & affamant & appauvrissant les branches voisines. Ils donnent par cette raison le nom de larrons à ces gourmands. Les nouveaux jardiniers au-contraire, pénétrant les intentions de la nature, réservent ces branches gourmandes, & profitent de l’abondance de leur seve pour former des arbres vigoureux, capables de produire de beaux fruits & en quantité.

Ce seul exemple suffit pour faire connoître la différence de ces deux méthodes, & combien cette derniere est supérieure. Elle détruit entierement tout ce que nous ont enseigné la Quintinie, Liger, le frere François, la Maison-Rustique, & les livres anglois de Brandelay, de Miller, Jean Lawrence & autres. La nature dévoilée dans ce qu’elle a de plus secret se manifeste ici de toutes parts, & l’on ne peut se refuser à l’évidence & à l’excellence de cette méthode. (K) Voyez Taille des arbres.

CERCLE, terme de Bijoutier, se dit, de quelque forme qu’il soit, de tout carré destiné à retenir un portrait dans une tabatiere ; il est ordinairement composé de trois biseaux formés à la lime, deux en dessus, & un en dessous. Le biseau du dehors vient s’introduire sous le carré régnant au fond du couvercle de la tabatiere, & se reposer contre un autre biseau formé en-dessous dudit carré ; celui du dedans sert à découvrir la glace du portrait, & l’angle de ces deux biseaux venant se joindre à celui du carré de la tabatiere, cette disposition diminue à l’œil l’épaisseur choquante que lui offriroit la surface de ces deux carrés ; celui du dessous vient reposer sur le biseau formé à la glace, & lui donne tout le jeu dont elle a besoin.

CÉRYCES, les, (Littér. greq.) en grec κήρυκαι, famille sacerdotale, ainsi nommée, parce qu’elle descendoit de Céryx. Elle avoit, comme les Eumolpides, ses fonctions réglées à la fête d’Eleusis, c’est-à-dire, aux mysteres de Cérès. Ce ne sont point des hérauts, præcones, quoique le grand nombre des interprêtes d’Eschine aient concerté de traduire ainsi le mot κήρυκας. La raison toujours supérieure à l’autorité, doit faire rejetter leur interprétation, parce qu’il n’est pas vraissemblable qu’Eschine ait voulu placer les hérauts dans une énumération de prêtres, de prêtresses, & de familles sacerdotales. Ce qui a le plus contribué à induire en erreur sur ce point, c’est qu’outre que le mot κῆρυξ signifie à-la-fois héraut &

céryce, ce nom n’a pas la terminaison patronimique. Cérycide tromperoit moins de monde. Tourreil. (D. J.)

CHARGER, terme d’Orfevrerie en général, est l’opération d’arranger les paillons de soudure sur une piece, & de les couvrir de borax pour en faciliter la fusion ; l’arrangement des paillons, & la quantité du borax décident ordinairement la propreté du souder d’une piece, en y joignant cependant le degré de feu convenable.

Charger, terme d’Emailleur, se dit de l’arrangement des grains d’émaux sur les pieces ; plus les grains sont serrés, & moins l’émail est sujet à produire des œillets ou porures à la fusion.

CHARITÉ DE MONTOIRE, sœurs de la, (Hist. ecclés.) ainsi nommées à cause que leur premier & principal établissement est à Montoire, petite ville dans le bas Vendomois, diocèse du Mans. Elles ont été établies il y a environ cent ans, par M. Moreau, prêtre, curé de Montoire ; elles sont répandues dans plusieurs paroisses de différens diocèses du royaume, où elles tiennent les écoles de charité pour les petites filles, visitent & soulagent les pauvres malades chez eux ; elles suivent la regle de saint Augustin, font des vœux perpétuels, & n’observent point la clôture à-cause de la visite des malades ; elles ont des bulles du pape & des lettres-patentes du roi bien enregistrées pour la solidité de leur établissement. M. l’évêque du Mans est leur supérieur né ; elles ont aussi une supérieure générale qui fait sa résidence à Montoire, & dont l’élection se fait par scrutin tous les trois ans, sous la direction de leur supérieur, ou d’un commissaire nommé de sa part pour cette élection.

CHAT, s. m. (Archit. milit.) espece de tour de Bois qui servoit anciennement dans ce royaume, à porter des soldats en sureté pour assiéger des places.

Nous apprenons de Froissart, de Joinville, & de quelques autres historiens, qu’avant la découverte de la poudre & l’usage des canons, on se servoit pour s’approcher des villes assiégées de certaines machines faites en forme d’une tour à plusieurs étages, d’où les soldats tiroient leurs fleches à ceux qui gardoient les remparts : ces tours s’appelloient des chats ; c’étoit proprement des galeries couvertes que l’on approchoit des murs de la ville ennemie pour les renverser, comme le dit Guillaume le Breton en ces termes :

Hunc faciunt reptare catum, tectique sub illo
Suffodiunt murum.

Pour défendre le chat on élevoit devant, derriere, & aux côtés d’autres machines, qui recevant les pierres & les feux des assiégés, mettoient à couvert celle-ci, qui ainsi soutenue, se nommoit chat-chatel, c’est-à-dire chat fortifié d’un château.

Comme on nommoit chat-faux ces machines de défense, on a appellé dans la suite échafaux toutes les machines de bois que l’on éleve sur des piliers de bois pour voir de plus loin, & voilà l’origine de notre mot échafaud.

Nous trouvons dans le recueil des pieces concernant l’histoire de Bourgogne par M. Pérard, un acte de 1403, où il est dit que le maire de Dijon fit élever « un chatfaut de bois, & au pied d’icelui un feu, auquel chatfaut a été monté Poncet de Soulier condamné pour ses démérites à ardoir. » (D. J.)

CHEVALET, terme d’Emailleur, est une planche de cuivre sur laquelle il arrange ses émaux, & qui par sa forme en pente facilite l’écoulement de l’eau qui peut être restée lors des lorions préparatoires.

Chevalet, terme de Bijoutier, est un morceau de buis limé en triangle applati, sur l’angle duquel on pose une tabatiere ouverte sur la longueur de la