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Verd d’iris, (Arts.) espece d’extrait qu’on tite de l’iris à fleurs bleues, iris vulgaris violacea hortensis & sylvestris, & qui sert à peindre en miniature ; cette couleur tendre peut se faire de la maniere suivante.

Cueillez de grand matin avant le lever du soleil des plus belles fleurs d’iris, séparez-en la partie extérieure qui est verte & satinée, & ne vous servez que de cette partie. Pilez-la dans un mortier de verre, versez ensuite par-dessus quelques cueillerées d’eau dans laquelle vous aurez fait fondre un peu d’alun & de gomme ; broyez bien le tout ensemble, jusqu’à ce que votre eau ait la couleur & la consistence nécessaire ; ensuite passez ce jus dans un linge fort, mettez-le dans des coquilles, & laissez-le sécher à l’ombre. (D. J.)

Verd de vessie, (Arts.) pâte dure qu’on prépare avec le fruit de nerprun.

Pour faire cette pâte, on écrase les baies du nerprun quand elles sont noires & bien mûres ; on les presse, & l’on en tire le suc qui est visqueux & noir ; on le met ensuite évaporer à petit feu sans l’avoir fait dépurer, & l’on y ajoute un peu d’alun de roche dissout dans de l’eau, pour rendre la matiere plus haute en couleur & plus belle ; on continue un petit feu sous cette liqueur, jusqu’à ce qu’elle ait pris une consistence de miel ; on la met alors dans des vessies de cochon ou de bœuf qu’on suspend à la cheminée, ou dans un autre lieu chaud, & on l’y laisse durcir pour la garder ; les Teinturiers & les Peintres s’en servent.

On doit choisir le verd de vessie dur, compact, pesant, de couleur verte, brune ou noire, luisant extérieurement ; mais qui étant écrasé ou pulvérisé, devienne tout-à-fait verd, & d’un gout douçâtre.

Verd, (Maréchal.) on appelle ainsi l’herbe verte que le cheval mange dans le printems ; mettre un cheval au verd, c’est le mettre pâturer l’herbe pendant le printems ; donner le verd, voyez Donner.

Verd, en termes de Blason, signifie la couleur verte. Voyez Verd & Couleur. On l’appelle verd dans toutes les armoiries de ceux qui sont au-dessous du degré des nobles ; mais dans les armoiries des nobles, on l’appelle émerande, & dans cedes des rois, on l’appelle vénus.

Dans la Gravûre on le marque par des diagonales ou des hachures qui prennent de l’angle dextre du chef à l’angle senestre de la pointe. Voyez les Pl. de Blason.

En France les hérauts d’armes lui donnent le nom de synople.

Verd bonnet, (Jurisprud.) voyez ci-devant Bonnet verd, & Banqueroute, Banqueroutier. (A)

Verds et Bleus, (Hist. rom.) on nomma verds & bleus, deux partis qui régnoient à Rome, & qui tiroient leur origine de l’affection que l’on prend dans les théatres pour de certains acteurs plutôt que pour d’autres. Dans les jeux du cirque, les chariots dont les cochers étoient habillés de verd, disputoient le prix à ceux qui étoient habillés de bleu, & chacun y prenoit intérêt avec passion. Suétone rapporte que Caligula attaché à la faction des verds, haïssoit le peuple, parce qu’il applaudissoit à l’autre parti.

Ces deux factions qui se répandirent dans toutes les villes de l’empire, étoient plus ou moins furieuses à proportion de la grandeur des villes, c’est-à-dire, de l’oisiveté d’une grande partie du peuple. On voit sous Justinien les habitans de Constantinople divisés avec acharnement pour les bleus ou les verds.

Mais les divisions toujours nécessaires dans un gouvernement républicain pour le maintenir, ne pouvoient être que fatales à celui des empereurs ;

parce qu’elles ne produisoient que le changement du souverain, & non le rétablissement des lois, & la cessation des abus.

Justinien qui favorisa les bleus, & refusa toute justice aux verds, aigrit les deux factions, & par conséquent les fortifia. Pour prendre une idée de l’esprit de ces tems-là, il faut voir Théophanes, qui rapporte une longue conversation qu’il y eut au théatre entre les verds & l’empereur.

Ces deux factions allerent jusqu’à anéantir l’autorité des magistrats : les bleus ne craignoient point les lois, parce que l’empereur les protégeoit contre elles ; les verds cesserent de les respecter, parce qu’elles ne pouvoient plus les défendre.

Tous les liens d’amitié, de parenté, de devoir, de reconnoissance, furent ôtés ; les familles s’entredétruisirent ; tout scélérat qui voulut faire un crime, fut de la faction des bleus ; tout homme qui fut volé ou assassiné, fut de celle des verds. Grandeur des Romains.

VERDELLO, (Hist. nat.) nom donné par les Italiens à un marbre verd.

Ils donnent aussi ce nom à une pierre verte plus dure que le marbre, dont les orfévres d’Italie se servent pour toucher ou essayer l’or & l’argent. Voyez Touche, pierre de.

VERDERE, voyez Verdier.

VERDEREULE, voyez Verdier.

VERDERIE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) office de verdier ou gruyer, officier préposé pour la conservation des eaux & forêts. Voyez ci-après Verdier. (A)

VERDET ou VERD-DE-GRIS, (Teint.) Voyez Verd-de-gris.

VERDEUR, VERDURE, (Gram. franç.) verdeur signifie proprement la seve qui est dans les plantes, & l’âprete des fruits qui ne sont pas dans leur maturité.

On dit du vin fait de raisins qui n’étoient pas bien mûrs, qu’il a de la verdeur ; pour verdure, il signifie d’ordinaire la couleur verte des plantes ; la verdure des près ; la verdure des feuilles. Ce mot se prend aussi pour les plantes & les herbes mêmes ; se coucher sur la verdure ; joncher les rues de verdure ; des ouvrages de verdure.

On appelle encore verdure une tapisserie de paysages où le verd domine, & qui représente principalement des arbres ; voila une charmante verdure.

Les jardiniers appellent verdures, les plantes dont la bonté & l’usage consistent dans la feuille, comme l’oseille, le persil, &c.

Verdeur se dit au figuré de la vigueur de la jeunesse. On voït quelques vieillards qui ont encore de la verdeur. (D. J.)

VERDIER, Verdrier, Verdun, Verdereule, Verdere, Bruyan, Bruan, s. m. (Hist. nat. Ornitholog.) chloris, Aldrovand. Wil. Oiseau à-peu-près de la grosseur du moineau, il a cinq pouces six lignes de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & neuf pouces d’envergure ; la longueur du bec est de six lignes & demie ; les aîles étant pliées, s’étendent un peu au-delà du milieu de la longueur de la queue. La tête, la face supérieure & les côtes du cou sont d’un verd d’olive mêlé d’un peu de cendré ; il y a de chaque côté de la tête entre le bec & l’œil, une tache d’une couleur cendrée foncée. Les plumes du croupion, du dessus de la queue, de la poitrine, de la gorge & de la face inférieure du cou, sont d’un verd d’olive tirant sur le jaune. Le haut du ventre & les jambes ont une couleur jaune, le bas-ventre est d’un bleu mêlé d’une légere teinte de jaune. Les plumes du dessous de la queue ont une couleur jaune mêlé de cendré ; celle de la face inférieure des aîles, & le bord de chaque