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ce port qu’arrivoient les nouvelles qu’on apportoit de Candie au grand-seigneur, aussi-bien que les lettres qui lui venoient d’Asie & d’Afrique : enfin, c’est encore près de-là, je veux dire au voisinage du promontoire Sépias, que s’est fait le plus grand naufrage dont on ait entendu parler dans l’histoire du monde ; car Xerxès y perdit 500 vaisseaux par une tempête qui arriva d’un vent d’est. (D. J.)

VOLONES, (Hist. anc.) est le nom que les anciens Romains donnerent aux esclaves, qui dans la seconde guerre punique, vinrent s’offrir pour servir la république dans ses armées, parce qu’elle manquoit d’un nombre suffisant de citoyens. Voyez Esclaves.

On croit que le nom de volo, volones, fut donné à ces esclaves, parce qu’ils s’étoient présentés volontairement. Festus met cet événement après la bataille de Cannes ; mais Macrobe, sat. lib. I. cap. ij. le place avant cette bataille.

Jules Capitolin dit, que l’empereur Marc-Aurele forma des légions d’esclaves, qu’il appella volontaires, & que dans la seconde guerre punique ces troupes avoient été appellées volones.

Cependant Auguste avoit déja donné le nom de volontaires aux troupes qu’il avoit formées des affranchis, comme nous l’assure Macrobe à l’endroit qu’on vient de citer.

VOLOCK, (Géog. mod.) ville de l’empire Russien, dans la province de Rzeva, aux confins du duché de Moskou, au bord de la forêt de Wolkouskile. (D. J.)

VOLONTAIRE, adj. terme d’Ecole ; la plûpart des philosophes emploient le mot volontaire dans le même sens que celui de spontanée, & ils l’appliquent à ce qui procede d’un principe intérieur, accompagné d’une parfaite connoissance de cause : comme lorsqu’un chien court à son manger, ils disent que c’est-là un mouvement volontaire.

Aristote & ses sectateurs restraignent le terme de volontaire aux actions produites par un principe intérieur qui en connoît toutes les circonstances. Ainsi pour qu’une action soit volontaire, ils demandent deux choses ; la premiere, qu’elle procede d’un principe intérieur ; comme lorsqu’on se promene pour se divertir, ils disent que cette action est volontaire, parce que c’est un effet de la volonté qui commande, & de la faculté mouvante qui obéit, l’une & l’autre étant des principes intérieurs. Au contraire, le mouvement d’un homme que l’on traîne en prison est une action involontaire, parce qu’elle ne part ni de sa volonté, ni de sa faculté mouvante.

La seconde condition, est que celui qui fait l’action en connoisse la fin & les circonstances ; & dans ce sens-là, les actions des bêtes brutes, des enfans, & de ceux qui dorment ne sont pas proprement des actions volontaires.

Volontaire, adj. dans l’éconemie animale, se dit des mouvemens qui dépendent de la volonté. Voyez Mouvement.

Les mouvemens volontaires sont exécutés par les esprits animaux ; l’ame n’est qu’une cause déterminante de ces mouvemens. L’ame raisonnable détermine par ses volontés décisives les mouvemens volontaires & libres des hommes. Les mouvemens volontaires dépendent de la faculté déterminante que l’ame exerce sur le corps. Le sommeil suspend les mouvemens volontaires. Les mouvemens volontaires peuvent être supprimés dans une partie sans que le sentiment soit éteint.

Volontaire jurisdiction, (Jurisprud.) Voyez Jurisdiction volontaire. (A)

Volontaire, s. m. (Gram. & Art milit.) celui qui entre dans un corps de troupe, librement, sans

solde, sans pacte, sans rang fixe, seulement pour servir son roi, son pays, & apprendre le métier de la guerre.

Volontaire, adj. (Gram. Morale.) on donne le nom de volontaire à un enfant qu’on ne fait obéir que par la violence, & qui suit, indépendamment de son devoir & de ses supérieurs, tous les caprices de son esprit.

VOLONTÉ, s. f. (Gram. & Philosophie morale.) c’est l’effet de l’impression d’un objet présent à nos sens ou à notre réflexion, en conséquence de laquelle nous sommes portés tout entiers vers cet objet comme vers un bien dont nous avons la connoissance, & qui excite notre appétit, ou nous en sommes éloignés comme d’un mal que nous connoissons aussi, & qui excite notre crainte & notre aversion. Aussi il y a toujours un objet dans l’action de la volonté ; car quand on veut, on veut quelque chose ; de l’attention à cet objet, une crainte ou un desir excité. De-là vient que nous prenons à tout moment la volonté pour la liberté. Si l’on pouvoit supposer cent mille hommes tous absolument conditionnés de même, & qu’on leur présentât un même objet de desir ou d’aversion, ils le desireroient tous & tous de la même maniere, ou le rejetteroient tous, & tous de la même maniere. Il n’y a nulle différence entre la volonté des fous & des hommes dans leur bon sens, de l’homme qui veille & de l’homme qui rêve, du malade qui a la fievre chaude & de l’homme qui jouit de la plus parfaite santé, de l’homme tranquille & de l’homme passionné, de celui qu’on traine au supplice ou de celui qui y marche intrépidement. Ils sont tous également emportés tout entiers par l’impression d’un objet qui les attire ou qui les repousse. S’ils veulent subitement le contraire de ce qu’ils vouloient, c’est qu’il est tombé un atome sur le bras de la balance, qui l’a fait pancher du côté opposé. On ne sait ce qu’on veut lorsque les deux bras sont à-peu-près également chargés. Si l’on pese bien ces considérations, on sentira combien il est difficile de se faire une notion quelconque de la liberté, sur-tout dans un enchaînement de causes & des effets, tels que celui dont nous faisons partie.

Volonté en Dieu, (Théolog.) c’est l’attribut par lequel Dieu veut quelque chose.

Quoique cette volonté soit en Dieu, comme son entendement, un acte très-simple, & qui n’est pas distingué de la nature divine, cependant proportionnellement aux différens objets vers lesquels se porte cette volonté, & pour s’accommoder à notre maniere de concevoir, les théologiens distinguent en Dieu diverses sortes de volontés.

Ils la divisent donc en volonté de signe & volonté de bon plaisir, volonté antécédente & volonté conséquente, volonté efficace & volonté inefficace, volonté absolue & volonté conditionnée.

Ils appellent volonté de signe celle que Dieu nous fait connoitre par quelque signe extérieur, comme les conseils, les préceptes qu’on appelle par métaphore la volonté de Dieu. Aussi convient-on généralement que cette volonté n’est que métaphorique. Les théologiens en distinguent cinq especes, savoir le précepte, la prohibition, la permission, le conseil & l’opération : ce qu’ils expriment par ce vers technique :

Præcipit & prohibet, permittit, consulit, implet.

La volonté de bon plaisir est une volonté intérieure & réelle qui réside en Dieu. C’est celle dont l’apôtre a dit : ut probetis qua sit voluntas Dei bona & beneplacens & parfecta. Rom. xij. v. 2. La volonté de bon plaisir est toujours jointe à celle de signe dans ce que Dieu opere ; elle y est quelquefois jointe, & quel-