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nombre de quatre seulement ; deux d’un des côtés du manche, deux de l’autre côté. Il n’y avoit que quatre cordes non plus, deux desquelles s’appelloient les bourdons, qu’on mettoit à l’unisson ou à l’octave. Les deux autres cordes s’étendent tout le long du manche, & sont la fonction de monochorde, rendant toutes sortes de sons par le moyen des marches. On peut multiplier à la vielle le nombre des cordes, des touches, & des marches, tant que l’on voudra. Si l’on a six bourdons qui fassent l’octave, la douzieme, la quinzieme, la dix-septieme, & la dix-neuvieme, on variera l’harmonie à l’infini, en appliquant ou approchant ceux qu’on voudra de la roue qui sert d’archet aux bourdons & aux autres cordes. Il faut que cette roue-archet soit bien polie, & frottée de colophane. Chaque marche du clavier de la vielle a deux petits morceaux de bois perpendiculaires ; on les nomme touches : les touches servent à toucher deux cordes à-la-fois ; ces deux cordes sont à l’unisson ; les touches sont pressées en-dessous du clavier par les doigts de la main gauche, & appliquées ou à l’archer ou à la roue ; la main droite conduit la manivelle. Lorsque les doigts cessent de pousser les touches, elles s’éloignent d’elles-mêmes des cordes, retombent & ne les pressent plus. Le clavier dans son entier ressemble à une petite caisse élevée sur la table ; c’est dans cette caisse que sont logées les branches des marches & leurs touches. Elle est antée & collée sur la table sous laquelle est le corps concave ; un couvercle la couvre & cache le clavier ; la roue a aussi le sien ; il y a un chevalet, proche de la roue ; il a ses coches un peu plus basses que la surface supérieure de la roue ; deux autres chevalets placés de côté servent à limiter la longueur des cordes de bourdon ; cet instrument a son ouie placée à l’extrémité inférieure à l’un des angles ; les cordes portent de petits flocons de coton à l’endroit où elles touchent la roue ; c’est un moyen d’adoucir le frottement & le son ; la manivelle de la roue est à l’extrémité de l’instrument opposée au chevalet ; la roue est suspendue partie dans le corps concave de l’instrument, partie hors de ce corps.

Les instrumens à vent ont leur coup de langue ; les instrumens à archet leur coup d’archet ; la vielle son coup de poignet, qui se donne sur la premiere croche de deux en deux ; le notes d’agrément s’exécutent sur le même tour de roue, de la valeur de la note avec laquelle elles sont liées.

Dans les cas où la ronde forme la mesure, il y a deux tours de roue pour la ronde, ou quatre tours ; les tours de roue varient selon la mesure, le mouvement, le caractere de l’air, & la nature des notes qui se trouvent dans le courant de la piece.

Il y a des vielles faites en corps de luth, & d’autres en corps de guitarre ; les premieres ont plus de force ; les secondes ont plus de douceur.

Le clavier est composé de treize touches noires, & de dix blanches ; son étendue ordinaire est de deux octaves, du sol à vuide, au sol d’en-haut.

L’instrument s’accorde en C sol ut & en G ré sol ; les deux seuls tons dans lesquels il joue.

Pour l’accorder en C sol ut, majeur ou mineur, on met les deux chanterelles à l’unisson, & leur son est un sol ; la trompette s’accorde à la quinte au-dessus des chanterelles, & le son qu’elle rend est ut ; la mouche s’accorde à l’octave au-dessus des chanterelles, & à la quarte au-dessous de la trompette, & donne sol ; le petit bourdon s’accorde à l’octave au-dessous de la trompette, & à la quinte au-dessous de la mouche, & sonne ut : on ne se sert pas du gros bourdon en C sol ut.

Pour l’accorder en G ré sol, majeur ou mineur ; les deux chanterelles sonneront sol ; la trompette sonnera ré, quinte de sol ; la mouche comme en C

sol ut ; le gros bourdon, le seul dont on se sert, sonne l’octave sol au-dessous de la mouche, & la double octave au-dessous des chanterelles.

On appelle chanterelles, les deux seules cordes qui passent dans le clavier ; les autres cordes ne sont que pour l’accord ; la trompette est la corde posée sur un petit chevalet, à laquelle est attachée une autre petite corde très-fine, répondante à une petite cheville que l’on tourne plus ou moins, selon qu’on veut faire battre la trompette ; la mouche est la corde au-dessus de la trompette ; le petit bourdon, la corde filée en laiton la plus fine ; le gros bourdon ou la grosse mouche, la corde filée en laiton la plus grosse.

On donne six cordes filées en laiton aux vielles en corps de luth, & quatre aux vielle ; en corps de guitarre.

Pour l’accord des six cordes de laiton, les deux premieres, ou les plus fines, sonneront l’unisson des chanterelles ; les deux moyennes, la tierce au-dessous des fines ; & les deux grosses, la quinte au-dessous des fines, & la tierce au-dessous des moyennes.

Pour l’accord des quatre cordes de laiton, les deux fines fournissent l’unisson des chanterelles ; la moyenne, la tierce au-dessous des fines ; & la grosse, la quinte au-dessous des fines, & la tierce au dessous de la moyenne.

La vielle a son doigter, sur lequel on peut consulter l’ouvrage de M. Bouin, imprimé chez Ballard.

Le mouvement de la roue se divise en un tour entier, en deux demi-tours, en deux quarts & un demi-tour ; en un demi-tour & deux quarts ; en trois quarts liés ; en trois quarts détachés ; en quatre quarts ; en huit huitiemes ; en trois tiers égaux, & en deux quarts & un demi ; division qui a rapport aux valeurs des notes.

Les coups de poignet dépendent souvent du caractere de la piece & du goût du musicien.

Les cadences se font toutes du premier doigt qui bat la note au-dessus de celle sur laquelle la cadence est marquée, & qui est touchée par le second doigt.

Les autres agrémens suivent les lois ordinaires des autres instrumens. Voyez nos Planches de Lutherie.

Vielle, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourgade de France dans la Gascogne, au Tursan, & sur le ruisseau de Das. (D. J.)

VIELLEUR, s. m. (Hist. nat. Insectol. exotiq.) notre ver luisant est bien inférieur à celui de Surinam, qui mérite d’ailleurs d’être connu à cause de la singularité de son caractere, suivant la description qu’en fait mademoiselle Merian.

Cet animal, dans son état rampant, doit avoir en grand une forme approchante de celle qu’ont dans le même état, nos sauterelles prises en petit : on lui voit pareillement une longue trompe, dont il se sert pour sucer les fleurs de grenades, & cette trompe lui reste toute sa vie.

Après s’être défait d’une peau, il change de forme & paroît sous celle d’une grande mouche verte, qui ressemble en gros à la cigale ; son vol est alors très-rapide, & le bruit qu’il fait de ses aîles imite le son d’une vielle, ce qui lui a fait donner en cet état le nom de liereman ou vielleur.

Quoique selon le cours ordinaire de la nature, un insecte après être devenu aîlé ne subisse plus de changement ; celui-ci, suivant le témoignage des Indiens, que mademoiselle Mérian dit avoir en partie vérifié par sa propre expérience, subit encore une derniere transformation qui le rend lumineux, & lui donne le nom de lautarendraeger, ou de porte-lanterne.

Dans cette transformation, & d’autres changemens plus légers qui arrivent à son corps & à ses aîles, il lui sort du devant de la tête une vessie très-longue, colorée de traces rougeâtres & verdâtres, trans-