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particuliers veulent se charger de rentes viageres, il faut que le prêteur, comme l’emprunteur, sachent ce qu’ils doivent donner équitablement aux rentiers de différens âges. La matiere n’est pas moins intéressante pour ceux qui achetent des maisons ou d’autres biens à vie ; & enfin pour ceux qui font quelques pensions, & qui veulent examiner quel fonds ils donnent. Parmi les diverses manieres d’établir l’ordre de mortalité, M. de Parcieux a préféré de se servir des deux tontines qui ont été créées, l’une en Décembre 1689, & l’autre en Février 1696. Cette tontine avoit été divisée en différentes classes, pour différens âges de cinq ans en cinq ans. Tous les enfans depuis un an jusqu’à cinq exclusivement, composoient la premiere classe ; les enfans depuis cinq jusqu’à dix, la seconde classe ; & ainsi de suite. M. de Parcieux en a formé une table, & dans une des colonnes, il a placé ceux qui sont morts chaque année, & dans une autre il indique le nombre qui reste de cette classe, à mesure que les survivans acquerent un âge plus avancé ; connoissant le nombre de morts qu’il y a eu dans le courant de chaque année, il est facile de marquer ceux qui vivent au commencement de l’année suivante. Après avoir ainsi disposé dans les diverses classes, & pour les différens âges, ceux qui mouroient & ceux qui vivoient, l’auteur a cherché les rapports moyens selon lesquels sont morts tous les rentiers dans les différens âges, & dans toutes les différentes classes. Pour y parvenir il a fallu placer dans une colonne, tout ce qu’il y avoit eu de rentiers vivans du même âge, comme de vingt ans ou de vingt-cinq ans, &c. & dans une autre colonne ce qu’il y en restoit cinq ans après ; & prenant la somme totale de part & d’autre, la comparaison indique ce qu’il a de personnes vivantes dans toutes les classes, cinq ans après & cinq ans auparavant ; enfin repetant la même opération pour chaque lustre, on parvient à l’ordre moyen de mortalité qu’on

cherchoit. Il est vrai que cet ordre de mortalité établi pour les rentiers, ne doit pas être pris en rigueur pour celui de tout le monde indistinctement ; mais outre qu’il sera toujours appliquable à tous les rentiers, c’est qu’il faudra suivre le même principe, lorsqu’on voudra déterminer l’ordre de mortalité de tous les hommes.

Les rapports moyens de mortalité étant trouvés, & pour toutes les classes, M. de Parcieux a supposé un nombre de personnes, comme 1000 ; toutes ayant l’âge de trois ans, & il a cherché par le calcul, combien il en devoit rester à l’âge de sept ans, de douze, de dix-sept, de vingt-deux, &c. de cinq en cinq ans ; puis il en a formé une table. Les rapports qu’il indique sont un peu plus grands que ceux des tables de Mrs. Halley & Kerseboom ; mais si l’on y fait attention, on s’appercevra qu’il en doit être ainsi, parce que l’ordre moyen qu’établit M. de Parcieux, est d’après les tontiniers, qui sont pour la plûpart des gens que l’on a choisis, & que M. de Parcieux a supposé que ces mille personnes étoient des enfans de trois ans, qui ont par conséquent échappé à un grand nombre de dangers auquel la premiere enfance est sujette. Au contraire, l’ordre moyen de mortalité, trouvé par ceux que nous venons d’indiquer, est pour tous les hommes pris indifféremment ; il doit en mourir un plus grand nombre. Il résulte encore de cette théorie quantité de conséquences utiles & agréables, dans le détail desquelles nous ne saurions entrer. Ceux qui n’ont pas l’ouvrage même de M. de Parcieux, pourront recourir à l’extrait qu’en donne le journal des savans, dans le mois de Février 1745. art. 5.

M. de Parcieux nous donne dans son ouvrage la table suivante, qui contient la comparaison de toutes celles qui ont été faites sur la durée de la vie des hommes.