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de l’eau pure & claire, on la fait avec celle qu’on prend dans la chaudiere A2, qui est bien plutôt saturée, ayant déja les parties salines dont elle s’est chargée dans les chaudieres A2 & A3 : ainsi A3 est la seule qui reçoive l’eau pure des bassins D. L’eau de A3 fait la dissolution de A2, & l’eau de A2 fait la dissolution de A1.

Le terrein doit être disposé avec soin au-tour des chaudieres A, A, A, B, sans quoi on ne pourroit travailler dans les chaudieres A2 & A3, cette derniere sur-tout étant à quatre piés & demi de terre.

La réduction se fait dans quatre chaudieres C, C, C, C, placées sur des fourneaux, dont on voit l’élévation du côté du tisar, fig. 5. On les chauffe, comme dans la seconde méthode que nous avons donnée, & on y pratique des petites cheminées, ne fût-ce que des simples ouvertures, à l’opposite du tisar.

Il nous reste encore une méthode d’extraction à décrire, mais comme elle exige quelque connoissance de la purification des sels, nous allons commencer par en dire un mot.

Purifier les sels, ne peut être autre chose que les priver des parties hétérogenes qu’ils contiennent. Ils ne peuvent contenir que du marc de soude, des sels neutres ou une trop grande quantité de principe colorant. Pour en séparer le marc de soude, il n’y auroit qu’à leur faire subir une nouvelle dissolution. Le marc de soude se déposeroit, on décanteroit l’eau claire, & on l’évaporeroit. Ce moyen doubleroit les dépenses ; ainsi il n’y faut pas penser. On doit seulement tâcher d’extraire avec tant d’exactitude, qu’il ne se trouve point de marc de soude combiné avec le sel, ou du-moins qu’il ne s’y en trouve que très-peu.

Je ne vois pas de moyen de séparer les sels neutres de l’alkali, si ce n’est la fusion. Ne pouvant, comme l’alkali, entrer dans la constitution du verre, ils se manifestent au-dessous du creuset sous une forme liquide, & on est le maître de les enlever. Mais comme dans cet instant il n’est plus tems de penser à purifier le sel, que d’ailleurs les sels neutres ne se mêlant pas à la substance du verre, ne peuvent nuire à sa qualité, à-moins que d’être en grande quantité, ne pensons qu’à bannir le principe colorant.

On ne doit entendre par calcination des sels, que l’opération par laquelle on les délivre de leur principe colorant. Nous avons vu précédemment que l’on ne fait subir la calcination à la soude (qui cependant en a bien plus besoin que le sel), que dans l’opération de la fritte ; à plus forte raison, me dira-t-on, seroit-il possible de ne calciner le sel que dans la même conjoncture. Aussi n’exige-t-on pas que la calcination particuliere des sels soit absolument parfaite, on sent néanmoins que plus elle aura été poussée loin, moins la fritte aura de besogne à faire, & mieux, & plutôt elle sera faite.

On met le sel dans un four pareil à ceux que nous verrons en parlant des frittes. On le chauffe d’abord fort doucement pour dissiper peu-à-peu son humidité : si on la mettoit en mouvement tout-à-coup par un feu violent, il s’en manifesteroit plus qu’il ne pourroit s’en dissiper, le sel en seroit dissous & liquéfié, & demeureroit dans cet état jusqu’à ce que toute son humidité fût dissipée ; alors il s’accrocheroit au pavé du four, & ne pourroit que s’y détériorer, c’est ce qu’on appelle la fusion aqueuse. Il faut prévenir la fusion aqueuse en chauffant d’abord doucement, & retournant le sel avec des instrumens appellés rables, dont on trouvera la description & l’usage en parlant des frittes, pour qu’il chauffe également dans toutes ses parties. On ne court aucun risque de pousser le feu, & de chauffer avec force, lorsqu’on s’apperçoit de l’entiere évaporation des parties humides ; ce qu’on connoît à la diminution des fumée, à leur cessation totale, & lorsqu’avec le rable on ne sent rien

de gras ni de pâteux dans le sel. Le coup d’œil de l’expérience fait connoître mieux que toute autre chose, la fin de la calcination. Au surplus, je suis d’avis qu’on doit la continuer tant qu’on s’apperçoit que le sel change de couleur, & qu’il prend une nuance plus approchante du blanc. Lorsqu’il a été assez de tems chauffé, sans faire voir aucun changement, pour donner occasion de penser qu’il n’en recevra plus, il seroit inutile de pousser plus loin l’opération, puisque d’ailleurs la fritte fait ce qui pourroit rester à faire.

La calcination est plus ou moins parfaite, plus ou moins aisée, relativement à la qualité du sel. L’alkali pur se calcine bien plus vîte & bien mieux que lorsqu’il contient des sels neutres, & la couleur est bien plus blanche après la calcination.

Dans tous les atteliers que nous avons décrits ci-dessus, il est nécessaire de faire la calcination dans un four exprès : dans celui qui nous reste à décrire, le même feu qui fait l’évaporation fait aussi la calcination. Voici le détail de cette nouvelle maniere. On fait la dissolution dans des bassins à l’eau froide. La lessive est plus claire que lorsqu’on dissout avec de l’eau chaude, l’eau n’ayant pas ce mouvement que lui donne l’action du feu, & qui, pour peu qu’il se trouve fort, l’empêche de se clarifier. Mais, me dira-t-on, l’eau froide dissout moins de sel que la chaude ; dès-lors la lessive ne sera pas assez forte, & conséquemment rendra moins à l’opération. La disposition des chaudieres obvie à cette difficulté. On fait passer la lessive dans la chaudiere A, Pl. V. fig. 1. qui est échauffée légerement par le feu du tisar. L’eau s’y évapore en partie, diminue de quantité, & celle qui reste tenant en dissolution tout le sel qui étoit répandu dans une plus grande quantité d’eau, se trouve saturée lorsqu’on la trejette dans la chaudiere d’évaporation B. Celle A ne me paroîtroit pas mal nommée chaudiere de préparation. Après une évaporation suffisante, on fait passer l’eau dans la chaudiere de réduction C, & pour la suite on en agit comme à l’ordinaire.

Les chaudieres A, C ont quatre piés sur quatre, & B en a sept sur quatre ; elles ont toutes un pié de rebord. Elles sont placées à la même hauteur sur une bâtisse de quatre piés. Le feu est allumé sous l’évaporante B, au moyen du tisar T, de dix-huit pouces de large, qu’on construit le plus près qu’on peut de la préparatoire A. On fait un cendrier E à l’ordinaire, fig. 2. sous le tisar, dont on place les barreaux, un pié au-dessous du sol. On voit dans cette figure la disposition du fourneau.

La maçonnerie est montée à-plomb de l en f, hauteur d’un pié, & elle fait de s en g jusqu’à la hauteur d’un pié, un talud incliné de telle sorte que fm=six pouces. De h en i le talud est plus roide, monte jusqu’à l’élévation de dix-huit pouces, & au point i commence un autre talud, qui va de i en n, de maniere que no = huit pouces. Ce talud est fait dans la même vue que celui qu’on remarque, Pl. II. sous les chaudieres A. On fait de n en o une ouverture de six pouces sur chaque face, qu’on peut diminuer à volonté pour diminuer le feu si l’on en a besoin.

Au moyen de la perpendiculaire gm, on a de m en p sous la chaudiere de réduction un pavé sur lequel on peut faire la calcination. La gueule de cette espece de fourneau de calcination est sur le côté ps, & est semblable pour la forme à la gueule des fours à fritte que nous décrirons bien-tôt. Le terrein est disposé en cet endroit de maniere que ladite gueule & le pavé soient à une hauteur commode pour le travail. Voyez l’élevation fig. 3. Au-dessus de la gueule on fait une cheminée, tant pour recevoir les fumées, que pour favoriser la combustion.

Des compositions. L’état du four dans lequel on a