Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pieces de four. Lorsqu’on chauffe le four, on est obligé de boucher les ouvreaux, en tout ou en partie, suivant le besoin. Le trop grand nombre d’ouvertures & leur grandeur ne pourroient que refroidir le four & le rendre difficile à échauffer. Les ouvreaux à cuvette, qui sont les plus grands, & qui seroient par cette raison les plus nuisibles, sont fermés en total & hermétiquement, c’est-à-dire margés, au moyen d’une tuile cuite composée d’argille & de ciment, dite d’ouvreau à cuvette ; la tuile a vingt ou vingt-un pouces de large, & environ trois pouces de ceintre, ce qui lui donne environ vingt-quatre pouces de hauteur. On peut en voir le moule (Pl. X. fig. 8.) & le géométral (Pl. VIII. fig. t.) la tuile se po se contre l’ouvreau, & pour empêcher totalement la flamme de passer entre la tuile & les piés droits de l’ouvreau, on garnit cet espace de torches ou mélange de foin & de mortier roulé sur terre, en forme de saucissons[1].

Les ouvreaux d’enhaut ne sont jamais margés ; ils servent de soupiraux & établissent le courant d’air ; mais il ne faut pas s’imaginer que l’on les laisse totalement ouverts ; dans ce cas le volume d’air extérieur qui donneroit à l’ouvreau étant trop considérable par rapport à celui qui pousse la flamme dans le four par la tonnelle(disposée comme elle doit être pour chauffer), le combattroit & se feroit passage dans le four, qu’il ne manqueroit pas de refroidir. Pour obvier à cet inconvénient, on bouche les ouvreaux en partie avec des pieces qu’on y applique ; on en a de plus ou moins grandes, suivant que l’on desire plus ou moins d’ouverture. Lorsqu’on veut faire des soupiraux capables de produire un grand feu, on applique aux ouvreaux des pieces de dix à douze pouces de large, sur autant de long, dont on peut voir le moule (fig. 10. ou 11. Pl. X.) & le géométral (fig. t Pl. VIII.) & on les appelle simplement tuiles. Lorsqu’on ne fait plus de feu & qu’il ne s’agit que de fermer passage à l’air extérieur pour conserver la chaleur qui est déjà dans le four, & empêcher sa diminution trop précipitée ; on met au-lieu de la tuile une piece de douze ou treize pouces de large, sur autant de long, qu’on appelle plateau ; on peut en voir le géométral (Pl. VIII. fig. p) & le moule (fig. 9. Pl. X.) Les pieces d’ouvreau d’en-haut sont percées d’un seul trou, dans lequel on passe un instrument de fer, d’environ quatre piés de long, qu’on nomme ferret, lorsqu’on veut boucher ou déboucher les ouvreaux. Voyez les diverses sortes de ferrets, Pl. XVIII, en A B, C D. Un seul trou suffit pour ces pieces, leur poids n’étant pas aussi considérable que celui des tuiles des ouvreaux à cuvettes. C’est sous les tonnelles qu’on fait le feu ; mais comme ces ouvertures sont les plus considérables d’un four, il est d’autant plus essentiel de les diminuer, pour s’opposer à l’accès de l’air extérieur & au refroidissement.

La tonnelle disposée pour la chauffe prend le nom de glaie, & les pieces qui composent la glaie s’appellent pieces de glaie. Pour faire la glaie (fig. 3. Pl. VIII.) on prend le milieu de la tonnelle, & de ce milieu prenant huit pouces de chaque côté en li & ii, on place bien à plomb deux pieces Jnommées joues, ayant quatre pouces de large, quatre pouces d’épais, & seize pouces de long. Voyez les joues à part en

E, E, même Pl.) & leur moule, Pl. X. fig. 5. sur les deux joues, on place une piece C, de quatre pouces de large, sur quatre pouces d’épaisseur, & vingt-quatre pouces de long, qu’on nomme chevalet, & qu’on peut voir à part même Pl. en e, & son moule Pl. X. fig. 7. ce qui forme une ouverture quarrée de seize pouces sur chaque face, que nous appellons grand trou de la glaie ou bas de la glaie. Au milieu du chevalet on forme un trou T, de quatre pouces quarrés, par lequel on jette le bois, & qu’on appelle par cette raison tisar. Le bas de la glaie est divisé en deux par une piece S, qu’on appelle chio ; on peut le voir à part en S (même planche), & son moule Pl. X. fig. 6. Le chio a quatre pouces d’épais, & environ dix-sept pouces de 1 en 2, sur autant de 3 en 4 ; on le pose devant le grand trou de la glaie, & on l’unit au chevalet & aux joues avec du mortier. Le chio est percé d’un trou pour le prendre avec le ferret. Lorsqu’on a besoin de boucher les ouvertures formées par le chio, on en vient à bout au moyen de deux pieces de fonte M, M, qu’on peut voir à part en m, m[2] même planche. Tout le reste de la glaie, depuis les joues jusqu’au pié droit de la tonnelle, & depuis le tisar jusqu’au ceintre, est bâti en briques ordinaires ou en morceaux d’échantillon de quatre pouces de large sur autant de long. Il est, je crois, inutile de dire, que les pieces tant de la glaie que des ouvreaux sont en terre à four ; on peut voir à côté de la fig. 3. Pl. VIII. le géométral de la glaie.

Je ne parlerai pas de la construction des fours de glacerie propres à être chauffés en charbon ; je ne connois pas de manufactures de cette espece qui emploie cette sorte de chauffe ; mais d’autres verreries chauffent bien en charbon, leurs fours sont connus, & si l’on étoit obligé de chauffer de même pour faire des glaces, on pourroit imiter leur construction en les adaptant aux manœuvres de la glacerie.

Nous avons déjà eu occasion de parler des arches F, F, F, F, (Pl. VI.fig. 1.) c’est ici le lieu d’en dire quelque chose de plus détaillé. Des quatre arches, trois sont destinées à y recuire les pots & les cuvettes, & la quatrieme à y conserver une certaine quantité de matiere prête à être enfournée dans les pots. C’est d’après ces différens usages que l’on doit regler la forme des arches & diriger leur construction. Les côtés ac, de des arches sont divergens entr’eux, tellement qu’il y a environ quarante-quatre pouces de a en d, tandis que ce= 7 piés . Cette divergence existe dans la vûe de faciliter les mouvemens des grands outils, que nous détaillerons par la suite en parlant des diverses opérations.

Lorsque l’on ne veut mettre que trois pots dans les arches, il suffit de faire ac = 8 piés ou 8 piés & demi. Quant aux côtés cf, on pourroit le faire parallele aux côtés dg du four ; mais dans ce cas on rendroit les arches trop grandes, sans rien ajouter à leur capacité intérieure. On pourroit changer cf en ch, de maniere que ch fût perpendiculaire à ac ; mais il est visible qu’on perdroit beaucoup de la capacité de l’arche. Pour prévenir, autant qu’il est possible, les inconvéniens des positions cf, ch, prenons-en une moyenne c g. Si vous voulez savoir la longueur de cg, disposez dans une place unie ou sur un papier, au moyen d’une échelle, disposez, dis-je, trois fonds de pot, de maniere qu’ils tiennent le moins de place possible, sans cependant qu’on puisse être gêné. Figurez votre arche relativement à l’espace nécessaire aux pots, aux épaisseurs des murs, & à la largeur de la gueule, & vous trouverez cg = 9 piés ou environ. La courbe que prend le côté xg est reglée par l’espace nécessaire aux outils qui travaillent aux ouvreaux à cuvettes

  1. Les tuiles des outreaux & cuvettes sont percées de deux troux, servant à les prendre pour boucher & déboucher l’ouvreau, avec un cornard, instrument de fer long d’environ quatre piés, & armé de deux pointes qu’on passe dans les trous de la tuile. Un seul trou suffiroit pour prendre la tuile ; mais on en met un second, parce que si le trou n’étoit pas bien au milieu de la tuile, son poids la feroit pencher à droite ou à gauche, & on auroit peine à la poser devant l’ouvreau : danger qu’on évite en perçant la tuile de deux trous. Voyez le cornard, fig. 2. Pl. XIX.
  2. Ces pieces sont connues sous le nom de margeoire.