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les, comme ciseaux, peignes, brosses, étrilles, tous les ans.

Le roi donne ses ordres au grand-veneur pour envoyer les équipages où il veut chasser ; le jour & l’endroit de la forêt où il juge à-propos de faire son rendez-vous ; le grand-veneur donne l’ordre au commandant ; le commandant aux officiers & autres, fait la distribution des quêtes. L’heure du départ de l’équipage se dit à celui qui en a la direction, qui est le premier piqueur à qui le commandant dit de même la distribution des relais, si elle se doit faire avant l’arrivée de la meute au rendez-vous.

Le plus ancien piqueur a le détail de l’équipage, ce qui concerne seulement la meute, pour avoir l’œil que les valets de chiens fassent bien leur devoir ; que rien ne manque pour la propreté des chenils ; si la nourriture, si les farines, le pain, les mouées sont bonnes & fraîches ; si la paille n’a pas de mauvaise odeur ; s’ils sont bien peignés, bien brossés ; si l’on n’en passe pas légérement quelques-uns, & si on n’en oublie pas ; si à l’ébat il ne s’en trouve pas de malades, de boîteux, de tristes, afin de les faire examiner & traiter suivant le mal, & les faire séparer.

Le boulanger de la vénerie est habillé de drap bleu, parement rouge, bordé, boutons & boutonnieres d’argent, veste bordée & culotte rouge, bord, bourdaloue, bouton & gance. Il a 30 sols par jour, & 10 sols hors de Versailles ; il est logé, chauffé, éclairé, c’est-à-dire une chandelle par jour ; il a à son profit la braise & la cendre.

Distinctions accordées aux officiers de la vénerie du roi. (M. de la Briffardiere.) Nos rois ont accordé de tout tems de grands privileges aux officiers de leur vénerie.

Il y a une ordonnance de Philippe Auguste, rendue en 1218, qui donne aux officiers de la vénerie différentes exemptions & privileges ; & en 1344, Philippe le Bel les exempta de toutes contributions de tailles, subsides, d’emprunts, de guet, de gardes, de péages, passage & logement de guerre.

Ces exemptions & privileges furent confirmés depuis successivement en 1547 par Henri II. en 1594 par Henri le Grand, en 1639 par Louis XIII. qui déclare en outre tous les officiers de la vénerie & fauconnerie commensaux de sa maison, & en cette qualité exempts de taille & de tout autre subside.

Enfin par la déclaration rendue à Poitiers par le feu roi, en l’année 1652, en faveur des officiers de la vénerie, il est dit expressément :

« Nous confirmons par ces présentes, tous les privileges, franchises, libertés & immunités, exemptions & affranchissemens accordés aux officiers de nos maisons royales, employés aux états de la cour des aides, & à leurs veuves durant leur viduité, voulant qu’elles soient quittes de toutes contributions ».

Sous le regne d’Henri le Grand, le duc d’Aumale étoit grand-veneur, après lui le duc d’Elbœuf, & depuis le regne de Louis XIII. jusqu’à présent, on a vu la charge de grand-veneur exercée successivement par M. le prince de Condé, M. le duc de Montbazon, M. le prince de Guimené, M. le chevalier de Rohan, M. le duc de la Rochefoucaut, M. le comte de Toulouse ; après la mort de M. le comte de Toulouse, M. le prince de Dombes a fait les fonctions de grand-veneur jusqu’à la majorité de M. le duc de Penthievre, qui l’a exercée jusqu’à la majorité de M. le prince de Lambale, qui a eu la survivance de M. le duc de Penthievre.

Ecurie pour le service de la vénerie. Après avoir détaillé le nombre d’officiers qui sont sur l’état du service de la venerie, je vais faire celui de l’écurie pour le même service.

Il y a un écuyer qui a l’habit complet comme le commandant, de même 1500 liv. sur l’état des appointemens, & aussi 3000 liv. sur la cassette. Sa majesté lui donne en sus des pensions & gratifications suivant sa volonté ; il a un carrosse, deux chevaux, pour le mener ; il a une chaise pour aller au rendez-vous & voyage, avec plusieurs chevaux pour relayer, un cocher, un postillon payés & habillés sur l’état de la vénerie.

Un sous-écuyer pour l’acquisition des chevaux, qui a 1000 francs sur l’état ; il a des pensions & gratifications suivant la volonté du grand-veneur. On lui paye son habillement, & à chaque voiture de chevaux anglois qu’il achete, il a une gratification & tous ses frais payés.

Il y a en sus un piqueur, habillé avec le même uniforme que ceux de l’équipage ; il a de plus une redingotte bleue, bordée d’argent, avec boutons & boutonnieres : mais cela ne se donne que tous les trois habillemens ; il a une culotte rouge de plus. Ses appointemens sont de 1000 francs ; il a des pensions & gratifications en sus. Son service est de dresser les chevaux, & les proposer à l’écuyer pour être donnés suivant ceux à qui ils peuvent servir ; d’avoir l’œil que rien ne leur manque pour la nourriture, les soins ; & les jours de chasse, placer pour chacun aux relais, les chevaux destinés au service, & en état de marcher.

Il y a de plus un aide à monter à cheval pour le soulager à dresser les jeunes chevaux & réduire les fougueux, qui a un surtout bleu bordé d’argent, avec boutons & boutonnieres de même : il a pareillement la redingotte de même que le piqueur, la veste est rouge bordée d’argent, boutons & boutonnieres & deux culottes, les paremens de l’habit sont de drap rouge, ainsi que la doublure qui est de la même couleur en serge.

Il y a un délivreur pour les fourrages, qui a le même uniforme que l’aide à monter à cheval.

Il y a un maréchal, qui a le même uniforme que l’aide à monter à cheval. Il a 50 sols par mois pour chaque cheval, pour leur fournir les fers, les médicamens, &c. on lui passe un garçon sur l’état de la vénerie.

Le sellier est habillé de même uniforme ci-dessus ; on lui passe un garçon sur l’état ; on lui fournit tout ce qui concerne son état.

Les palfreniers sont habillés d’un habit de grande livrée, veste bleue, bordée d’un galon de soie, une culotte de drap ou panne, un manteau tous les trois habillemens, bord de chapeau, bourdaloue, bouton & gance ; ils ont 20 sols par jour, & 10 sols d’augmentation hors Versailles : ils ont chacun quatre chevaux à panser ; on leur donne 25 liv. pour les bottes.

Il y a en sus des surnuméraires, qui ont surtout de bouracan, veste, culotte de drap, bord de chapeau comme les palfreniers ; ils n’ont point de manteau, & on leur donne la même paie. Il y en a à-peu-près autant comme de palfreniers à la grande livrée, c’est-à-dire de trente-six à quarante ; cela feroit de soixante-douze à quatre-vingt pour les deux parties. Mais ceux de la petite meute sont compris dans ce même nombre de palfreniers & surnuméraires, & les autres détaillés ci-devant, ne sont que pour le service de la grande meute : on leur donne 25 livres pour les bottes.

Le grand-veneur n’a point de nombre de chevaux marqué pour lui ; il en fait mettre à son rang ce qu’il juge à propos.

Le commandant en a six à son rang, & toujours cinq à la chasse ; un de meute, un de vieille meute, un de seconde vieille meute, un de six chiens, & un de relais volant.