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chaîne dans les maillons avec les roquetins, & toutes les fois qu’on passe les deux fers, on passe deux coups de navette de dorure à deux bouts, ce qui fait quatre bouts de dorure entre les fers. On fait tirer les lacs de frisé & de coupé aux coups de dorure, afin qu’elle se trouve à l’envers de l’étoffe ; & quand il est question de passer les fers sous les lacs de frisé & de coupé, comme la chaîne qui est passée dans les roquetins est tirée comme eux, on a soin de faire baisser avec une lisse de rabat sous laquelle la chaîne est passée, cette même chaîne, afin qu’il ne se trouve que la soie des roquetins de levée, sous laquelle on passe les fers à l’ordinaire.

Ceux qui se piquent de faire cette étoffe comme il faut, ne mettent que deux lisses de poil à grand colisse, & six portées & un quart de poil pour les 1000 roquetins.

Velours uni. Le velours uni est la plus belle & la plus riche de toutes les étoffes figurées ; on donne le nom d’étoffe figurée à toutes celles dont la chaîne ou le poil fait une figure, sans que la tire ou la navette y ait aucune part.

Le velours uni est composé de quarante portées doubles pour la chaîne, ou quatre-vingt portées, ou de soixante portées simples, & de 20 portées de poil, monté sur des 20 de peigne ; c’est la façon d’Italie.

Les velours de quarante portées doubles sont montés sur quatre lisses de fond ; & ceux de soixante portées simples, sur six lisses. Ce sont les meilleurs ; & on ne les fait pas autrement à Gènes.

On ne détaillera point ici la façon dont la soie est distribuée dans les poils de velours, étant suffisamment expliquée dans un autre article ; on ne parlera que du travail de cette étoffe.

Elle est montée sur six lisses de chaîne, comme il a été dit, & deux de poil, parce qu’une gêneroit trop. Les fils sont passés dans les lisses dessus & dessous la boucle, ou entre les deux boucles de la maille, comme dans les taffetas unis. Ce qui s’appelle passés à coup tors.

Le velours doit avoir une lisiere qui indique sa qualité, ou qui le caractérise. Le velours à quatre poils doit avoir quatre chaînettes de soie jaune entre quatre autres de rouge ; le velours à trois poils & demi, quatre chaînettes d’un côté, & trois de l’autre ; le velours à trois poils trois chaînettes de chaque côté, ainsi des autres.

Le velours à six lisses doit avoir quatre marches pour la chaîne, & une pour le poil.

Quand la tête du velours est faite, & qu’on commence à le travailler, on enfonce la premiere marche du pié droit qui fait baisser une lisse, & celle du poil qui est du pié gauche, & on passe un coup de navette garnie de trame de la couleur de la chaîne & du poil. Au deuxieme coup on passe la même navette, & on enfonce la deuxieme marche du pié droit qui fait baisser deux lisses. Au troisieme coup on enfonce la troisieme marche & celle du poil qui fait baisser une lisse, & on passe un troisieme coup d’une seconde navette.

On laisse aller la troisieme marche du pié droit & celle du poil, & on enfonce les quatre marches de pieces, savoir deux de chaque pié, & on passe le fer dont la canelure se trouve du côté du peigne. C’est le premier coup.

Au second coup on reprend la troisieme marche du côté droit qui fait baisser une lisse & celle du poil, & on les enfonce toutes les deux, & on reprend la premiere navette pour la passer. On baisse ensuite la quatrieme marche du côté droit qui fait baisser deux lisses, & on passe un second coup de la même navette. On reprend ensuite la premiere marche du pié droit qui fait baisser une lisse, & enfon-

çant celle de poil, on passe un troisieme coup avec

la seconde navette ; ce coup passé, on met le pié sur les quatre marches de chaîne, & on passe le second fer.

Le second fer étant passé, on recommence à la premiere marche, comme il a été dit plus haut ; on passe les trois coups de navette, & on coupe le fer qui est passé ensuite de la même façon que les deux premiers. C’est la façon dont on travaille le velours à six lisses ; les autres tant petits que gros, sont travaillés à-peu-près de même.

Il faut observer que les velours sont montés d’une façon différente des autres étoffes ; dans les autres étoffes il faut faire lever les lisses pour les travailler ; dans les velours il faut les faire baisser.

Le velours à quatre lisses se travaille comme celui à six.

Démonstration de l’armure du velours à six lisses.

L’armure d’un velours à quatre marches pour la chaîne est celle du ras de S. Maur.

Velours ciselés. Il se fabrique aujourd’hui à Lyon des velours ciselés si beaux, qu’il n’est pas possible qu’on puisse en augmenter la perfection.

Lorsque ce genre d’étoffes fut commencé à Lyon, les ouvriers ne mettoient pas plus de 800 roquetins pour composer ou remplir les 800 mailles de corps que contient chaque métier de 400 cordes, dont l’arcade tire les 800 mailles susdites.

Pour augmenter cette branche de commerce, un magistrat de la ville de Lyon, (M. Perrichon, qui seul a été pendant dix années prevôt des marchands & commandant de la ville, dont la mémoire sera à jamais aussi chere aux Lyonnois qu’elle leur est respectable), obtint un arrêt du conseil (1718) qui accordoit aux marchands-fabriquans de la ville une grati-