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Plus les conduites sont grosses, & plus les jets d’eau s’élevent ; une autre maxime certaine est que les circonférences des cercles sont entr’elles en même raison que les quarrés de leurs diametres : ces regles servent infiniment dans toutes les formules hydrauliques.

Cette proportion dépend de la hauteur des réservoirs & de la sortie des ajutages, afin que la colonne d’eau puisse mieux surmonter la colonne d’air qui lui résiste avec tant de violence ; le trop de frottement dans les conduites menues par rapport aux gros ajutages, & aux bords des petits ajutages par rapport aux grosses conduites, a fait tenter des expériences sur lesquelles on a établi les deux formules suivantes.

Premiere formule : connoître le diametre d’une conduite proportionnée à la hauteur du réservoir & à la sortie de l’ajutage, pour que le jet monte à la hauteur qu’il doit avoir. L’expérience que l’on a faite, qu’un jet venant d’un réservoir de 52 piés de haut demandoit une conduite de 3 pouces de diametre & un ajutage de 6 lignes, a servi de regle à cette formule.

On veut savoir quel diametre aura la conduite d’un jet venant d’un réservoir de 20 piés de haut, & dont l’ajutage aura 12 lignes de diametre. Cherchez 1°. une moyenne proportionnelle entre le nombre 52, hauteur du réservoir donné par l’expérience, & le nombre 20 hauteur du réservoir dont on cherche le diametre de la conduite, vous trouverez par le calcul 32 environ ; mettez 52 au premier terme de la regle, 32 au second en négligeant le reste de la racine, puis prenez le quarré des 3 pouces de la conduite de l’expérience qui est 9 que vous mettrez au troisieme terme, & la regle faite, il viendra au quatrieme terme , qui font 5 environ, ce qui s’écrit ainsi 52, 32 ∷ 9, 5.

2°. Les ajutages étant connus l’un de 6 lignes venant de 52 piés de haut, l’autre de 12 lignes, venant de 20 piés de haut, on prendra leurs quarrés, qui seront 36 & 144, que vous mettrez aux deux premiers termes de la seconde regle, & au troisieme 5 trouvé dans la premiere regle, écrivez 36, 144 ∷ 5, x ; multipliez 5 par 144, vous aurez pour produit 792, qui, divisé par 36, vous donnera au quotient 22 pouces quarrés dont vous tirerez la racine, & par la plus grande approximation vous aurez 34, en négligeant un reste de 71, & vous direz, le plus grand quarré contenu dans 34 est 25, dont la racine est 5 ; ainsi vous aurez 5 pouces pour le diametre de la conduite du jet proposé de 12 lignes d’ajutage venant d’un réservoir de 20 piés de haut.

Seconde formule. Quand on veut tirer plusieurs jets d’un même réservoir, il n’est pas nécessaire de faire autant de conduites que de jets ; une ou deux suffiront, pourvu qu’elles soient assez grosses pour fournir à toutes les branches de ces jets, de maniere qu’ils jouent tous ensemble à leur hauteur, sans faire baisser les autres.

Plusieurs branches ou tuyaux étant déterminés pour leur diametre, trouver celui de la maîtresse conduite où ils doivent être soudés, ensorte qu’il passe la même quantité d’eau dans les uns que dans les autres.

Si quatre conduites de 3 pouces de diametre sont nécessaires pour distribuer l’eau aux fontaines d’un jardin, sans être obligé de tirer du réservoir quatre tuyaux séparés, on réunira l’eau qui doit passer dans les quatre en une principale conduite, & on ne fera que souder dessus des branches ou fourches vis-à-vis des bassins qui doivent être fournis ; il s’agit de savoir quel diametre on donnera à cette maîtresse conduite.

Supposé que vous ayez quatre fourches de 3 pouces chacune, quarrez les diametres qui font 9 pouces

en superficie, ajoutez la somme des quatre superficies, qui font 36, il faut en extraire la racine quarrée qui est 6, ce sera le diametre de la maîtresse conduite sur laquelle seront soudées les quatre fourches de 3 pouces chacune, & il passera autant d’eau dans la grosse que dans les quatre autres. On peut encore diminuer la grosse conduite proportionellement après chaque fourche, ce qui épargnera la dépense.

Si on avoit à fournir un rang de jets, que l’on appelle grilles d’eau, on laisseroit la grosse conduite dans toute sa longueur sans la diminuer, afin que les jets montent à la même hauteur : on ne cherche dans ces sortes de fontaines qu’à former de gros bouillons peu élevés. (A)

Tuyau de cheminée, (Architect.) c’est le conduit par où passe la fumée depuis le dessus du manteau d’une cheminée, jusque hors du comble. On appelle tuyau apparent le tuyau qui est pris hors d’un mur, & dont la saillie paroît de son épaisseur dans une piece d’appartement ; tuyau dans œuvre, le tuyau qui est dans le corps d’un mur ; tuyau adossé, un tuyau qui est doublé sur un autre, comme on le pratiquoit anciennement ; & tuyau dévoyé, un tuyau qui est détourné de son à-plomb, & à côté d’un autre.

Les tuyaux de cheminée se font de plâtre pur, de brique ou de pierre de taille. Lorsqu’ils sont joints contre les murs, on y pratique des tranchées, & on y met des fentons de fer de pié-en-pié, & des équerres de fer, pour lier les tuyaux ensemble. Daviler.

Tuyau, se dit aussi, dans l’Ecriture, de la partie inférieure de la plume faite en forme de tube.

Il en est de trois sortes, les gros, les moyens & les petits.

Les gros ne sont pas ordinairement bons, les petits sont les meilleurs, mais leur forme irréguliere, jointe à leur petitesse, les font manier avec peine, de-là la nécessité de se servir des moyens plus maniables, & plus propres à répondre à l’action des doigts sur eux.

Tuyau, (Jardinage.) c’est ainsi que l’on nomme la tige d’une plante légumineuse. Ces tuyaux n’ont pas la consistance aussi forte que le tronc des arbres, ce qui fait que la nature leur a donné fort peu de grosseur pour se soutenir, mais les a fortifiés d’espace en espace par des nœuds appellés genoux. Voyez Genoux.

Tuyau, terme d’Organiste, il se dit des canaux dans lesquels entre le vent, qui produit le son & l’harmonie de l’orgue. On les fait la plûpart d’étain, tels que sont ceux de la montre, quelques-uns de plomb, comme le nazard, quelques-uns de laiton comme ceux à anches, & plusieurs de bois, comme ceux du bourdon & des pédales.

Le tuyau est composé de quatre parties. La premiere est son porte-vent, fait en forme de cône renversé & tronqué, dont la base est le corps, & l’ouverture du tuyau & de la languette ; & le sommet est ce qui entre dans le trou du sommier par où le vent du soufflet se communique jusqu’à la languette. La seconde partie est le corps du tuyau. La troisieme est la languette, qui est cette partie qui est taillée en biseau ou en talus, qui s’incline du quart d’un angle droit vers le corps du tuyau. C’est elle qui coupe & fend le vent, & elle est ainsi nommée, parce qu’elle sert de langue à la bouche des tuyaux pour les faire parler. Elle doit avoir le tiers de la hauteur de la bouche.

La languette qui couvre le concave du demi-cylindre des tuyaux à anche s’appelle échalote. L’ouverture du tuyau qui donne libre entrée au vent, s’appelle la bouche ou la lumiere. Elle doit avoir le quart de la largeur du tuyau, & aux tuyaux ouverts la cinquieme partie. Le morceau de bois qui bouche le tuyau, s’appelle tampon.