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Gruter, p. MX. n°. 12. qu’une partie de la nation des Tribocs resta dans son ancienne demeure au-delà du Nekre, & vers Murhart, lieu situé sur le confluent du Murh & du Nekre. Il paroît par le même Gruter, que les Boïens, Boii, s’unirent avec les Tribocs pour la consécration d’un temple dédié à une divinité romaine, sur les bords du Nekre. (D. J.)

TRIBOMETRE, s. m. (Physiq.) c’est le nom que donne M. Musschenbroek à une machine dont il se sert pour mesurer les frottemens : on voit cette machine dans les Pl. de mech. fig. 39. n°. 3. & il est facile d’en comprendre le jeu & l’usage en jettant les yeux sur la figure. Ceux qui desireront un plus grand détail peuvent avoir recours à l’essai physique de M. Musschenbroek, p. 177. & suiv. Voyez Frottement. (O)

TRIBONIANISME, (Jurispr.) on appelle ainsi certaines interpolations de lois, que l’on prétend avoir été supposées par Tribonien, chancelier de l’empereur justinien, ou qu’on le soupçonne d’avoir accommodées aux intérêts de ses amis. Voyez le mercure d’Octobre 1753. p. 60. (A)

TRIBORD, (Marine.) Voyez Stribord.

Tribord tout, (Marine.) commandement au timonnier de pousser la barre du gouvernail à droite, tout proche du bord.

TRIBORDAIS, (Marine.) c’est la partie de l’équipage qui doit suivre le quart de stribord.

TRIBOULET, en terme d’Orfevre en grosserie, est un morceau de bois assez gros, d’environ deux piés de haut, taillé en forme d’entonnoir renversé, sur lequel on forme les cercles & les gorges. Voyez Gorges, &c. voyez les Pl. & les fig. Il y en a de buis & de fer, & de toutes grosseurs.

TRIBRAQUES, TRIBRACHIS, terme de l’ancienne Prosodie ; c’étoit le pié d’un vers, & il consistoit en trois syllabes breves, comme mĕlĭŭs, lĕgĕrĕ.

Ce mot est formé du grec treis & brachys, trois breves. Voyez Pied.

TRIBU, s. f. (Gram. & Hist. anc.) certaine quantité de peuple distribuée sous différens districts ou divisions.

Tribus des Hébreux, (Hist. sacrée.) les Hébreux formerent douze tribus ou districts, selon le nombre des enfans de Jacob, qui donnerent chacun leur nom à leur tribu ; mais ce patriarche ayant encore adopté en mourant les deux fils de Joseph, Manassé & Ephraïm, il se trouva treize tribus, parce que celle de Joseph fut partagée en deux après la mort de Jacob. La famille de Joseph s’étant multipliée prodigieusement en Egypte, devint si suspecte aux rois du pays, qu’elle se vit obligée de passer dans la terre de Chanaan, sous la conduite de Josué, qui la divisa entre onze tribus de cette famille. On en sait les noms, Ruben, Siméon, Juda, Issachar, Zabulon, Dan, Nephtali, Gad, Azer, Benjamin, Manassé, & Ephraïm. La tribu de Levi n’eut point de part au partage, parce qu’elle fut consacrée au service religieux ; on pourvut à sa subsistance, en lui assignant des demeures dans quelques villes, les prémices, les dixmes, & les oblations du peuple.

Cet état des douze tribus demeura fixe jusqu’après la mort de Salomon. Roboam qui lui succéda, fit naître une révolte par sa dureté. Dix tribus se séparerent de la maison de David, reconnurent pour roi Jéroboam, & formerent le royaume d’Israël. Il ne resta au fils de Salomon que Juda & Benjamin, qui constituerent l’autre royaume, dans lequel se conserva le culte de Dieu ; mais le royaume d’Israël lui substitua l’idolatrie des veaux d’or.

Dans la suite des tems, Tiglath-Pilésec rendit Samarie tributaire ; Salmanazar ruina la capitale, & le royaume d’Israël s’éteignit. Enfin arriva la captivité de Juda, sous Nabuchodonosor qui prit Jérusalem,

la détruisit avec le temple, & transporta tous les habitans dans les provinces de son empire, 588 ans avant Jésus-Christ ; cependant après une captivité de 70 ans, Cyrus renvoya les Juifs dans leur pays, leur permit de rebâtir le temple, & de vivre selon leur loi ; alors la Palestine se repeupla, les villes furent rebâties, les terres cultivées, & les Juifs ne firent plus qu’un seul état gouverné par un même chef, un seul corps, rendant au vrai Dieu leurs adorations dans son temple. Voila l’époque la plus brillante de l’histoire de ce peuple, la suite ne regarde pas cet article. (D. J.)

Tribus d’Athenes, (Hist. d’Athènes) Athènes dans sa splendeur étoit divisée en dix tribus, qui avoient emprunté leurs noms de dix héros du pays ; elles occupoient chacune une partie d’Athènes, & contenoient en-dehors quelques autres villes, bourgs, & villages. Les noms de ces dix tribus reviennent souvent dans les harangues de Démosthène, mais je n’en puis rappeller à ma mémoire que les huit suivans ; la tribu Acamantide, ainsi nommée d’Acamas, fils de Télamon ; l’Antiochide, d’Antiochus fils d’Hercule ; la Cécropide, de Cécrops, fondateur & premier roi d’Athènes ; l’Egéïde, d’Egée, neuvieme roi d’Athènes ; l’Hippothoontide, d’Hippothoon, fils de Neptune ; la Léontide, de Léon, qui voua ses filles pour le salut de sa patrie ; & l’Œnéïde, d’Œneus, fils de Pandion, cinquieme roi d’Athènes.

Mais il faut observer que le nombre des tribus ne fut pas le même dans tous les tems, & qu’il varia selon les accroissemens d’Athènes. Il n’y en avoit eu d’abord que quatre, il y en eut six peu après, puis dix, & enfin treize ; car aux dix nommées par Démosthène, la flaterie des Athéniens en ajouta trois autres dans la suite ; savoir la tribu ptolémaïde, en l’honneur de Ptolomée, fils de Lagus ; l’attalide, en faveur d’Attalus, roi de Pergame ; & l’adrianide, en faveur de l’empereur Adrien. Pour établir ces nouvelles tribus, on démembra quelques portions des anciennes. Au reste les peuples ou bourgades qui composoient toutes ces tribus, étoient au nombre de cent soixante & quatorze. Voyez Suidas, Eustache, & Meursius, & notre article République d’Athènes. (D. J.)

Tribu romaine, (Hist. rom.) nom collectif du partage de différens ordres de citoyens romains, divisés en plusieurs classes & quartiers. Le mot tribu est un terme de partage & de division, qui avoit deux acceptions chez les Romains, & qui se prenoit également pour une certaine partie du peuple, & pour une partie des terres qui lui appartenoient. C’est le plus ancien établissement dont il soit fait mention dans l’histoire romaine, & un de ceux sur lesquels les auteurs sont moins d’accord.

L’attention la plus nécessaire dans ces sortes de recherches, est de bien distinguer les tems ; car c’est le nœud des plus grandes difficultés. Ainsi il faut bien prendre garde de confondre l’état des tribus sous les rois, sous les consuls & sous les empereurs ; car elles changerent entierement de formes & d’usages sous ces trois sortes de gouvernemens. On peut les considérer sous les rois comme dans leur origine, sous les consuls comme dans leur état de perfection, & sous les empereurs comme dans leur décadence, du-moins par rapport à leur crédit & à la part qu’elles avoient au gouvernement : car tout le monde sait que les empereurs réunirent en leur personne toute l’autorité de la république, & n’en laisserent plus que l’ombre au peuple & au sénat.

L’état où se trouverent alors les tribus nous est assez connu, parce que les meilleurs historiens que nous ayons sont de ce tems-là : nous savons aussi à-peu-près quelle en étoit la forme sous les consuls, parce qu’une partie des mêmes historiens en ont été