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laisse point oisif dans un coffre fort, & qu’on en sait un emploi continu qui le multiplie.

Travailler, v. act. (Archit.) ce terme a plusieurs significations dans l’art de bâtir. On dit qu’un bâtiment travaille, lorsque n’étant pas bien fondé ou construit, les murs bouclent & sortent de leur à-plomb, que les voutes s’écartent, que les planchers s’affaissent, &c. on dit aussi que le bois travaille, lorsqu’étant employé verd, ou mis en œuvre dans quelque lieu trop humide, il se tourmente, ensorte que les panneaux s’ouvrent & se cambrent, les languettes quittent leurs rainures, & les tenons leurs mortaises. Voici les autres significations de ce terme.

Travailler à la piece. C’est faire des pieces pareilles pour un prix égal, comme bases, chapiteaux, balustres, &c. qui ont chacun leur prix.

Travailler à la tâche. C’est pour un prix convenu, faire une partie d’ouvrage, comme la taille d’une pierre où il y a de l’architecture, de la sculpture, &c.

Travailler à la toise. C’est marchander de l’entrepreneur ou du bourgeois, la toise courante, ou superficielle de différens ouvrages, comme taille de pierre, gros & legers ouvrages de maçonnerie, &c.

Travailler par épaulées. C’est reprendre peu-à-peu & non de suite, quelque ouvrage par sous-œuvre, ou fonder dans l’eau. C’est aussi employer beaucoup de tems à construire quelque bâtiment, parce que les matieres ou les moyens ne sont pas en état pour l’exécuter diligemment. Daviler. (D. J.)

Travailler, (Marine) on dit que la mer travaille. lorsqu’elle est fort agitée ; qu’un vaisseau travaille, lorsqu’il tangue & roule si fort, qu’il ne peut faire route.

Travailler, en Musique, on dit qu’une partie travaille quand elle fait beaucoup de notes & de diminutions, tandis que d’autres parties font des tenues, ou marchent plus posément. Voyez Parties, Tenue. (S)

Travailler a la main, en terme de Cirier, c’est former le corps d’un cierge, &c. avec de la cire qui n’a point été fondue, mais qui est assez molle pour être appliquée & pressée le long de la meche. On roule ces sortes d’ouvrages, & on les finit comme les autres.

TRAVAILLEURS, s. m. (Commerce.) on nomme ainsi à Amsterdam ce qu’on appelle à la douane de Paris des gagne-deniers, c’est-à-dire des hommes de peine & de travail destinés au service des marchands, pour la conduite de leurs marchandises au poids public, ou pour les charger ou décharger des vaisseaux.

Ces travailleurs qui sont nommés par les bourguemestres & en grand nombre, sont distribués en dix ou douze compagnies, distinguées par différens noms. Les principales sont les chapeaux rouges, les chapeaux noirs, les chapeaux bleus, les scotze-veen, les zeeuwsches, & les veens.

Chaque marchand a ordinairement ses travailleurs affectés, qui livrent ou reçoivent les marchandises qu’il vend ou qu’il achete au poids public. Les travailleurs du vendeur reglent la taxe des marchandises & les font peser, après quoi les travailleurs du vendeur en restent chargés ; ils sont fideles & connoisseurs en fait de marchandises ; ce sont eux qui avancent les frais du transport, dont ils portent tous les mois un compte à celui qui les emploie, aussi-bien que des droits du poids & de leur salaire. Dict. de com.

TRAVAISON, s. m. (Archit.) terme dont M. Blondel s’est servi dans son cours d’architecture, pour trabéation, ou entablement : on donnoit autrefois ce nom à toutes les travées d’un plancher. (D. J.)

TRAVANÇOR, (Géogr. mod.) royaume de la presqu’île de l’Inde, sur la côte de Malabar. Il est borné au nord par les états du Samorin, au levant

par le royaume de Maduré, au midi & au couchant par la mer. Le souverain de ce pays est un des plus petits princes des Indes, & paye tribu au roi de Maduré. Les Hollandois ont deux forts dans cette contrée, celui de Coilan, & celui de Tangapatam. (D. J.)

TRAVAT, adj. m. terme de Manege, c’est un vieux terme de manege, qui se dit d’un cheval qui a des balsanes, ou marques blanches aux deux piés du même côté, à la jambe de devant & à celle de derriere : on l’appelle aussi cheval travé ; & le cheval qui a ses balsanes aux deux piés, en croix de S. André, se nomme trastravat. Voyez ce mot. (D. J.)

TRAVATES, (Hist. nat.) ce sont des ouragans terribles qui se font sentir sur la côte de Guinée. Ils s’annoncent par un nuage noir, qui d’abord erre dans les airs, semblable à un point d’une petitesse extrème ; il s’étend tout-à-coup avec une rapidité surprenante, couvre tout l’horison, forme une tempête horrible, & lance le tonnerre & les éclairs avec tant de violence & de célérité, qu’en rase campagne on n’a que le tems de se jetter par terre, & ceux qui navigent sur mer sont forcés de couper leurs voiles & leurs cordages, de peur d’être emportés ou engloutis sous les eaux. Ces ouragans ne durent communément qu’une heure.

TRAVE, la, (Géogr. mod.) en latin Chalusus ; riviere d’Allemagne, dans la basse Saxe, au duché de Holstein. Elle sort d’un lac de la préfecture de Ségeberg, arrose la ville de Lubec, & va se perdre dans la mer Baltique, à Travemunde. (D. J.)

TRAVÉE, s. f. (Archit.) rang de solives posées entre deux poutres dans un plancher. Ce mot est dérivé ou du latin trabs, une poutre, ou de transversus, qui est en travers, comme sont les solives entre deux poutres.

Travée de balustre. Rang de balustre de bois, de fer, ou de pierre, entre deux piéd’estaux.

Travée de comble. C’est sur deux ou plusieurs pannes, la distance d’une ferme à une autre, peuplée de chevrons des quatre à la latte. Cette distance est de neuf en neuf, & de douze en douze piés, & à chaque travée il y a des fermes posées sur un tirant.

Travée de grille de fer. Rang de barreaux de fer, entretenu par ses traverses entre deux pilastres, ou montans à jour, ou entre deux piliers de pierre.

Travée d’impression. C’est la quantité de deux cens seize piés, ou six toises superficielles d’impression, de couleur à l’huile ou à détrempe, à laquelle on reduit les planchers plafonnés, les lambris, les placards, & autres ouvrages de différentes grandeurs, imprimés dans les bâtimens pour en faire le toisé. Les travées des planchers apparens se comptent doubles, à cause des enfonçures de leurs entrevoux. Daviler. (D. J.)

Travée de pont, (Architect. hydraul.) partie du plancher d’un pont de bois, contenue entre deux files de pieux, & faites de travons soulagés par des liens ou contrefiches, dont les entrevoux sont couverts de grosses dosses, ou madriers, pour en porter le couchis. Il n’y a peut-être dans aucun pont des travées d’une si prodigieuse grosseur, que celles du pont de bois de Lyon : elles sont soutenues en décharge avec des étriers de fer. (D. J.)

Travée, s. f. (Toiserie de Peinture.) ce mot, dans les toisés qui se font des gros ouvrages de peinture, désigne un certaine espace ou mesure, sur laquelle on estime le prix de ces ouvrages. La travée, suivant les us & coutumes de Paris, est de six toises en quarré, ou 216 piés de superficie ; il est vrai que M. Félibien, dans ses principes d’architecture, la met seulement à quatre toises & demi ; mais dans tous les mémoires, la travée des gros ouvrages de peinture, a constamment été mise à six toises quarrées. (D. J.)