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l’opération, & rendit par l’anus son argent à diverses reprises.

Lorsque la plaie des tégumens n’est point vis-à-vis de celle de la trachée-artere, l’air trouvant un obstacle à la sortie, peut s’insinuer dans le tissu cellulaire de la peau, ce qui produit un emphyseme. M. Arnaud, chirurgien de Paris, vit un jeune homme blessé depuis trois ou quatre jours à la trachée-artere d’un coup de pistolet, blessure qui avoit produit un emphyseme universel. Cet habile praticien dilata sur-le-champ la plaie des tégumens, & découvrit celle de la trachée-artere, pour mettre ces deux plaies vis-à-vis l’une de l’autre. Il appliqua sur l’ouverture de la trachée-artere un morceau de papier mouillé, & pansa la plaie à l’ordinaire. Le malade désenfla peu-à-peu, & guérit.

Il est cependant bon de remarquer qu’une blessure à la gorge est mortelle, lorsque les carotides & les jugulaires internes sont ouvertes. Ainsi une personne qui auroit reçu, ou qui se seroit fait avec un instrument tranchant porté en-travers, une blessure qui pénétreroit jusque à l’ésophage mourroit infailliblement en peu de tems, car l’œsophage ne pourroit être ouvert de cette maniere, sans que les carotides & les jugulaires internes ne le fussent aussi.

Mais quoiqu’il y ait quelquefois des plaies à la gorge, par lesquelles les alimens sortent, il ne faut pas toujours croire pour cela que la trachée artere & l’ésophage soient ouverts. Les alimens qui sortent par les plaies ne sont point entrés dans l’ésophage, car s’ils en venoient, il faudroit qu’ils passassent par l’ouverture de la trachée-artere, ce qui ne pourroit se faire sans qu’il en tombât dans ce canal qui est toujours ouvert ; & par conséquent sans que le blessé n’en fût suffoqué. Ces sortes de plaies par où les alimens s’échappent, pénetrent jusqu’au fond du gosier entre l’épiglotte & la racine de la langue ; quelques points de suture entrecoupés, la situation de la tête, & un régime de vie convenable paroissent les seuls moyens qu’on puisse employer pour guérir ces sortes de plaies. (D. J.)

Trachée, (Botan.) vaisseau aérien des plantes. La découverte des trachées est une des plus belles qu’on ait fait en botanique dans le siecle dernier. Nous en sommes redevables aux recherches de Malpighi. Ce savant homme qui a si bien étudié la nature, appelle trachées ou poumons des plantes, certains vaisseaux formés par les différens contours d’une lame fort mince, plate, un peu large, qui se roule sur elle-même en ligne spirale, compose un tuyau assez long, droit dans certaines plantes, bossu dans quelques autres, étranglé & comme divisé en sa longueur en plusieurs cellules.

Quand on déchire ces vaisseaux, on s’apperçoit qu’ils ont une espece de mouvement péristaltique. Ce mouvement est peut-être un effet de leur ressort ; car ces lames qui ont été alongées, & qui ressemblent à des tirebourres, revenant à leur premiere situation, secouent l’air qui se trouve entre les pas de leurs contours ; cet air par son ressort les secoue pareillement à son tour, de sorte qu’elles vont & viennent pendant quelque tems jusqu’à ce qu’elles ayent repris leur premiere situation, ou qu’elles ayent cédé à l’air ; dès qu’on les alonge un peu trop, elles perdent leur ressort, & se flétrissent : ces lames sont composées de plusieurs pieces posées par écailles.

Pour découvrir facilement les trachées, on n’a qu’à choisir dans le printems & dans l’été des jets de rosiers de viburnum, de tilleul, de tendrons de vignes, d’arbustes, ou de telles autres plantes qu’on voudra ; on les trouvera tous remplis de trachées, pourvu qu’ils soient assez tendres pour être cassés net ; car s’ils se tordent, on ne pourra pas découvrir les trachées. On les apperçoit très-bien en coupant transversalement la racine d’un melon. Voyez à ce sujet

les remarques de M. Bedfinger dans les commentaires de Pétersbourg, tome IV. p. 184 & suiv. Ces vaisseaux aériens serviroient-ils à faciliter le mouvement de la seve & à la rendre plus fluide ? (D. J.)

TRACHELAGRA, s. f. espece d’affection arthritique ou rhumatisante qui attaque le cou. Ambroise Paré paroît s’être servi le premier de ce terme, à l’imitation de ceux de podagre, chiragre, &c. qui signifie la goutte aux piés, aux mains. Voyez Goutte, Rhumatisme & Torticolis. (Y)

TRACHELIE, s. f. (Hist. nat. Botan.) trachelium ; genre de plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir, & profondement découpée. Le calice devient dans la suite un fruit membraneux, qui a souvent trois pointes ; ce fruit est divisé en trois loges, & il renferme des semences ordinairement petites. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort distingue six especes de ce genre de plante, dont on a déja décrit la principale, connue en françois sous le nom de gantelée. Voyez-en l’article. Nous ajouterons seulement que cette plante, quand elle est blessée, donne un suc laiteux en abondance, lequel étant reçu dans un vaisseau, se caille promptement, & fournit une espece de petit lait de couleur brune ; la partie caillée étant desséchée, brûle comme de la résine à la flamme d’une bougie. Philosop. transact. n°. 224. (D. J.)

TRACHENBERG, (Géogr. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Silésie, sur la riviere de Bartsch, & vers les confins de la Pologne ; elle appartient au baron de Trachenberg. (D. J.)

TRACHINIA, (Géog. anc.) canton de la Macédoine, dans la Pththiotide, autour de la ville d’Héraclée, qui en prenoit le nom d’Heraclea trachiniæ, selon Thucidide, l. III. Ce canton s’étendoit apparemment entre le fleuve Sperchius au nord, le golfe Maliacus à l’orient, le fleuve Asopus au midi, & la Parasopiade au couchant. Sophocle Philoctetes, cité par Ortélius, place dans ce canton un lieu nommé Trachinium, & des montagnes qu’il appelle Trachiniæ ou Trechiniæ petræ. (D. J.)

TRACHINUS LAPIS, (Hist. nat.) pierre à laquelle quelques auteurs ont attribué beaucoup de vertus médicinales ; on nous dit qu’elle étoit brillante, mais opaque ; il y en avoit de noirâtres & de vertes. On croit que c’étoit la pierre néphrétique.

TRACHIS, (Géog. anc.) ville de Thessalie, au pié du mont Oeta, selon Etienne le géographe, qui dit qu’elle fut bâtie par Hercule, & qu’on lui donna le nom de Tracis à cause de l’inégalité de son terrein qui est tout montueux. Thucydide, l. III. p. 235. la met aux confins des peuples Oetæ. L’étymologie du nom de cette ville est confirmée pas ces vers de Séneque, in Hercule Oetæo, act. I. v. 135.

Ad Trachina vocor, saxa rigentia,
Et dumeta jugis horrida torridis,
Vix gratum pecori montivago nemus.

Cette ville est la même qu’Homere appelle Trechis, & Pline Trachin, & c’est la même qu’Héraclée de Trachinie. (D. J.)

TRACHOMA, s. m. en Chirurgie, est une aspérité de la partie interne des paupieres, accompagnée de démangeaison, de rougeur, & souvent de pustules semblables à des grains de millet. Les degrés de cette maladie sont le sycosis & le tylosis, ou plutôt ce sont les plus fâcheux accidens auxquels puisse aboutir le trachoma.

Cette maladie est une espece de dartre des paupieres : elle vient ordinairement de l’âcreté des larmes. Pour les guérir, on prescrit au malade un régime de vivre doux & humectant pour tempérer la chaleur & l’âcreté du sang & des humeurs : on le saigne s’il y a plénitude ; on le purge par en-bas ; on emploie ensuite