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permis dans ce jeu, par la raison qu’il faut que les dames se suivent & marchent l’une aprés l’autre.

Comme les deux joueurs jouent & marchent également dans la même table & vis-à-vis l’un de l’autre, chaque fois que le nombre du dez porte une dame sur une fleche qui se rencontre vis-à-vis de celle où il y a une dame de celui contre qui l’on joue, cette dame est battue, & il est obligé de la prendre & de rentrer dans le jeu.

En ce jeu l’on bat malgré soi, parce que l’on est toujours obligé de jouer le plus petit nombre, & outre cela on ne peut point passer une dame par-dessus l’autre comme nous l’avons déja dit, ce qui fait que l’on joue souvent beaucoup de coups inutiles, sur-tout quand on a amené & conduit ses dames ; savoir, l’une dans un coin, & les deux autres tout contre, de maniere qu’on ne peut les mettre sur le coin, qu’en faisant un as & puis un deux. L’on souhaite alors d’être battu pour sortir de cette gêne.

En ce jeu, le coin de repos est la douzieme case ; on le nomme coin de repos, parce que les dames qui font une fois entrées sont en sureté, & ne peuvent plus être battues. C’est un grand avantage pour celui qui y en met une le premier. Celui qui a mis le plutôt ses trois dames dans son coin, a gagné la partie ; & s’il les y mettoit toutes trois avant que son homme y en eût mis une, il gagneroit double, si l’on en est convenu.

TOURNÉES, grandes, (Pêche.) especes de bas parcs ; en terme de pêche c’est une enceinte de filets montés sur des pieux, & qui ont la forme d’un fer à cheval, dont l’ouverture est à la côte, & le convexe à la mer, le tout sur un terrein en pente, afin que la marée venant à se retirer précipitament, le poisson qui a monté à la côte, y puisse plus aisément être arrêté. Ce filet quoique posé sur un terrein incliné, a pourtant son bord supérieur de niveau, au moyen de ce que les pieux qui sont vers la mer, sont plus longs que les autres. Voyez Tourrées & Parcs, & les Pl. de la Pêche.

TOURNE-FEUILLET, s. m. touffe de petits rubans attachés au haut de la tranche d’un livre, ou à une espece de petit peloton ; on passe les rubans entre les feuillets du livre, & ils indiquent où l’on en est resté de sa lecture.

TOURNE-FIL, (terme de Peignier.) instrument d’acier quarré qui sert aux Peigniers à donner le fil à leurs écouennes & autres outils ; c’est une espece de fusil propres aux mêmes usages que celui des bouchers, cuisiniers, charcuitiers, avec cette différence que le fusil est rond & le tourne-fil quarré. (D. J.)

TOURNEFORTIA, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante ainsi nommée en l’honneur du célebre Tournefort. Le calice est divisé en cinq segmens qui finissent en pointe ; il subsiste toujours ; la fleur est d’un seul pétale qui forme un tuyau ovale plus long que le calice, légérement découpé en cinq segmens un peu ouverts & pointus ; les étamines sont cinq filets de la longueur du tuyau de la fleur, & qui se terminent en pointe ; les bossettes sont simples & placées au centre de la fleur ; le germe du pistil est globulaire & posé sous le calice ; le stile est simple, & a la longueur des étamines ; le stigma est pareillement simple ; le fruit est une baie sphérique contenant deux loges ; les graines sont au nombre de deux, ovales & séparées par la pulpe. Linnæi gen. plant. p. 62. (D. J.)

TOURNEGANTS ou RETOURNOIR, (terme de Gantier.) ce sont deux bâtons polis, ronds, & longs de deux piés, plus gros par le milieu que par les bouts, & faits en forme de fuseaux. L’un se nomme le mâle, & l’autre la femelle ; on les appelle aussi bâtons à gant. On insinue ces bâtons dans les doigts des gants pour les pouvoir retourner aisément

sans les chiffonner ni les salir. C’est aussi avec ces bâtons qu’on renforme les gants, c’est-à-dire qu’on les élargit sur le renformoir, afin de leur donner une meilleure forme. Cette opération se nomme bâtonner un gant.

TOURNELLE, (Jurisprud.) est une chambre du parlement. Voyez au mot Parlement l’article Tournelle. (A)

TOURNER, v. act. & neut. c’est mouvoir circulairement. On dit les spheres tournent sur leur axe. La terre tourne autour du soleil, hérésie autrefois, fait d’astronomie démontré aujourd’hui. Il tourne très adroitement les bois & les métaux. On apprend aux soldats à tourner à droite & à gauche. On tourne le dos ; on tourne bride ; la tête tourne ; on se tourne à l’orient, au midi ; le vin & le lait se tournent. On tourne au jeu, une carte qui reste sur le talon, ou qui passe dans la main de celui qui donne, ou dont un joueur peut s’emparer, selon le jeu qu’on joue, & cette carte s’appelle la tourne. On tourne une armée ; on tourne une affaire adroitement ; on prononce un discours bien tourné ; on sait tourner un vers ; on tourne en ridicule les choses les plus sérieuses ; on tourne un objet en tout sens ; on tourne ses forces de ce côté ou de cet autre ; il tourne à la mort, &c. Voyez les articles suivans.

Tourner, v. act. (Archit.) c’est exposer & disposer un bâtiment avec avantage. Ainsi une église est bien tournée quand elle a, conformément aux canons, son portail vers l’occident, & son grand autel vers l’orient ; une maison est bien tournée lorsqu’elle est dans une agréable exposition, & que ses parties sont placées suivant leurs usages ; & un appartement est bien tourné, quand il y a de la proportion & de la suite entre ses pieces, avec des dégagemens nécessaires. (D. J.)

Tourner au tour, (Archit.) c’est donner sur le tour la derniere forme à un balustre de bois ébauché. On finit aussi au tour les bases des colonnes, les vases, balustres de pierre & de marbre qu’on polit ensuite avec la rape & la peau de chien de mer. (D. J.)

Tourner le pain, en terme de Boulanger, c’est joindre & lier la pâte ensorte qu’il n’y ait point d’yeux & de crevasses, & donner au pain la forme qu’on souhaite.

Tourner, en terme de Confiseur, signifie enlever la peau ou l’écorce fort mince & fort étroite avec un petit couteau en tournant autour du citron.

Tourner, en terme d’Epinglier, voyez Gaudronner.

Tourner, Tourné, (Jardinage.) on dit que le fruit tourne, quand après avoir pris sa grosseur naturelle, il commence à mûrir.

Tourner, en termes de manege, signifie changer de main. On dit ce cheval est bien dressé, il tourne à toutes mains. On assouplit avec le cavesson à la newcastle un cheval entier, c’est-à-dire, qui refuse de tourner au gré du cavalier. Les écuyers font tourner la pointe du pié en-dedans.

L’action de tourner avec justesse au bout d’une passade ou de quelqu’autre manege, est de tous les mouvemens celui qui coute le plus à apprendre à la plûpart des chevaux.

Tourner l’étain, (Potier d’étain.) c’est lui ôter par le moyen des outils sa couleur brute qu’il a prise en moule, pour lui donner le vif & le brun dont il a besoin pour être perfectionné, & pour lui donner une figure plus nette & plus parfaite que celle qu’il a déja reçue.

L’ouvrier qui travaille au tour, commence par dresser son empreinte qui est pour tourner la vaisselle, ou son calibre pour de la poterie ou menuiserie ; ces outils sont de bois, tournés & formés à la figure &