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d’une écorce ligneuse, dure, épaisse, striée. Ce fruit est divisé en six loges contenant huit à dix noix de couleur roussâtre, & longues de deux pouces. Chaque noix a un noyau oblong, semblable à une amande, renfermant une chair blanche un peu huileuse, bonne à manger. Les arbres qui portent ce fruit sont si hauts, & le fruit lui-même est si pesant quand il est mûr, que les naturels du pays n’osent pas alors entrer dans les bois, sans garantir leur tête par quelque défense contre la chûte de ce fruit. (D. J.)

TOTON, s. m. terme de Tablettier, espece de dé traversé d’une petite cheville, sur laquelle on le fait tourner ; & il est marqué de différentes lettres sur ses quatre faces. Les enfans en ont fait un jeu, par lequel lorsque faisant tourner cette espece de dé il tombe sur le T, qui signifie totum, on prend tout ce qui est au jeu ; & c’est de-là que ce jeu tire son nom. (D. J.)

TOUACHE ou TOUAPARE, s. m. (Hist. nat. Diete.) c’est une espece de vin que les habitans de Madagascar savent faire avec la liqueur qui se tire des cannes de sucre. On dit qu’il a un goût amer qui approche de celui de la biere forte. Pour cet effet, on fait bouillir les canes de sucre dans de l’eau, jusqu’à ce que l’eau soit réduite aux deux tiers ; on met ensuite cette décoction dans des gourdes, & au bout de trois jours cette liqueur devient si forte qu’elle ronge la coquille d’un œuf, dans laquelle on l’aura versée. Ils font encore une autre liqueur qui est semblable à du cidre, en faisant bouillir pendant 4 ou 5 heures le fruit du bananier.

TOUAGE, s. m. (Marine.) c’est le travail des matelots, qui à force de rames, tirent un vaisseau qu’on a attaché à une chaloupe, afin de le faire entrer dans un port, ou monter dans une riviere.

Touage, (Marine.) Voyez Toue.

TOUANSE, s. f. (Soierie.) étoffe de soie qui vient de la Chine. C’est une espece de satin plus fort, mais moins lustré que celui de France. Il y en a d’unis, d’autres à fleurs ou à figures, & d’autres encore avec des oiseaux, des arbres & des nuages. (D. J.)

TOUCAN, s. m. (Hist. nat. Ornithol. exot.) Voyez la Pl. XII. fig. 3. C’est le nom américain d’un genre distinct d’oiseaux, qu’on range parmi les pics ; c’est pourquoi quelques-uns de nos naturalistes le nomment pica brasiliensis, pie du Brésil ; & d’autres l’appellent ramphostos : voici les caracteres de ce genre d’oiseau.

Son bec est considérablement large, égal en grandeur dans la plupart des especes, à tout le corps. Il n’a aucune narine visible. Ses piés ont chacun quatre orteils, deux devant & deux derriere, comme dans le perroquet.

On en connoît quatre especes : 1°. le toucan au croupion rouge : 2°. le toucan au croupion jaune : 3°. le toucan au croupion blanc : 4°. le toucan au croupion vert, avec un bec en partie coloré. Ces sortes d’oiseaux sont nommés par Linnæus rostratæ, à cause de la largeur de leur bec.

Cet oiseau est généralement en Amérique, de la grosseur d’un de nos pigeons. Son bec qui est extraordinaire, a rendu le toucan si célebre, qu’on l’a placé dans le ciel parmi les constellations australes. Ce bec est crochu au bout ; il est large de deux à trois pouces, & long de cinq à six. Il est d’une substance membraneuse, osseuse, transparente, reluisante, creuse en-dedans, & d’une grande légéreté. La partie supérieure arrondie au-dessus, croît en forme de faulx, émoussée à sa pointe. Les bords qui le terminent sont découpés en dents de scie, d’un tranchant très-subtil, prenant leur naissance vers la racine du bec, & continuant jusqu’à son extrémité ; cette dentelure en forme de scie, l’empêche de se fermer exactement. Mais afin que ce bec qui est d’une si grande longueur,

& d’une si grosse épaisseur fût bien soutenu, la tête de l’oiseau est à proportion du reste du corps grande & grosse.

Sa langue presque aussi longue que le bec, est composée d’une membrane blanchâtre, fort deliée, découpée profondément de chaque côté, & avec tant de délicatesse, qu’elle ressemble à une plume.

Ses jambes sont courtes, & couvertes de grandes écailles ; chacun de ses piés est composé de quatre orteils, dont les plus courts sont en-dedans, & les plus longs en-dehors ; chacun de ces orteils est terminé par un ongle noir & émoussé.

On s’apperçoit si peu des narines de cet oiseau, que l’on a cru qu’il n’en avoit point, & que l’air entroit dans son corps par les interstices de la dentelure du bec ; il est vrai cependant, que le toucan a des narines, mais qu’on ne découvre pas tout d’un coup, parce qu’elles sont cachées entre la tête & la racine du bec.

On peut dire en général que c’est un oiseau fort extraordinaire ; on en distingue les especes par leur grosseur, & la variété de leur couleur. Il ne vit point dans les pays froids de l’Amérique, mais l’on en voit beaucoup au Brésil le long de la riviere de Janéiro ; & les plus petits vivent au Pérou. Le champ du pennage de ces derniers est tout noir sur le dos, excepté au bout de la queue ; ils ont quelques pennes aussi rouges que du sang, entrelacées parmi les noires ; & sous la poitrine ils sont d’un jaune-orangé des plus vifs. Les Sauvages se servent de leurs grosses plumes pour leur parure.

Cet oiseau se familiarise facilement avec les poules ; alors il se présente quand on l’appelle, & n’est point difficile à nourrir, prenant indifféremment tout ce qu’on lui donne.

Thevet qui en parle dans ses voyages avec admiration, l’appelle l’oiseau mange-poivre. Il raconte que le dévorant avec avidité, il le rend tout aussitôt sans l’avoir digéré ; mais que les Américains font grand cas de ce poivre, parce que l’oiseau en a corrigé la chaleur âcre dans son estomac. C’est un bon conte de voyageur ; mais on peut lire des observations plus vraies sur cet oiseau dans le P. Feuillé.

Toucan, en Astronomie, c’est une constellation moderne de l’hémispere méridional, composée de huit petites étoiles, que l’on appelle autrement anser americanus, l’oie d’Amérique. V. Constellation.

TOUCHANT, adj. Voyez l’article Pathétique.

TOUCHANTE, s. f. en Géométrie, on dit qu’une ligne droite est touchante d’un cercle, quand elle la rencontre ; de maniere qu’étant prolongée des deux côtés indéfiniment, elle ne coupe point le cercle, mais tombe au-dehors.

La touchante d’une ligne courbe quelconque est plus proprement appellée tangente. Voyez Tangente.

TOUCHAU, s. m. (Docimast.) on nomme touchaux, des aiguilles d’essai, acus probatrices. Elles servent à connoître exactement les différens degrés d’alliage ou de pureté de l’or, de l’argent & du cuivre. On compare l’enduit de ces métaux avec celui des touchaux, qui sont de petites lames faites des mêmes métaux avec différens titres connus. Ces aiguilles sont larges d’une ligne, épaisses d’une demie, & longues de deux ou trois pouces. Chacune d’elles porte une empreinte qui indique son titre.

L’alliage des touchaux pour argent se fait avec du cuivre, & rarement avec du laiton. Pour en établir les proportions, on se sert du poids de marc en petit divisé en demi-onces & en grains. Mais comme il faut qu’il puisse contrebalancer une molécule métallique assez considérable pour une aiguille, on en prend un qui le double six fois, c’est-à-dire qui équivaut à 96 livres du quintal fictif, donc conséquemment un grain en vaut six du précédent. On pese avec