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viere de Saltza, sur les confins de l’électorat de Baviere, & à six milles de la ville de Saltzbourg. La peste y fit de grands ravages en 1310, & elle fut incendiée en 1571. Long. 30. 25. lat. 47. 54. (D. J.)

TITRE, s. m. (Hist. mod.) inscription qui se met au-dessus de quelque chose pour la faire connoître. Voyez Inscription.

Ce mot se dit plus particulierement de l’inscription que l’on met à la premiere page d’un livre, qui en exprime le sujet, le nom de l’auteur, &c. Voyez Livre.

Ce qui embarrasse un grand nombre d’auteurs, c’est de trouver des titres spécieux pour mettre à la tête de leurs livres. Il faut que le titre soit simple & clair : ce sont là les deux caracteres véritables de cette sorte de composition. Les titres fastueux & affectés forment des préjugés contre les auteurs. Les François donnent plus que les autres nations dans la fanfaronnade des titres ; témoin celui de M. le Pays : Amitiés, Amours, Amourettes, à l’imitation duquel on a fait cet autre, Fleurs, Fleurons, Fleurettes, &c.

Titre, en Droit civil & canon, signifie un chapitre ou une division d’un livre. Voyez Chapitre & Titre.

Un titre est subdivisé en paragraphes, &c. Voyez Paragraphe.

Chacun des cinquante livres du Digeste consiste dans un certain nombre de titres qui est plus grand dans les uns que dans les autres. Voyez Digeste.

Titre est aussi un nom de dignité, de distinction ou de prééminence, qui se donne à ceux qui en sont décorés. Voyez Noblesse.

Loyseau observe que les titres de rang ou de dignité doivent toujours venir immédiatement après le nom de famille, & avant le titre de la charge. Voyez Nom.

Le roi d’Espagne emplit une page entiere de titres pour faire l’énumération de plusieurs royaumes & seigneuries dont il est souverain. Le roi d’Angleterre prend le titre de roi de la Grande-Bretagne, de France & d’Irlande : le roi de France, celui de roi de France & de Navarre : le roi de Suede s’intitule, roi de Suede & des Goths : celui de Danemarck, roi de Danemarck & de Norwege : celui de Sardaigne, entr’autres titres, prend celui de roi de Chypre & de Jérusalem : le duc de Lorraine porte le titre de roi de Jérusalem, de Sicile, &c. Voyez Roi, &c. Les cardinaux prennent pour leurs titres les noms de quelques églises de Rome, comme de Sainte-Cécile, de Sainte-Sabine, &c. On les appelle cardinaux, du titre de Ste. Cécile, &c. Voyez Cardinal.

L’empereur peut conférer le titre de prince ou de comte de l’empire ; mais le droit de suffrage dans les assemblées de l’Empire dépend du consentement des états. Voyez Électeur & Empire.

Les Romains donnerent aux Scipions les titres d’Africain, d’Asiatique, &c. à d’autres, ceux de Macédoniens, Numidiens, Crétiens, Parthiens, Daciens, &c. pour faire conserver le souvenir des victoires remportées sur ces peuples. Le roi d’Espagne imite cet exemple, en donnant des titres honorables aux villes de son royaume, en récompense de leurs services & de leur fidélité.

Titre, est aussi une certaine qualité que l’on donne à certains princes, par forme de respect, &c. Voyez Qualité.

Le pape porte le titre de sainteté : un cardinal prince du sang, celui d’altesse royale, ou d’altesse sérénissime, suivant qu’ils sont plus ou moins éloignés du trône : les autres cardinaux princes, celui d’altesse éminentissime : les simples cardinaux, celui d’éminence : un archevêque, celui de grandeur. [En Angleterre, celui de grace : & de très-révérend : les évêques, celui de fort révérend : les abbés, prêtres,

religieux, &c. celui de révérend.] Voyez Sainteté, Éminence, Grace, Révérend, Pape, Cardinal, &c.

Pour ce qui est des puissances séculieres, on donne à l’empereur, le titre de majesté impériale : aux rois, celui de majesté : au roi de France, celui de majesté très-chrétienne : au roi d’Espagne, celui de majesté catholique : au roi d’Angleterre, celui de défenseur de la foi : au turc, celui de grand-seigneur & de hautesse : au prince de Galles, celui d’altesse royale : aux princes du sang de France, celui d’altesse sérénissime : aux électeurs, celui d’altesse électorale : au grand-duc, celui d’altesse sérénissime : aux autres princes d’Italie & d’Allemagne, celui d’altesse : au doge de Venise, celui de sérénissime prince : à la république & au sénat de Venise, celui de seigneurie : au grand-maître de malte, celui d’éminence : aux nonces & aux ambassadeurs des têtes couronnées, celui d’excellence, voyez Empereur, Roi, Prince, Duc, Altesse, Sérénité, Éminence, Excellence, &c.

L’empereur de la Chine, parmi ses titres, prend celui de tien-su, c’est-à dire, fils du ciel. On observe que les Orientaux aiment les titres à l’excès. Un simple gouverneur de Schiras, par exemple, après une pompeuse énumération de qualités, seigneuries, &c. ajoute les titres de fleur de politesse, muscade de consolation & de délices, &c.

Le grand-seigneur, dans ses patentes & dans les lettres qu’il envoie, soit aux princes étrangers, soit à ses bachas & autres officiers, prend les titres pompeux d’agent & d’image de Dieu. Tantôt il s’appelle tuteur du monde, gardien de l’univers, empereur des empereurs, distributeur des couronnes ; réfuge & asyle des rois, princes, républiques & seigneuries affligées ; libérateur de ceux qui gémissent sous l’oppression des Infideles ; unique favori du ciel, chéri & redouté par-tout. Tantôt il se qualifie, propriétaire des célestes cités de la Méque & de Médine, gardien perpétuel de la sainte Jérusalem. Souvent aussi il se dit, possesseur des empires de Grece & de Trébizonde, de soixante-dix royaumes, d’un nombre infini de peuples, terres & pays conquis en Europe, en Asie & en Afrique par l’epée exterminante des Musulmans ; & maitre absolu de plusieurs millions de guerriers victorieux des plus grands fleuves du monde, des mers Blanche, Noire & Rouge, des palusméotides, &c. Ils en donnent aussi de singuliers aux princes chrétiens ; tels sont ceux qui étoient à la lettre, que Soliman aga présenta à Louis XIV. en 1669 de la part de Mahomet IV : Gloire des princes majestueux de la croyance de Jesus-Christ, choisi entre les grands lumineux dans la religion chrétienne, arbitre & pacificateur des affaires qui naissent dans la communauté des Nazaréens, dépositaire de la gravité, de l’éminence & de la douceur ; possesseur de la voie qui conduit à l’honneur & à la gloire ; l’empereur de France, notre ami, Louis, que la fin de ses desseins soit couronnée de bonheur & de prospérité.

Parmi les Européens, les Espagnols sur-tout, affectent d’étaler aussi des titres longs & fastueux. On sait que Charles-Quint ayant ainsi rempli de tous ses titres la premiere page d’une lettre qu’il adressoit à François premier, ce prince ne crut pouvoir mieux en faire sentir le ridicule, qu’en se qualifiant : François, par la grace de Dieu, bourgeois de Paris, seigneur de Vanvres & de Gentilly, qui sont deux petits villages au voisinage de Paris.

Titre, (Jurisp.) signifie quelquefois qualité, comme quand on dit titre d’honneur.

Titre est aussi quelquefois opposé à commende, comme quand on dit qu’un bénéfice est conféré en titre. On entend aussi par titre de bénéfice, quelque fonction qui a le caractere de bénéfice.

Titre se prend encore pour la cause en vertu de laquelle on possede, ou on réclame une chose.