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phlogistique. C’est cette terre qui donne aux corps de la nature l’éclat, la couleur, l’odeur & la propriété de s’enflammer. Voyez l’article Phlogistique.

La troisieme est, suivant Becher, la terre mercurielle, elle est propre aux métaux, & leur donne la faculté d’entrer en fusion ; tandis que les deux autres terres leur sont communes avec les végétaux & les animaux. Voyez Métaux.

Quelque dénomination qu’on veuille donner à ces différentes terres, il est certain que les analyses chimiques nous font trouver des terres de nature différente dans tous les corps qui tombent sous nos sens. Il n’est point douteux que l’eau la plus pure ne contienne une portion de terre avec laquelle elle est intimement combinée au point de ne point perdre sa transparence ; cette terre se montre aussitôt qu’on fait évaporer l’eau ; c’est ainsi qu’une goutte d’eau de pluie mise sur une glace bien nette, y laisse une tache après qu’elle est évaporée. Tous les sels tant acides qu’alkalins, tant fluides que solides, ne sont que des terres combinées avec de l’eau.

L’air contient une portion sensible de terre. L’eau contenue dans l’air est chargée de ce principe ; les vapeurs, les fumées, les émanations qui s’élevent dans notre atmosphere ne peuvent manquer d’y porter sans cesse une grande quantité de terres diversement modifiées.

Ce sont des particules inflammables, c’est-à-dire des terres qui servent d’aliment au feu. En appliquant l’action du feu à toutes les substances tant végétales qu’animales & minérales, le résultat est toujours une terre ; on la trouve dans les cendres, dans la suie, dans les sels, dans les huiles, dans la partie aqueuse que l’on nomme phlegme ; en un mot dans tous les produits des opérations qui se font à l’aide du feu, les végétaux & les animaux donnent une terre lorsqu’ils entrent en pourriture : mais toutes ces terres n’ont point les mêmes propriétés ; d’où il est aisé de conclure qu’elles ne sont point parfaitement pures, mais dans un état de combinaison.

C’est la terre qui sort de base à toutes ces substances, c’est elle qui est la cause de leur accroissement & de leur entretien ; les pierres, les métaux ne sont que des composés de terres. Mais vainement cherche-t-on dans la nature une terre pure, si elle existoit seule, elle échapperoit à tous nos sens ; ainsi quand on parle d’une terre pure, cette pureté n’est que relative. (—)

Terre, (Hist. nat. Minéral.) on a vu dans l’article qui précede ce que les chimistes entendent par terre ; nous allons examiner ici la nature des substances, à qui on donne ce nom dans la minéralogie.

On peut définir les terres des substances fossiles solides, composées de particules déliées qui n’ont que peu ou point de liaison entre elles, qui ne sont point solubles dans l’eau, qui demeurent fixes au feu, & qui quand elles sont pures, n’ont ni saveur, ni odeur.

Les différentes terres que l’on rencontre sur notre globe varient considérablement pour leurs couleurs, leurs mélanges & leurs propriétés, c’est-là ce qui a déterminé les naturalistes à en faire différentes classes relativement à ces propriétés. Woodward divise toutes les terres, 1°. en celles qui sont onctueuses ou douces au toucher ; 2°. en celles qui sont rudes au toucher. Stahl, relativement aux effets que l’action du feu produit sur les terres, les divise en terres vitrifiables, c’est-à-dire, que l’action du feu change en verre, & en calcinables, que le feu convertit en chaux. Woltersdorff divise les terres en argilleuses, dont la propriété est de prendre de la liaison dans l’eau & de durcir dans le feu, & en alkalines, qui comme les sels alkalis se dissolvent par les acides, & que l’ac-

tion du feu convertit en chaux. Cartheuser, dans sa

minéralogie, fait deux classes de terres ; il appelle les premieres terres dissolubles. Ce sont celles qui sont propres à se détremper, & rester quelque tems mélées avec l’eau, telles sont les argilles, les terres savonneuses, &c. Il nomme les secondes terres indissolubles ; ce sont celles qui ne se détrempent point dans l’eau, & qui se déposent promptement au fond ; telles sont la craie, la marne, &c.

Le célebre Wallerius divise les terres en quatre classes. La premiere est celle des terres en poussiere, elles n’ont aucune liaison, sont seches au toucher, ne se détrempent point dans l’eau, & n’y prennent point de corps ; mais elles s’y gonflent & occupent un plus grand espace. Il les nomme terres maigres, & les soudivise en deux genres ; savoir, le terreau, humus, & la craie.

2°. Les terres onctueuses ou compactes, telles que les argilles, dont les parties ont de la ténacité, qui paroissent grasses au toucher, qui se détrempent dans l’eau, & peuvent ensuite prendre une forme.

3°. Les terres composées, ce sont celles qui sont mêlées de substances étrangeres, salines, métalliques, bitumineuses, sulphureuses, &c.

4°. Les sables qui doivent avec plus de raison être mis au rang des pierres que des terres.

Enfin M. Emanuel Mendez Dacosta, de la société royale de Londres, a divisé les terres en trois classes, qu’il soudivise en sept genres. Selon cet auteur, 1°. la premiere classe est celle des terres qui sont naturellement humides, d’un tissu compacte & douces au toucher, telles sont les terres bolaires, les argilles & les marnes.

2°. La seconde classe est celle des terres qui sont naturellement séches, d’un tissu lâche, & qui sont rudes au toucher ; dans cette classe on met la craie & les ochres.

3°. La troisieme classe est celle des terres composées, elles sont mélangées de substances étrangeres qui font qu’elles ne sont jamais pures ; telles sont les glaises & le terreau.

Telles sont les principales divisions que les minéralogistes nous ont données des terres ; il est aisé de sentir qu’elles sont purement arbitraires, & fondées sur les différens points de vue sous lesquels ils ont considéré ces substances, & l’on voit que souvent ils se sont arrêtés à des circonstances purement accidentelles, & qui ne nous peuvent rien apprendre sur les qualités essentielles qui mettent de la différence entre les terres.

Quelques auteurs ont fait différentes classes des terres, & leur ont assigné des dénominations d’après les usages auxquels on les employoit dans les arts & métiers ; c’est ce qui a donné lieu aux divisions des terres en médecinales & en méchaniques ; par les premieres, on entend celles que le préjugé ou l’expérience a fait trouver propres aux usages de la médecine & de la pharmacie, telles que les terres bolaires, les terres sigillées, dont l’efficacité n’est communément dûe qu’aux parties ferrugineuses & étrangeres qui y sont mêlées dans différentes proportions, tandis que ces terres n’agissent point du tout par elles-mêmes, ou si elles agissent, ce ne peut être que comme absorbantes, & alors elles sont calcaires, parce que les terres calcaires étant les seules qui se dissolvent par les acides, sont aussi les seules qui peuvent passer dans l’économie animale ; quant aux terres argilleuses & non calcaires, les substances avec qui elles sont mêlées peuvent produire quelqu’effet, mais les terres elles-mêmes sont incapables de passer au-delà des premieres voies dans le corps humain, n’étant point solubles dans les acides, & par conséquent elles ne peuvent y rien produire, sinon d’obstruer,