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font qu’il en coute souvent la vie à plusieurs : cependant il s’en trouve d’assez adroits pour couper une jambe au taureau d’un seul coup, sans lui donner prise sur eux : dès qu’il est une fois abattu, tous les combattans fondent sur lui l’épée nue, le frappent d’estoc & de taille jusqu’à ce qu’il soit mort, & quatre mules richement caparaçonnées le tirent hors de la carriere. Ensuite de quoi on en lâche un autre, & ainsi jusqu’à vingt-trois. Ce n’est pas seulement à Madrid & dans les autres grandes villes, mais encore dans les bourgs & les villages qu’on prend ces divertissemens. Jouvain, voyage d’Espagne.

Taureau, l’île du, (Géogr. mod.) petite île de France, en Bretagne, dans le diocèse de Tréguier. Elle est située à l’embouchure de Morlaix, & défendue par un port. (D. J.)

TAUREDUNUM CASTRUM, (Géogr.) château du Vallais, sur une montagne près du Rhône, selon Gregoire de Tours, hist. l. IV. c. xxxj. Belleforêt & M. Corneille, trompés par la ressemblance du nom, ont dit que Tauredunum castrum étoit la ville de Tournon dans les Cévennes : mais ils n’ont pas fait attention que ce château devoit être au-dessus de Geneve, par conséquent bien loin des Cévennes. Une ancienne chronique met Tauredunum Castrum, ou mons Tauretuneus, positivement dans le Vallais. Hoc anno, dit cette chronique, (ann. 583 de J. C.) mons validus Tauretunensis in territorio Valensi, ita subito ruit, ut castrum cui vicinus erat & vicos cum omnibus habitantibus, oppressisset, &c. Cette chronique ajoute que, par la chûte de cette montagne, le lac de Genève se déborda tellement, qu’il renversa plusieurs anciens villages qui étoient bâtis sur ses bords, & un grand nombre d’églises ; que le pont de Genève en fut emporté, ainsi que les moulins, & qu’il entra dans cette ville une si grande quantité d’eau que plusieurs personnes furent submergées. Ce desastre est rapporté plus au-long dans Gregoire de Tours. (D. J.)

TAUREIA, s. f. (Antiq. greq.) ταυρεία, fête chez les Grecs en l’honneur de Neptune, d’où la ville de Cyzique a pu donner le nom de ταυρέου au mois où elle célébroit cette fête. On appelloit aussi, à ce qu’il semble, Tauréon le lieu de l’assemblée. Elle étoit solemnelle & composée de trois colleges de prêtresses, & les sacrifices qui étoient offerts occasionnoient une dépense considérable. Les sacrificatrices, surnommées maritimes, devoient être consacrées aux divinités de la mer, & principalement à Neptune. Cette fête duroit plusieurs jours. Il paroît que les prêtresses étoient chargées par fondation ou autrement des frais de la fête. Clidicé, grande prêtresse de Neptune, leur avoit fait présent de sept cens stateres pour la dépense d’une seule solemnité, ce qu’on peut évaluer à la somme de vingt mille trois cens livres de notre monnoie. Antiq. greq. du C. de Caylus, tome II. (D. J.)

TAURENTINUM, (Géogr. anc.) lieu de la Gaule, sur le bord de la Méditerranée, au voisinage de Marseille. L’itinéraire d’Antonin écrit Taurentum. On croit que c’est aujourd’hui le port de Toulon. (D. J.)

TAURESIUM, (Géog. anc.) ville de la Dardanie européenne, au-delà du territoire de Duras, proche du fort de Bédériane, selon Procop. Ædit. l. IV. c. j. C’est de cette ville, ajoute-t-il, d’où Justinien, le réparateur de l’empire, a tiré sa naissance. Il la fit clore d’une muraille en quarré, éleva quatre tours aux quatre coins, & fonda tout proche une autre ville, qu’il nomma la premiere Justiniene. Tauresium est donc la patrie de Justinien ; & voici le tableau de son regne, par l’auteur de la grandeur & de la décadence des Romains.

Quoique Bélisaire eût envahi l’Afrique, repris Car-

thage, Rome & Ravenne sur les ennemis, la mauvaise

conduite de l’empereur, ses profusions, ses vexations, ses rapines, sa fureur de bâtir, de changer, de réformer, son inconstance dans ses desseins, un regne dur & foible devenu plus incommode par une longue vieillesse, furent des malheurs réels, mêlés à des succès inutiles & une gloire vaine.

Les conquêtes de Bélisaire qui avoient pour cause non la force de l’empire, mais de certaines circonstances particulieres, perdirent tout. Pendant qu’on y occupoit les armées, de nouveaux peuples passerent le Danube, désolerent l’Illyrie, la Macédoine & la Grece ; & les Perses, dans quatre invasions, firent à l’Orient des plaies incurables. Plus ces conquêtes furent rapides, moins elles eurent un établissement solide ; l’Italie & l’Afrique furent à peine conquises, qu’il fallut les reconquérir.

Justinien avoit pris sur le théatre une femme qui s’y étoit long-tems prostituée : elle le gouverna avec un empire qui n’a point d’exemple dans les histoires ; & mettant sans cesse dans les affaires les passions & les fantaisies de son sexe, elle corrompit les victoires & les succès les plus heureux.

Le gouvernement de ce prince n’étoit pas seulement peu sensé, mais cruel. Justinien non-content de faire à ses sujets une injustice générale en les accablant d’impôts excessifs, les désoloit par toutes sortes de tyrannies dans leurs affaires particulieres.

Enfin ce qui mit le comble à l’injustice de son gouvernement, c’est d’avoir détruit par l’épée ou par ses lois les sectes qui ne dominoient pas, c’est-à-dire des nations entieres. Quant aux forts qu’il fit bâtir, dont la liste couvre des pages dans Procope, ce ne sont que des monumens de la foiblesse de l’empire sous le regne de ce prince. Il mourut l’an 566 de Jesus-Christ à 84 ans, après en avoir regné 38. (D. J.)

TAURI, (Géog. anc.) peuples de la Sarmatie européenne, selon Tacite, Annal. l. XII. Ces peuples sont aussi connus sous le nom de Tauroscythes. (D. J.)

TAURIANA REGIO, (Géog. anc.) contrée d’Italie, dans la Lucanie, au-dessus du pays des Turions, selon Strabon, l. VI. p. 254. (D. J.)

TAURIANUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, chez les Brutiens, selon Pomponius-Mela, liv. II. c. iv. & Pline, lib. III. c. v. quelques exemplaires de ce dernier portent Torænum pour Taurianum ; on voit encore les ruines de cette ville auprès du village de Palena ; elle étoit voisine du port d’Oreste, appellé aujourd’hui Porto-Ravaglioso. (D. J.)

TAURIANUS-SCOPULUS, (Geog. anc.) rocher d’Italie, chez les Brutiens, selon Ptolomée, qui, l. III. c. iv. le marque sur la côte de la mer de Tyrrhene ; on nomme aujourd’hui ce rocher pietra della nave. ou simplement nave. (D. J.)

TAURICORNE, (Mythol.) surnom donné à Bacchus, parce qu’on le représentoit quelquefois avec une corne de taureau à la main ; cette corne étoit un symbole fort convenable à Bacchus. (D. J.)

TAURIES, s. f. pl. (Antiq. grecq.) fêtes célébrées chez les Grecs, en l’honneur de Neptune. Dans les tauries, on n’immoloit à ce dieu que des taureaux noirs. Voyez Potter, Archæol. græc. tom. I. p. 432. & les détails au mot Taureia. (D. J.)

TAURILIENS, Jeux, (Antiq. rom.) Taurilia ; jeux institués par Tarquin le Superbe, en l’honneur des dieux infernaux. On les nommoit Taurilia, selon Servius, parce qu’on leur immoloit une vache stérile, taura ; mais Festus croit avoir plus de raison, que ces jeux furent appellés taurilia, parce qu’on leur sacrifioit un taureau, dont la chair étoit distribuée au peuple. Il y avoit chez les Romains trois sortes de jeux, en l’honneur des divinités infernales ; savoir, les jeux tauriliens, les compitaux & les té-