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On y a aussi trouvé les ruines d’un théatre, qui étoit en partie taillé dans le roc & en partie bâti de gros quartiers de marbre, dans l’endroit où est à présent l’église de Notre-Dame du miracle. Cette église, ainsi que la cathédrale, doivent leur construction aux pierres & au marbre qu’on a tirés des débris de cet ancien théatre des Romains.

Les Maures prirent Tarragone en 719, & la démantelerent. Le pape Urbain II. y envoya une colonie en 1038, & ensuite céda cette ville à Raymond Berenger, comte de Barcelone. Les François assiégerent Tarragone en 1641, sans pouvoir s’en rendre maîtres.

Elle est la patrie d’Orose (Paul), prêtre, & historien ecclésiastique du v. siecle. Il lia grande connoissance avec S. Augustin, qui l’envoya en 415 à Jérusalem auprès de S. Jérôme, pour le consulter sur l’origine de l’ame.

Quoi qu’il en soit de la réponse qu’a pû faire S. Jérôme, ce fut au retour du voyage de Palestine que le prêtre de Tarragone composa son histoire générale, qui commence avec le monde & qui finit l’an 416 de Jesus-Christ. Il y en a plusieurs éditions ; la premiere est, je pense, à Venise en 1500 ; la seconde est à Paris en 1506, chez Petit ; la troisieme en 1524, à Paris, in-fol. Ces trois éditions sont moins correctes que les suivantes, à Cologne 1536, 1542, 1561, 1572.

On ne peut contredire raisonnablement le jugement que Casaubon porte de cet ouvrage, qui néanmoins n’est pas sans utilité. On voit à-travers les termes honnêtes du savant critique de Genève, qu’il n’en faisoit pas grand cas. En effet la tâche que prit Orose étoit au-dessus de ses forces. Il ignoroit le grec, & connoissoit fort peu l’histoire romaine. D’ailleurs il peche souvent contre la chronologie, & croit trop aux bruits populaires.

On dit qu’il avoit intitulé son livre de miseriâ hominum ; mais j’imagine que c’est quelque homme d’esprit qui lui a prêté ce titre si convenable à l’histoire en général, & plus encore à l’histoire ecclésiastique qui est le miroir des miseres de l’esprit humain & des maux que son intempérance fait dans le monde. (Le chevalier de Jaucourt.)

TARRAS, (Géog. anc.) ville de l’île de Sardaigne, sur la côte occidentale de l’île. Ptolomée, l. III. c. iij. la marque entre le port Coracodès & l’embouchure du fleuve Cirsus. Le nom moderne est Largo, selon Marius Niger. (D. J.)

TARRATE, (Géog. mod.) petite contrée d’Ethiopie, au royaume de Tigré & au nord de Caxumo. (D. J.)

TARREAU, s. m. (Art méchaniq.) outil d’acier trempé, fait en vis, & servant à faire les écrous des vis. Il doit s’ajuster au trou de la filiere ; & chaque trou d’une filiere simple doit avoir son tarreau.

Tarreau, (Arquebus.) c’est un morceau d’acier trempé, rond, de la grosseur d’un pouce par en-bas, & quarré par en-haut : le bas est garni de vis fort aiguës. Les Arquebusiers s’en servent pour marquer des vis creuses, ou des écrous en introduisant le tarreau dans un trou, & le faisant tourner avec le porte-tarreau. Ils en ont de plus gros & de plus petits les uns que les autres.

Tarreau de charron, espece de tarriere en forme de cône, qui sert à donner de l’entrée aux essieux dans le moyeu des roues. Le tarreau est accompagné d’un crochet qui aide à faire sortir le copeau.

Pour forger une tarriere simple, une tarriere en cuillere & un tarreau, on prend une barre de fer, on étend le bout destiné à former la cuilliere de la lar-

geur & de l’épaisseur convenables ; on l’acere ; on

rend les côtés & l’extrémité tranchans ; on menage plus d’épaisseur au milieu. Quand la piece est forgée, on la forme à la lime, & on l’acheve en la trempant.

TARREAUDER, v. act. terme de Serrurier, c’est faire avec un tarreau, un trou dans une piece de métal ou de bois, qui serve d’écrou, pour y faire entrer une vis. (D. J.)

TARREGA, (Géog. mod.) ville d’Espagne dans la Catalogne, sur une colline, près de la riviere Cervera, 6 lieues de Lérida, sur la route de cette ville à Barcelone. Les anciens romains connurent cette ville sous le nom de Tarraga. Les Maures en ont été les maîtres, & Raymond Bérenger la leur enleva en 1163. C’est aujourd’hui le chef-lieu d’une viguerie, dans un terroir abondant en blé, vin, huile & bétail. (D. J.)

TARRER, v. act. terme de Blason, ce verbe signifie donner un certain tour au heaume ou timbre de l’écu. On dit tarrer de front, de côté ou de profil. Ce terme employé pour les casques, vient de leurs grilles qui étoient autrefois représentées à la maniere des tarots de cartes. Menest.

TARRIERE, s. f. (Arts méchan.) outil de fer servant aux Charpentiers & aux menuisiers ; il y en a de plusieurs sortes, & de différentes grosseurs. Ce mot, selon Félibien, vient du grec τερέω, terebro, percer avec un instrument. Quand la tarriere est grosse, les ouvriers disent une grosse tarriere ; & quand elle est petite, ils disent un laceret, ou une petite tarriere.

Il y a trois sortes de tarrieres : les unes tournées en vis tranchantes ; les autres avec une pointe aiguë en vis, &c. les autres ont le bout en forme de cuillieres de table, dont tous les bords sont tranchans. Cette derniere sorte de tarriere est sur-tout à l’usage des Sabotiers : ils s’en servent pour façonner & polir la place du pié dans le sabot. (D. J.)

Tarriere a rivet, outil de Charron, cet outil est fait comme les autres tarrieres, & est plus menu, plus court & plus fin ; il leur sert à former des petits trous pour mettre des clous rivés. Voyez les fig. & Pl. du Charron.

Tarriere a cheville ouvriere, outil de Charron, cet outil est fait comme les autres tarrieres, excepté qu’il est un peu plus gros & plus court, & qu’il sert aux charrons à former des trous dans l’avant-train pour poser la cheville ouvriere.

Tarriere a gentiere, outil de Charron, cet outil est exactement fait comme la tarriere à goujon, & est un peu plus mince ; elle sert aux charrons à percer les trous aux gentes des roues.

Tarriere a goujon, outil de Charron, cet outil est exactement fait comme l’esseret long, à l’exception qu’il est plus fort, plus grand & plus large, & qu’il sert à former les trous dans les moyeux.

Tarriere, (Charpent.) outil de fer aceré, qui est emmanché de bois en potence, & qui en tournant, fait que le fer perce le bois où il touche, & fait de grands trous propres à mettre les chevilles. Il y en a de plusieurs sortes en grosseur & grandeur. (D. J.)

Tarriere, terme de Mineur, instrument dont le mineur se sert pour percer les terres. Quelquefois la tarriere est tout d’une piece ; d’autres fois elle a des brisures qui s’ajustent les unes aux autres. Son usage est pour se précautionner contre le contre-mineur. Quand le mineur l’entend travailler, il perce la terre du côté qu’il entend le bruit avec sa tarriere, qu’il alonge tant qu’il veut par le moyen des brisures ; & dans ce trou il pousse une grosse gargouille, à laquelle il met le feu pour étouffer le contremi-