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dans la province de Nithesdale ; elle se jette dans le Bladnoch, après avoir coulé quelque tems à l’occident de Krée.

TARGA, (Géog. mod.) petite ville d’Afrique, au royaume de Fez, sur la côte de la Méditerranée, dans une plaine, à sept lieues de Tétuan, avec un château bâti sur un rocher. La pêche y est très-abondante, mais les environs de la ville n’offrent que des forêts remplies de singes, & des montagnes escarpées. Marmol prétend que Targa est le Taga de Ptolomée, à 8. 20. de longitude & à 35. 6. de latitude. (D. J.)

TARGE, s. f. ou TALLEVA, (Art. milit.) espece de grand bouclier, dont on s’est servi autrefois pour couvrir les troupes. Elles avoient à-peu-près le même usage que nos mantelets, excepté que les mantelets sont roulés ou poussés par les travailleurs, au-lieu que les targes étoient portées par des gens particuliers pour couvrir les combattans ou les attaquans. Voyez Pavois. (Q)

Targe, s. f. (Jardin.) ornement en maniere de croissant, arrondi par les extrémités, fait de traits de buis, & qui entre dans les compartimens des parterres. Il est imité des targes, ou targues, boucliers antiques dont se servoient les Amazones, & qui étoient moins riches que ceux de combat naval des Grecs. C’est ce que Virgile nomme pelta lanata. (D. J.)

TARGETTE, s. f. (Serrur.) espece de petit verroux monté sur une platine, avec deux cramponets. Elle se pose aux guichets & croisées, à la hauteur de la main, & derriere les portes. Il y en a à panache, d’ovales & de quarrées.

On les appelle targettes à panaches, quand les bouts de la platine sont découpés, & représentent quelques fleurons ; targettes ovales, lorsque la platine est ovale ; targettes quarrées, lorsque la platine est quarrée. On les fixe à vis ou à clous.

Targette, s. f. (terme de Lainage.) petit morceau de gros cuir que les ouvriers laineurs ou épleigneurs s’attachent sur le dos des doigts de la main, qu’ils nomment main de devant, pour empêcher de les écorcher en travaillant avec la croix où sont montées les brosses de chardon vif dont ils se servent pour lainer ou éplaigner les étoffes sur la perche. Savary.

Targette ou Tergette, sont de petites regles de bois de chêne, qui ont à leurs extrémités un trou dans lequel passe un morceau de fil de laiton recuit, que l’on fait tenir en le tortillant avec des pincettes ; il doit y avoir environ trois pouces du fil de laiton qui ne doit pas être tortillé. Pour pouvoir attacher la targette, soit aux pattes de la brege, ou aux anneaux des boursettes ou des demoiselles pour faire des targettes, on prend des lates à ardoises, qui sont les lates sur lesquelles les couvreurs attachent les ardoises ; on les rabote bien, & on les réduit à une ligne d’épaisseur ; on dresse ensuite le champ d’un côté seulement, & avec le trusquin des menuisiers armé d’une pointe coupante ; on trace un trait à 5 ou 6 lignes de la rive, & en passant plusieurs fois le trusquin, on détache entierement la targette.

TARGINES ou TARGIS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie. Pline, liv. III. ch. x. le met dans le pays de Locres. C’est aujourd’hui le Tacina. Ortelius remarque que Gabriel Barri place une ville de même nom près de ce fleuve, & que cette ville est présentement nommée Vernauda. (D. J.)

TARGOROD, (Géogr. mod.) ville de la Moldavie, au confluent de la Sereth & de la Moldaw, à 15 lieues au-dessous de Soczowa. Quelques géographes la prennent pour la Ziridava de Ptolomée, liv. III. ch. viij. mais Lazius prétend que le nom moderne de Ziridava est Scaresten. (D. J.)

TARGUM, (Critique sacrée.) c’est une paraphrase chaldaïque.

Les targums ou paraphrases chaldaïques sont des versions du vieux Testament, faites sur l’original, & écrites en chaldéen, qu’on parloit dans toute l’Assyrie, la Babylonie, la Mésopotamie, la Syrie & la Palestine. On se sert encore de cette langue dans les églises nestoriennes & maronites, comme on fait du latin dans celles des catholiques romains en Occident. Le mot targum ne veut dire autre chose que version en général ; mais parmi les Juifs ce terme est consacré, & marque toujours les versions chaldaïques, dont j’ai promis de parler avec recherche ; je vais remplir ma parole.

Ces versions furent faites à l’usage & pour l’instruction des juifs du commun, après le retour de la captivité de Babylone ; car quoique plusieurs des personnes de distinction eussent entretenu l’hébreu pendant cette captivité, & l’eussent enseigné à leurs enfans ; & que les livres de la sainte Ecriture qui furent écrits depuis ce retour, excepté quelques endroits de Daniel & d’Esdras, & le vers. 11. du x. ch. de Jérémie, fussent encore écrits dans cette langue : cependant le peuple en général à force de converser avec les Babyloniens, avoit appris leur langue, & oublié la sienne propre. Il arriva de-là que quand Esdras lut la loi au peuple (Néhém. viij. v. 4. 8.) il lui fallut plusieurs personnes, qui sachant bien les deux langues, expliquassent au peuple en chaldaïque ce qu’il leur lisoit en hébreu. Dans la suite, quand on eut partagé la loi en cinquante-quatre sections, & que l’usage se fut établi d’en lire une toutes les semaines dans les synagogues, on employa la même méthode de lire d’abord le texte en hébreu, & d’en donner immédiatement après l’explication ou la traduction en chaldaique. Dès que le lecteur avoit lu un verset en hébreu, un interprete, qui étoit auprès de lui, le mettoit en chaldaïque : & donnoit ainsi de verset en verset toute la traduction de la section au peuple.

Voilà ce qui fit faire les premieres traductions chaldaïques, afin que ces interpretes les eussent toutes prêtes. Et non-seulement on les trouva nécessaires pour les assemblées publiques dans les synagogues, mais très-commodes pour les familles, afin d’y avoir l’Ecriture dans une langue que le peuple entendît.

On ne fit d’abord des targums ou paraphrases chaldaïques que pour la loi, parce qu’on ne lisoit d’abord que la loi, ou les cinq livres de Moïse dans les synagogues ; ce qui dura jusqu’à la persécution d’Antiochus Epiphanes. Comme dans ce tems-là on commença à lire dans les synagogues les prophetes, il fallut nécessairement en faire des versions, tant pour l’usage public que pour celui des particuliers ; car puisque l’Ecriture est donnée aux hommes pour leur édification, il faut que les hommes l’aient dans une langue qu’ils entendent. De-là vient qu’à la fin toute l’Ecriture fut traduite en chaldaïque.

Cet ouvrage fut entrepris par différentes personnes & à diverses reprises par quelques-uns même dans des vues différentes ; car les unes furent faites comme des versions pures & simples, pour l’usage des synagogues ; & les autres, comme des paraphrases & des commentaires, pour l’instruction particuliere du peuple ; tout cela fit qu’il se trouva quantité de ces targums assez différens les uns des autres ; de même il se rencontra de la différence entre les versions de l’Ecriture, qui se firent en grec dans la suite, parce que les auteurs de ces versions se proposoient chacun un différent but, comme l’octaple d’Origene le montroit suffisamment. Sans doute qu’il y avoit aussi autrefois un bien plus grand nombre de ces targums, dont la plûpart se sont perdus, & dont il n’est pas même fait mention aujour-