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bre infini des grains de sable, vous êtes arrêté aujourd’hui sur le rivage de Matine faute d’un peu de poussiere. Que vous sert maintenant d’avoir par votre intelligence percé le vuide immense des airs, & parcouru tout l’univers d’un pole à l’autre, puisque tant de sublimes connoissances n’ont pu vous garantir d’un funeste trépas ? »

Te maris & terræ, numeroque carentis arenæ
Mensorem cohibent, Archyta,
Pulveris exigui, propè littus, parva Matinum
Munera ! nec quidquam tibi prodest
Aërias tentasse domos, animoque rotundum
Percurisse polum, morituro.

Lysis fut dans sa jeunesse disciple de Pythagore déja vieux. Ce philosophe ayant refusé l’entrée de son école à Cylon, l’un des premiers de Crotone, mais dont le caractere d’esprit ne lui convenoit pas ; celui-ci à la tête d’une partie des citoyens, qu’il avoit ameutés pour se venger, mit le feu au logis de l’athlete Milon, où étoient assemblés environ quarante pythagoriciens qui furent tous brûlés, ou accablés de pierres, à la reserve de Lysis & d’Archippe, ou, selon d’autres, de Philolaüs, qui étant jeunes & dispos, eurent le courage de se sauver. Lysis se retira en Achaye, puis à Thèbes, où il devint précepteur d’Epaminondas. Il y établit une école publique, y mourut & y fut enterré. Le pythagoricien Théanor y vint dans la suite à dessein de faire transférer en Italie les os du défunt, au rapport de Plutarque, lequel raconte assez au long cette histoire.

On vante sur-tout en la personne de Lysis son exactitude à tenir sa parole, même dans les occasions de très-petite importance ; & c’est de quoi Iamblique allégue l’exemple qui suit. Lysis ayant fait un jour sa priere dans le temple de Junon, rencontra, comme il en sortoit, Euryphâme de Syracuse, l’un de ses condisciples, qui venoit y faire la sienne. Celui-ci dit à Lysis qu’il le rejoindroit incessamment, & le pria de l’attendre. Lysis le lui promit, & s’assit sur un banc de pierre qui étoit à l’entrée du temple. Euryphâme, après sa priere, se trouva tellement absorbé dans ses profondes méditations, qu’il en oublia son ami ; il sortit par une autre porte. Lysis l’attendit le reste du jour, la nuit suivante, une partie du lendemain, & l’auroit attendu plus long-tems, si Euryphâme en entrant dans l’école, & ne l’y voyant pas, ne se fût ressouvenu de la rencontre de la veille. Cela le fit retourner au temple, d’où il ramena Lysis, qui l’avoit attendu constamment ; & il lui dit que quelque dieu l’avoit ainsi permis pour faire éclater en lui une exactitude si scrupuleuse à tenir sa parole. Telle étoit celle des Pythagoriciens à garder celle de leur maître !

Lysis composa des commentaires sur la philosophie de Pythagore, lesquels sont perdus. Diogene Laërce témoigne que de son tems on lisoit quelques ouvrages de Lysis, sous le nom de Pythagore. Plusieurs attribuent à ses disciples les vers dorés, que d’autres donnent à Philolaüs, mais que M. Fabricius prétend être l’ouvrage d’Empédocle, comme il s’efforce de le prouver dans sa bibliotheque greque. Il reste aujourd’hui sous le nom de Lysis, une lettre adressée à Hipparque, où ce philosophe reproche à cet ami de divulger les secrets de la philosophie de leur maître commun. On trouve cette lettre dans différens recueils indiqués par M. Fabricius, entre autres dans celui de Thomas Gale, publié sous le titre d’opuscula mythologica & philosophica.

Il est parlé dans Strabon & dans Athénée d’un autre Lysis poëte, auteur des vers ioniens effeminés & impudiques, lequel succéda en ce genre d’écrire à Sotadès, & à l’étolien Alexandre, qui s’y étoient, dit-on, exercés en prose, d’où on les avoit tous sur-

nommés Κιναιδολόγους ; les disciples de ce Lysis s’appelloient

Lysiodi, Λυσιῳδοὶ, de même que ceux de Simus, autre poëte du même goût, mais plus ancien que Lysis, se nommoient Simodi, Σιμωδοί. Mém. de littér. tome XIII. in-4°. p. 234.

Aristoxène étoit fils du musicien Mnésias, autrement appellé Spinthare. Etant dans la ville de Mantinée, il y prit du goût pour la Philosophie, & s’étant de plus appliqué à la Musique, il n’y perdit pas son tems. Il fut en premier lieu disciple de son pere, & de Lamprote d’Erythrée, puis du Pythagoricien Xénophile, enfin d’Aristote, sous lequel il eut Théophraste pour compagnon d’étude. Aristoxène vivoit donc, comme l’on voit, sous Alexandre le Grand & ses premiers successeurs, & il fut contemporain du messénien Dicéarque, historien très-fameux.

De tous les ouvrages philosophiques, historiques, philologiques & autres qu’Aristoxene avoit composés, & dont on trouve une exacte notice dans la bibliotheque greque, liv. III. c. x. tom. II. p. 257. de M. Fabricius, il ne nous reste aujourd’hui que ses trois livres des élémens harmoniques ; & c’est le plus ancien traité de musique qui soit venu jusqu’à nous. Meursius pour la premiere fois en publia le texte, suivi de ceux de Nicomaque & d’Alypius, autres musiciens grecs, & des notes de l’éditeur, le tout imprimé à Leyde en 1616, in-4°. La version latine d’Aristoxène & celle des harmoniques de Ptolomée faites par Antonin Gogavin, avoient paru conjointement à Venise dès l’année 1561, in-4°. Mais on a vu reparoître avec un nouvel éclat le texte grec d’Aristoxène, revu & corrigé sur les manuscrits, accompagné d’une nouvelle version latine, & des savantes notes de Marc Meibom, qui l’a fait imprimer à la tête de la belle édition qu’il nous a donnée des musiciens grecs, à Amsterdam en 1652, in-4°. deux vol. Il est parlé de cet ouvrage d’Aristoxène touchant la musique dans plusieurs auteurs anciens, tels qu’Euclide, Cicéron, Vitruve, Plutarque, Athénée, Aristide, Quintilien, Ptolomée, Boëce, &c.

A l’égard de ses autres traités concernant la Musique, & qui sont perdus, ils rouloient, 1°. sur les joueurs de flûte, les flûtes & autres instrumens de Musique ; 2°. sur la maniere de percer les flûtes ; 3°. sur la Musique en général, ouvrage différent des harmoniques & dans lequel il s’agissoit, non-seulement des autres parties de cet art, telles que la rhythmique, la métrique, l’organique, la poétique & l’hypocritique, mais encore de l’histoire de la Musique & des musiciens ; 4°. sur la danse employée dans les tragédies ; 5°. sur les poëtes tragiques. De tous les musiciens dogmatiques grecs que le tems nous a conservés, Aristoxène est le seul dont Plutarque fasse mention. Mém. de littér. tom. X. in-4°. p. 309.

Pacuve, né à Brindes, mourut à Tarente, âgé de près de 90 ans. Il étoit petit-fils d’Ennius, & vivoit vers la cent cinquante-sixieme olympiade. Doué de beaucoup d’esprit, il le cultiva soigneusement par la lecture des auteurs grecs, dont il fit passer les richesses dans ses compositions. Rome n’avoit point eu de meilleur poëte tragique avant lui, & il s’en est même trouvé très-peu qui l’ayent égalé jusqu’au tems des Césars. (Le Chevalier de Jaucourt.)

TARER, v. act. (terme de Comm.) c’est peser un pot ou une bouteille avant que d’y mettre la drogue ou la liqueur, afin qu’en la repesant après, on puisse savoir au juste combien il y en est entré.

Dans le commerce des sucres, on tare une barique, & l’on en met le poids sur un des fonds pour en tenir plus aisément compte à l’acheteur, en comparant ce qu’elle pese vuide avec ce qu’elle pese pleine. Savary. (D. J.)

TARE-RONDE, voyez Pastenague.

TARF, le, (Géog. mod.) petite riviere d’Ecosse,