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cœliaques, les diarrhées, les dyssenteries, les passions iliaques, &c.

Sous le troisieme chef doit être rangée la jaunisse, la pierre, l’hydropisie, la fievre, l’ischurie, la strangurie, l’asthme, le rhume, &c. Voyez chacune de ces choses sous son article particulier, Faim, Nausée, Lienterie, Diarrhée, Jaunisse, Hydropisie, Pierre, Fievre, &c.

Les symptomes critiques sont ceux qui marquent & annoncent une crise salutaire ; telle est l’éruption d’une parotide à la fin ou dans l’augmentation d’une fievre maligne ; telle est une hémorrhagie par l’une des narines, dans le cas de pléthore, qui s’est jettée sur la plevre, ou sur le poumon.

Les symptomes en général demandent un traitement particulier, quoiqu’ils disparoissent avec la cause de la maladie ; mais on doit commencer surtout par les abattre dans les maladies aiguës, ainsi la fievre dans toutes les inflammations avec la douleur, fait la premiere indication. Voyez Maladie.

Symptomes protéiformes, (Médec.) on nomme ainsi dans les fievres & autres maladies des symptomes irréguliers si peu attendus, & si violens, qu’ils mettent en danger la vie du malade, parce qu’ils dérobent au medecin le caractere de la maladie, & son état présent ; ensorte qu’il ne peut la reconnoître, ni par le tempérament, ni par le pouls, ni par les urines, ni par aucune autre des voies accoutumées. Souvent il ne remarque qu’un grand frisson, un vomissement continuel, une violente diarrhée, une colique d’estomac, des spasmes, une douleur piquante de côté, ou d’autres accidens qui ne servent qu’à écarter son esprit de la vraie méthode curative. Il faut alors s’en tenir aux seuls remedes propres à calmer des symptômes les plus urgens, & ne rien entreprendre qui puisse détruire les forces de la nature, & arrêter les crises heureuses qu’elle peut opérer. (D. J.)

SYMPTOSE, s. f. (Léxicogr. Médic.) σύμπτωσις ; terme qui composé de σὺν & de πίπτω je tombe, désigne l’affaissement ou la contraction des vaisseaux, comme il arrive après des évacuations considérables. Ce mot se prend aussi quelquefois pour un affaissement du corps accablé de lassitude & de foiblesse ; enfin ce mot signifie tout abattement particulier de quelque partie que ce soit du corps, des yeux, du visage, &c. (D. J.)

SYMPULE, s. m. (Antiq.) petit vase dont les pontifes romains se servoient dans les sacrifices pour faire des libations.

SYNAGOGUE des Juifs, (Critiq. sacrée.) ce mot grec qui signifie en général toute assemblée, se prend en particulier pour le lieu destiné chez les Juifs au service divin, lequel consiste principalement dans la lecture de la loi & des prophetes.

Il est très-vraissemblable que le peuple juif n’avoit point de synagogue avant la captivité ; ce fait paroît justifié, non-seulement par se profond silence de l’Ecriture, du vieux Testament, mais même par plusieurs passages qui prouvent évidemment qu’il falloit qu’il n’y en eût point alors : car la maxime des Juifs, que là où il n’y a pas de livres de la loi, il ne peut pas y avoir de synagogue ; c’est une proposition que le bon sens dicte ; en effet, comme le service essentiel de la synagogue consistoit à lire la loi au peuple, il en résulte que là où il n’y avoit point de livres de la loi il ne pouvoit pas y avoir de synagogue.

Quantité de passages de l’Ecriture nous marquent combien le livre de la loi étoit rare dans toute la Judée avant la captivité. Quand Josaphat envoya des missionnaires dans tous les pays, pour instruire le peuple dans la loi de Dieu, 11 Chron. xvij. 9. ils porterent un exemplaire de la loi, précaution fort

inutile, s’il y en eût eu dans les villes où ils alloient : & il y en eût eu, sans doute, s’il y eût eu des synagogues : il seroit aussi ridicule de supposer parmi les Juifs une synagogue sans un exemplaire de la loi, que parmi les Protestans une église paroissiale sans bible. Or cette particularité prouve qu’on manquoit alors en Judée d’exemplaires de la loi, & qu’il n’y avoit point de Synagogue ; c’est donc vraisemblablement à la lecture qu’Esdras établit de la loi en public, après la captivité, que les Juifs ont été redevables de l’érection de leurs synagogues. Examinons présentement 1°. dans quel lieu on devoit ériger des synagogues ; 2°. quel étoit le service qui s’y faisoit ; 3°. dans quel tems ; 4°. enfin quels ministres y officioient.

1°. Voici la regle qu’on observoit par rapport au lieu : par-tout où il y avoit dix batelnim, c’est-à-dire dix personnes d’un âge mûr, libres, qui pussent assister constamment au service, on devoit y établir une synagogue. Selon les rabbins il falloit dix personnes telles qu’on vient de dire, pour former une assemblée légitime : & là où ce nombre n’étoit pas complet, on ne pouvoit faire légitimement aucune partie du service de la synagogue. Mais par-tout où l’on pouvoit s’assurer du service de dix personnes en état d’assister aux assemblées avec les qualités requises ; il falloit bâtir une synagogue. Cela ne se trouvoit que dans un endroit assez peuplé ; & on ne vouloit pas en avoir ailleurs. Car je regarde cette regle comme une défense d’en établir où ces conditions ne se trouvoient pas ; aussi bien qu’un ordre positif d’en bâtir où elles se trouvoient, & où le nombre des habitans étoit assez grand, pour compter qu’on auroit toujours sur semaine, aussi bien que le jour du sabbat, au moins dix personnes qui auroient le tems d’assister au service, qui ne pouvoit pas se faire sans ce nombre complet d’assistans.

D’abord il n’y eut que fort peu de ces synagogues ; mais dans la suite elles se multiplierent extremement, & devinrent aussi communes que le sont parmi nous nos églises paroissiales, auxquelles elles ressemblent beaucoup. Du tems même de notre Seigneur, il n’y avoit pas de ville de Judée, quelque petite qu’elle fût, qui n’eût pour le moins une synagoque. Les Juifs nous disent, qu’environ ce tems-là, la seule ville de Tibérias en Galilée en avoit douze, & celle de Jérusalem 480. Mais si l’on prenoit ce nombre à la lettre, il faudroit pour plusieurs de ces synagogues, avoir recours à l’expédient de quelques savans qui prétendent que ces dix résidens de synagogues, qu’on nomme batelnim, étoient des personnes gagées ; sans cela, comment s’assurer pour tant de synagogues, d’un nombre suffisant de gens sur semaine, pour former toutes ces assemblées ? Il y avoit au moins deux de ces jours qui en demandoient une solemnelle, aussi bien que le sabbat. Lightfoot, pour lever la difficulté, croit que les batelnims étoient les anciens & les ministres qui officioient dans la Synagogue.

2°. Passons au service de la synagogue : il consistoit dans la priere, la lecture de l’Ecriture & la prédication. La priere des Juifs est contenue dans les formulaires de leur culte. D’abord ce culte étoit fort simple, mais à présent il est fort chargé & fort long. La partie la plus solemnelle de leurs prieres, est ce qu’ils appellent Schémonehé Eshre, ou les dix-neuf prieres. Il est ordonné à toutes les personnes parvenues à l’âge de discrétion de les offrir à Dieu trois fois le jour, le matin, vers le midi & le soir. On les lit avec solemnité tous les jours d’assemblée ; mais elles ne sont néanmoins que comme le fondement d’autres prieres.

La seconde partie du service de la synagogue, est la lecture du vieux Testament. Cette lecture est de