Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/696

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les jardins de l’hôtel d’Arundel, fussent remis à l’université d’Oxford, qui l’en remercia par des députés. Il procura la bibliotheque d’Arundel à la Société Royale, & lui fit présent en son particulier de très-belles tables des veines & des arteres, qu’il avoit apportées d’Italie. Non content de contribuer de tout son pouvoir à favoriser les efforts des autres, il perfectionna par ses travaux utiles, les connoissances de ses compatriotes. Il mourut en 1706, dans la 86e. année de son âge. Je citerai quelques-uns de ses ouvrages, dans le grand nombre de ceux qu’il a publiés.

Le principal est sa sculptura, ou l’histoire de la Chalcographie, & de l’art de graver en cuivre, avec un catalogue des plus célebres graveurs, & de leurs productions, Londres 1662. in-8°. il s’agit dans le premier chapitre de cet ouvrage (qui mériteroit d’être traduit), de la sculpture en général, de ses especes, des stiles, & autres instrumens qu’on y emploie. Le second chapitre traite de l’origine de la sculpture. Le troisieme roule sur ses progrès chez les Grecs & les Romains. Le quatrieme donne l’invention de la chalcographie, avec un catalogue des plus célebres maîtres. Le cinquieme concerne le dessein. Le sixieme expose une nouvelle maniere de graver, ou de demi-teinte, mezzo-tinto, communiquée par le prince Robert.

L’auteur, après avoir décrit deux instrumens employés dans le mezzo-tinto, le hatcher, & le stile, explique la façon de s’en servir ; il finit en disant : cette nouvelle maniere de graver est due au hazard, & c’est un soldat allemand qui en a la gloire ; ayant remarqué quelques ratissures sur le canon de son mousquet, il rafina là-dessus, jusqu’à ce qu’il eut trouvé le moyen de produire les effets qu’il désiroit, & qui surpassent en délicatesse tout ce qu’on a imaginé dans cet art, pour imiter ces traits admirables que les Italiens appellent morbidezza. Je suis le premier anglois, ajoute M. Evelyn, à qui on a fait l’honneur de communiquer ce secret, & son altesse qui a bien voulu se donner la peine de me diriger, m’a permis de le rendre public.

Il y a une seconde maniere de graver, en roulant sur une plaque un instrument pareil à celui dont nos notaires se servent pour diriger leur regle sur le parchemin ; seulement le nombre des pointes est plus grand dans cet instrument ; & lorsque par la fréquente friction sur la surface unie, la plaque est suffisamment couverte de taches, de maniere que le fond soit assez obscur, on emploie le style comme dans la demi-teinte.

Un autre ouvrage de M. Evelyn, est sa Sylva, ou discours sur les arbres de forêts, & sur la propagation du mairain dans les domaines de sa majesté, &c. Londres, 1664, 1669, & 1679, in-fol.

Son calendrier du jardinier, a été imprimé sept ou huit fois avant l’année 1684.

L’origine & les progrès de la navigation & du commerce, contenant une histoire du négoce en général, de ses avantages, & de ses progrès, par M. Evelyn, parut à Londres en 1674. in-8°.

Son discours philosophique sur la culture des terres, pour perfectionner la végétation & la propagation des plantes, a été extrait dans les transactions philos. n°. 119. p. 454.

Son Numismata, ou discours touchant les médailles des anciens & modernes, &c. a été imprimé à Londres en 1697. in-fol.

M. Evelyn a aussi traduit plusieurs ouvrages, & entre autres le parallele de l’architecture ancienne & moderne de Chambray. Les Anglois lui doivent encore la traduction du parfait jardinier, de M. de la Quintinie. (Le Chevalier de Jaucourt.)

SURSAUT, (Gram.) expression métaphorique,

empruntée du mouvement d’un corps qui va en frapper un autre en tombant & par rebond, & en sens contraire : il semble que nous éprouvions quelque chose de semblable dans l’interruption subite du sommeil. Je ne sai ce que j’ai entendu, & je me suis reveillé en sursaut.

SUR-SCAPULAIRE, en Anatomie, nom d’une branche d’artere qui se distribue aux différentes parties qui environnent la partie supérieure de l’omoplate, qu’on appelle en latin scapula ; elle vient de la souclaviere. Haller, icon. anat. sas. 11.

SURSÉANCE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) est un délai qu’on accorde à ceux qui sont obligés de payer quelque dette, ou de faire quelque chose. Les lettres de répit & celles d’état qu’on accorde en chancellerie contiennent des clauses de surséance.

Les arrêts & sentences qui portent défenses d’exécuter les jugemens d’un juge inférieur portent surséance à toute poursuite. Ces surséances sont levées en connoissance de cause par le juge qui les a accordées. Voyez Défenses & Sursis. (A)

SURSÉE, (Géog. mod.) petite ville de Suisse, au canton de Lucerne, & à deux lieues au midi de Lucerne, à l’issue du lac que forme la Sur, près de l’endroit d’où elle sort. Cette petite ville est bien bâtie, & ornée de plusieurs fontaines. Elle a son avoyer, une police, un conseil, & point de bailli. Long. 25. 48. lat. 47. 3. (D. J.)

SURSEMÉ, se dit encore des porcs ladres qui ont des grains semés çà & là à la langue, ce qui annonce que le reste de leur chair en est remplie. Les porcs sursemés sont confiscables avec amende. Il y a des officiers, conseillers du roi, langueyeurs de cochons, qui veillent à ce qu’on ne tue point des porcs sursemés, & qu’on ne distribue point au peuple de cette chair mal-saine.

SURSEMER, v. act. (Agricult.) c’est semer derechef sur une terre déja ensemencée. On surseme soit d’une même graine, soit d’une autre. En plusieurs lieux on surseme de menus grains sur le froment.

SURSEOIR, v. a. (Gram. & Comm.) differer l’exécution d’une chose. Surseoir le payement d’une dette, la poursuite d’une action contre un débiteur, c’est suspendre le droit qu’on a de se faire payer de son débiteur, ou de le poursuivre en justice. Dict. de Comm. & de Trévoux.

SURSIS, s. m. (Jurisprud.) on dit un jugement sursis, pour dire suspendre, différer. Quelquefois on dit un sursis simplement, pour surséance. Voyez Surséance. (A)

SUR-SOLIDE, adj. en Arithmétique, est la cinquieme puissance d’un nombre, ou la quatrieme multiplication d’un nombre considéré comme racine. Voyez Puissance & Racine.

Le nombre 2, par exemple, considéré comme une racine, & multiplié par lui-même, produit 4, qui est le quarré ou la seconde puissance de 2 ; & 4 multiplié par 2 donnent 8, la troisieme puissance, ou le cube de 2 ; ensuite 8 multiplié par 2 produit 16, la quatrieme puissance, ou le quarré quarré de 2 ; & 16 multiplié encore une fois par 2, produit 32, la cinquieme puissance, ou-bien le sur-solide de 2.

Un problème sursolide est celui qui ne peut être resolu que par des courbes plus élevées que les sections coniques. Voyez Probleme, Équation & Construction. Chambers. (E)

SUR-TAUX, s. m. (Gram. & Finance.) taux suspect, & qui excede les moyens de celui qu’on taxe, ou la proportion de ses moyens aux moyens des autres.

SUR-TAXER, v. act. (Gram.) c’est taxer trop haut.

SUR-TONDRE la laine, (Lainage.) c’est couper avec des forces les extrémités les moins fines