Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’aisselle des feuilles, au mois de Mai & de Juin. Elles sont en forme de tuyau, de la grosseur d’un pois, un peu jaunes, environnées d’un calice divisé en plusieurs pieces, avec un pistil court & plusieurs étamines. Le fruit est de la grosseur & de la figure d’une pomme, blanchâtre en-dehors ; sa chair de couleur rousse, tendre & d’un goût de miel. Ses semences ressemblent à celles de la courge, & sont rangées en étoiles au milieu du fruit.

Si, en musique, est une des sept syllabes dont on se sert en France pour solfier les notes. Guy Aretin, en composant sa gamme, n’inventa que six de ces syllabes, quoique la gamme fût formée de sept notes : ce qui fit que pour nommer la septieme, il falloit à chaque instant changer les noms des autres notes, & les solsifier de diverses manieres ; embarras que nous n’avons plus depuis l’invention du si.

Brossard & plusieurs autres auteurs attribuent l’invention du si à un nommé le Maire, entre le milieu & la fin du dernier siecle ; d’autres en font honneur à un certain Vander-Putten ; d’autres enfin remontent jusqu’à Jean de Muris, vers l’an 1330.

Il est très-aisé de prouver que l’invention du si est de beaucoup postérieure à Jean de Muris, dans les ouvrages duquel on ne voit rien de semblable. A l’égard de Vander-Putten, je n’en puis rien dire, parce que je ne le connois point. Reste le Maire, en faveur duquel les voix paroissent se réunir aujourd’hui.

Si l’invention consiste à avoir introduit dans la pratique l’usage de cette syllabe si, je ne vois pas beaucoup de raisons pour lui en refuser l’honneur. Mais si le véritable inventeur est celui qui a vu le premier la nécessité d’une septieme syllabe & qui en a ajouté une en conséquence, il ne faut pas avoir fait beaucoup de recherches en musique, pour voir que le Maire ne mérite nullement ce titre. Car on trouve, dans plusieurs endroits des ouvrages du pere Mersenne, la nécessité de cette septieme syllabe pour éviter les muances, & il témoigne que plusieurs avoient inventé ou mis en pratique une septieme syllabe à-peu près dans le même tems, & entr’autres le sieur Gilles Grandjean, maître écrivain de Sens ; mais que les uns nommoient cette syllabe ci, les autres di, les autres ni, les autres si, les autres za ; & avant même le P. Marsenne, on trouve dans un ouvrage de Banchieri, moine olivetan, imprimé en 1614, & intitulé cartella di musica, l’addition de la même septieme syllabe ; il l’appelle bi par béquarre, & ba par bémol, & il assure que cette addition avoit été fort approuvée à Rome ; de sorte que toute la prétendue invention de le Maire consiste, tout au plus, à avoir prononcé si au lieu de prononcer bi ou ba, ni ou di ; & voilà avec quoi un homme est immortalisé.

SIAGBANDAR, s. m. (Comm. de Perse.) nom qu’on donne en Perse au receveur des droits d’entrée & de sortie qui se payent sur les marchandises dans toute l’étendue du royaume ; c’est une espece de fermier général. (D. J.)

SIAGUL, (Géog. anc.) ville de l’Afrique propre. Ptolomée, l. IV. c. iij. la marque sur le bord de la mer, entre Néapolis Colonia & Aphrodisium. On croit que c’est aujourd’hui Suze en Barbarie, au royaume de Tunis. Long. suivant Ptolomée, 36. latit. 32. 20. (D. J.)

SIAHCOUCH, (Géog. mod.) ou Siah-Kuk, ou Siahcoueh, mot persan, qui veut dire montagne noire, mais qui cependant n’est pas adapté à de seules montagnes. En effet, quoiqu’on nomme en langue persane Siahcouch une chaîne de montagnes qui s’étend depuis le desert du Khorastan jusqu’au pays de Ghilan qui est sur la mer Caspienne, Siah-couch est aussi le nom d’une île de la mer Noire, à l’embouchure du Douna, qui est le Tanaïs ou le Borysthène.

SIAKA, religion de, (Hist. mod. superstition.) cette religion qui s’est établie au Japon, a pour fondateur Siaka ou Xaca, qui est aussi nommé Budsdo, & sa religion Budsdoïsme. On croit que le buds ou le siaka des Japonois, est le même que le foë des Chinois, & que le visnou, le buda ou putza des Indiens, le sommonacodum des Siamois ; car il paroît certain que cette religion est venue originairement des Indes au Japon, où l’on professoit auparavant la seule religion du sintos. Voyez Sintos. Les Budsdoïstes disent que Siaka naquit environ douze cens ans avant l’ere chrétienne ; que son pere étoit un roi ; que son fils quitta le palais de son pere, abandonna sa femme & son fils, pour embrasser une vie pénitente & solitaire, & pour se livrer à la contemplation des choses célestes. Le fruit de ses méditations fut de pénétrer la profondeur des mysteres les plus sublimes, tels que la nature du ciel & de l’enfer ; l’état des ames après la mort ; leur transmigration ; le chemin de l’éternelle félicité, & beaucoup d’autres choses fort au-dessus de la portée du commun des hommes. Siaka eut un grand nombre de disciples ; se sentant proche de sa fin, il leur déclara que pendant toute sa vie, il avoit enveloppé la vérité sous le voile des métaphores, & qu’il étoit enfin tems de leur révéler un important mystere. Il n’y a, leur dit-il, rien de réel dans le monde, que le néant & le vuide : c’est le premier principe de toutes choses ; ne cherchez rien au delà, & ne mettez point ailleurs votre confiance. Après cet aveu impie, Siaka mourut à l’âge de soixante-dix neuf ans ; ses disciples diviserent en conséquence sa loi en deux parties ; l’une extérieure, que l’on enseigne au peuple ; l’autre intérieure, que l’on ne communique qu’à un petit nombre de prosélites. Cette derniere consiste à établir le vuide & le néant, pour le principe & la fin de toutes choses. Ils prétendent que les élémens, les hommes, & généralement toutes les créatures sont formées de ce vuide, & y rentrent après un certain tems par la dissolution des parties ; qu’ainsi il n’y a qu’une seule substance dans l’univers, laquelle se diversifie dans les êtres particuliers, & reçoit pour un tems différentes modifications, quoiqu’au fond elle soit toujours la même : à-peu-près comme l’eau est toujours essentiellement de l’eau, quoiqu’elle prenne la figure de la neige, de la pluie, de la grêle ou de la glace.

Quant à la religion extérieure du budsdoïsme, les principaux points de sa doctrine sont, 1°. que les ames des hommes & des animaux sont immortelles ; qu’elles sont originairement de la même substance, & qu’elles ne different que selon les différens corps qu’elles animent. 2°. Que les ames des hommes séparées du corps sont récompensées ou punies dans une autre vie. 3°. Que le séjour des bienheureux s’appelle gokurakf ; les hommes y jouissent d’un bonheur proportionné à leur mérite. Amida est le chef de ces demeures célestes ; ce n’est que par sa médiation que l’on peut obtenir la rémission de ses péchés, & une place dans le ciel, ce qui fait qu’Amida est l’objet du culte des sectateurs de Siaka. 4°. Cette religion admet un lieu appellé dsigokf, où les méchans sont tourmentés suivant le nombre & la qualité de leurs crimes. Jemma est le juge souverain de ces lieux ; il a devant lui un grand miroir, dans lequel il voit tous les crimes des réprouvés. Leurs tourmens ne durent qu’un certain tems, au bout duquel les ames malheureuses sont renvoyées dans le monde pour animer les corps des animaux impurs, dont les vices s’accordent avec ceux dont ces ames s’étoient souillées ; de ces corps, elles passent successivement dans ceux des animaux plus nobles, jusqu’à ce qu’elles puissent rentrer dans des corps humains, où elles peuvent mériter ou démériter sur nouveaux frais.

5°. La loi de Siaka défend de tuer aucunes créa-