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à ces paroles un sens qui se rapporte à tous les Chrétiens en général, je l’avoue ; mais le vrai sens convient aux apôtres du Sauveur : cherchez à établir le royaume de Dieu & sa justice ; c’étoit à eux à établir le royaume de Dieu, dont ils étoient les ministres.

« Ne donnez point les choses saintes aux chiens, & ne jettez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux piés, & que se tournant contre vous, ils ne vous déchirent, ibid. chap. vij. v. 6 ». Cela regarde évidemment les seuls apôtres, appellés à prêcher l’Evangile, & à qui J. C. donne ce précepte de prudence.

On voit donc clairement dans S. Luc, que le sermon du Seigneur, s’adresse aux apôtres, & non à la troupe ; en voici de nouvelles preuves. Après leur avoir prédit les persécutions qu’ils souffriront à cause de lui, il ajoute : « Réjouissez vous alors, & soyez transportés de joie, parce qu’une grande récompense vous est assurée dans le ciel : car c’est ainsi que leurs peres ont traité les prophetes, Luc, vj. v. 23 ». J. C. parle donc à ses apôtres, & les avertit des persécutions qu’ils auront à souffrir, comme les prophetes en ont essuyé. De même encore, il employe la comparaison suivante : « Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle ? ne tomberont-ils pas tous deux dans la fosse ? ibid. v. 39 ». propos regarde les seuls apôtres, appellés par leur ministere à conduire les autres hommes.

Dès qu’on a posé ce principe, que le sermon de notre Seigneur s’adresse à ses apôtres, il n’y a plus aucune difficulté. Tous les préceptes qui semblent choquer la prudence, la justice, ruiner la sûreté publique, & jetter le trouble dans la société ; tous ces préceptes, dis-je, sont très-justes, & n’ont plus besoin de limitation, ni de restriction. Les apôtres de J. C. occupés de leurs fonctions, ne doivent point s’amasser des trésors sur la terre. Il falloit sur toutes choses qu’ils se gardassent d’avarice ; ce défaut seul pouvant détruire tout le fruit de leur ministere. Ce sont eux que Dieu nourrira comme les oiseaux du ciel, qu’il vétira comme les lis des champs ; ce sont eux qui à l’exemple de leur maître, au ministere duquel ils ont succédé, doivent quand on leur frappe sur une joue, présenter aussi l’autre, c’est-à-dire, user de la plus grande modération. Ils seront les victimes du monde, mais la foi chrétienne dont ils sont les ministres, ne peut s’établir autrement que par la patience ; ce sont eux qui ne doivent être en aucun souci du lendemain, parce que Dieu s’est chargé immédiatement de pourvoir à tous leurs besoins. Ce fut aussi pour cela que le Seigneur après les avoir choisis, les envoya, & leur défendit de faire aucune provision pour le voyage, parce que l’ouvrier est digne de son salaire, Luc, c. ix. v. 3. & suivant, Matth. c. x. v. 1. & suivant.

Il ne faut pas cependant conclure de-là, que tous les préceptes des chap. v. vj. & vij. de S. Matthieu, ne regardent que les apôtres ; car ces saints hommes ont deux caracteres, celui de fideles, & celui d’apôtres de J. C. le Seigneur leur donne des commandemens qui leur conviennent en ces deux qualités, & d’autres qui ne sont relatifs qu’à leur qualité d’apôtres & à leur ministere. Beausobre, remarques critiques. (D. J.)

SERMONAIRE, s. m. (Gram.) auteur qui a composé & publié des sermons. Fléchier, Bossuet, Massillon, Cheminais, Bourdaloue, sont nos plus grands sermonaires.

SERMONETA, (Géog. mod.) bourgade d’Italie dans la campagne de Rome, à 4 milles au midi oriental de Segni, & environ à 6 milles au midi d’Agnani. Cette bourgade a titre de duché, & toute sa campagne est ce que les anciens appelloient Palus-Pomptine.

Pline dit que de son tems on y voyoit cinq villes ; à peine y voit-on aujourd’hui cinq fermes. (D. J.)

SERMYLIA, (Géog. anc.) ville de la Macédoine dans la Chalcidie, près du mont Athos. Hérodote, l. VII. c. cxxiij. place cette ville sur le golfe Toronée. (D. J.)

SERONGE, s. f. (Commerce.) espece de toiles peintes qui se fabriquent dans la ville de l’Indostan de ce nom. Pendant la saison des pluies qui durent quatre mois, les ouvriers impriment leurs toiles ; quand la pluie a cessé & qu’elle a troublé l’eau de la riviere qui passe à Seronge, ils y lavent les toiles qu’ils ont imprimées ; cette eau trouble a la vertu de faire tenir les couleurs, & de leur donner plus de vivacité ; de sorte que plus on les lave dans la suite, plus elles deviennent belles, au-lieu que les couleurs des autres toiles peintes des Indes ne sont pas si vives, & qu’elles s’effacent en les lavant plusieurs fois. On fait à Seronge une sorte de toile peinte qui est si fine, que l’on voit la chair au-travers quand elle est sur le corps : il n’en vient point en Europe, elles sont toutes retenues pour le serrail & la cour du mogol ; les sultanes & les femmes de condition en font faire des chemises & des robes d’été pour leur usage, & la volupté des hommes y trouve leur compte.

Seronge, (Géog. mod.) ville des Indes dans les états du mogol, sur la route de Surate à Agra. Elle est grande & peuplée. Il s’y fabrique des toiles qu’on appelle chitses, dont tout le même peuple de Perse & de Turquie est habillé ; mais on fait aussi dans cette ville une sorte de toile si fine, que quand elle est sur le corps, on le voit comme s’il étoit à nud. Il n’est pas permis aux marchands de transporter cette fine toile hors de la ville. Elle est destinée pour le serrail du grand-mogol & pour les principaux de sa cour. (D. J.)

SÉROSITÉ, s. f. (Médec.) les Médecins entendent par sérosité cette humeur qui est mêlée avec le sang, & chargée d’un grand nombre de particules salines & mucilagineuses, dont la secrétion & l’évacuation se fait par une multitude prodigieuse de couloirs & d’émonctoires, d’où il suit que la sérosité est d’une consistance plus ou moins épaisse & variable, tant par rapport à la couleur que par rapport au goût. Il ne faut pas confondre la sérosité avec la lymphe. Cette derniere est une liqueur transparente, insipide, pure, dont la partie la plus subtile compose le fluide qui circule dans le cerveau, dans la moëlle spinale, & peut-être dans les nerfs. (D. J.)

SEROU, le, (Géogr. mod.) petite riviere de France. Elle a sa source en Rouergue, & se jette dans l’Avéiron, au-dessous de Milhars en Albigeois. (D. J.)

SERPA, (Géog. anc.) ville de la Lusitanie, que l’itinéraire d’Antonin marque entre Ebora & Fines, à 13 milles du premier de ces lieux, & à 20 milles du second sur l’Anas ; il y a des savans qui prétendent que cette ville subsiste encore aujourd’hui, & que c’est la Serpa, ville de Portugal dans l’Alentejo, au midi de Moura ; mais comme l’ancienne Serpa étoit sur l’Anas, il en résulte qu’elle étoit différente de la Serpa moderne, située à une lieue de la Guadiana qui est l’Anas des anciens, ou du-moins la Serpa moderne n’est pas située précisément dans le même lieu que l’ancienne. (D. J.)

Serpa, (Géog. mod.) ville de Portugal dans l’Alentejo, aux confins de l’Andalousie, sur une hauteur remplie de rochers, à une lieue de Guadiana, à 30 au sud-est de Lisbonne, & à 10 des confins de l’Andalousie. Elle est fortifiée, & on y tient une bonne garnison. Long. 10. 15. latit. 37. 55. (D. J.)

SERPE, s. f. (Outil d’ouvriers.) instrument de