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a cru devoir imiter ces figures, d’un goût exquis & d’un dessein admirable. M. Perrault les a fait graver par Sébastien le Clerc, dans sa traduction de Vitruve. On voit encore des ouvrages du Goujon à la porte S. Antoine & ailleurs. Il fut l’architecte & le sculpteur de l’hôtel de Carnavalet ; & Mansard chargé de le finir, suivit scrupuleusement les plans tracés par Goujon.

Gros (Pierre le), né à Paris en 1666, mort à Rome en 1719. Il a eu part aux plus superbes morceaux de sculpture qui aient été faits dans cette capitale des beaux arts. Tel est son grand relief de Louis Gonzague, qui fut posé sur l’autel du college Romain, & qui a été gravé. Tel est son bas-relief du mont de Piété, son tombeau du cardinal Cassanata, la statue mourante de Stanislas Koska, au noviciat des jésuites, dont M. Crozat le jeune possédoit le modele. Tel est encore le grouppe du triomphe de la religion sur l’hérésie, qui orne l’église de Giésu. On connoit à Paris, le bas-relief fait par ce célebre artiste, pour l’église de S. Jacques des Incurables. Enfin on admire tous les ouvrages de le Gros.

Guillain (Simon), né à Paris, mort en 1658 âgé de 77 ans. On lui doit les figures qui sont posées dans les niches du portail de la Sorbonne, & quelques autres ouvrages qui lui font honneur.

Hongre (Etienne le), natif de Paris, reçu à l’académie de sculpture en 1668, mort en 1690, âgé de 62 ans. Ce maître a embelli les jardins de Versailles de plusieurs ouvrages. Tels sont une figure représentant l’air, Vertumne & Pomone en therme, &c.

Keller (Jean Baltazar), artiste incomparable dans l’art de fondre en bronze. Né à Zurich, il s’établit en France où il réussit le dernier Décembre 1692, dans la fonte de la statue équestre de Louis XIV. qui est haute de 20 piés & toute d’une piece, comme on la voit dans la place de Vendôme. Il y a d’autres ouvrages admirables de sa main dans le jardin de Versailles & ailleurs. Louis XIV. lui donna l’intendance de la fonderie de l’Arsénal. Il mourut en 1702. Son frere, Jean-Jacques, fut aussi très-habile dans la même profession.

Lérambert (Louis), né & mort à Paris en 1670, âgé de 56 ans. Il y a plusieurs de ses ouvrages dans le parc de Versailles.

Lorrain (Robert le), né à Paris en 1666, mort dans la même ville en 1743. Il fut éleve de Girardon. Ce grand maître le regardoit comme un des plus habiles dessinateurs de son siecle. Il le chargeoit à l’âge de 18 ans, d’instruire ses enfans & de corriger ses éleves. Ce fut lui & le Nourrisson qu’il choisit pour travailler au mausolée du cardinal de Richelieu.

Le Lorrain auroit eu un nom plus célebre dans les arts, s’il eût possédé le talent de se faire valoir, comme il avoit celui de l’exécution. On remarqua dans ses compositions un dessein pur & savant, une expression élégante, un bon choix & des têtes précieuses. On connoit sa Galathée. Il fit aussi un Bacchus pour le jardins de Versailles, un Faune pour ceux de Marly, &c. Mais ses principaux ouvrages sont dans le palais épiscopal de Saverne.

Magniere (Laurent), parisien, reçu à l’académie royale de Peinture & de Sculpture en 1667, mort en 1700 âgé de 82 ans. Ses talens l’ont placé au rang des artistes du siecle de Louis XIV. Il a fait pour les jardins de Versailles, plusieurs thermes représentant Ulysse, le printems & Circé.

Marcy (Baltazar), né à Cambrai en 1620, mort à Paris en 1674, frere de Gaspard Marcy, aussi sculpteur, mort en 1681. Ces deux artistes ont travaillé ensemble au bassin de Latone du jardin de Versailles, où cette déesse & ses enfans sont représentés en marbre. Balthazar Marcy s’est montré digne de mêler ses travaux avec le célebre Girardon, en faisant les che-

vaux des bains d’Apollon, qui sont effectivement d’une

grande beauté.

Margaritone, né en Toscane dans le xiij. siecle. Il n’est connu que par la sculpture du tombeau de Grégoire X.

Mazeline (Pierre), natis de Rouen, reçu à l’académie de Sculpture en 1668, mort en 1708 âgé de 76 ans. Il a fait quelques morceaux estimés, comme l’Europe & Apollon pythien d’après l’antique, qui sont dans les jardins de Versailles.

Michel-Ange Buonarota, également célebre en sculpture comme en peinture. Il fut mis jeune dans un village, dont la plûpart des habitans étoient sculpteurs, & en particulier le mari de sa nourrice ; ce qui lui fit dire qu’il avoit sucé la sculpture avec le lait. A seize ans il avoit déja fait dans cet art des progrès singuliers. Pendant que le pape Jules II. demeuroit à Boulogne, il lui ordonna de faire sa statue de la hauteur de cinq brasses, & de la jetter en bronze. Cette statue haussoit un bras dans une attitude si fiere, que sa Sainteté demanda à Michel-Ange, si elle donnoit la bénédiction ou la malédiction. Elle avertit le peuple de Boulogne d’être plus sage à l’avenir, répondit Michel-Ange. Ayant demandé à son tour au pape, s’il ne devoit pas mettre un livre dans l’autre main ; mettez-y plutôt une épée, répliqua Jules, je ne suis pas homme de lettres. Cette statue de Jules fit beaucoup d’honneur à Michel-Ange ; mais il a immortalisé sa gloire par sa statue de Bacchus, & par celle de Cupidon en grandeur naturelle, qu’il donna à la princesse Isabelle d’Est. Ce sont des chefs-d’œuvres qu’on ne se lasse point de voir & de louer.

On sait encore qu’ayant fait la figure d’un autre Cupidon différent de celui dont je viens de parler, il porta cette figure à Rome, lui cassa un bras qu’il retint, & enterra le reste dans un endroit qu’il savoit qu’on devoit nécessairement fouiller. En effet, cette figure ayant été trouvée quelque-tems après, dans le lieu où il l’avoit ensévelie, fut exposée à la vue des connoisseurs qui l’admirerent. On la vendit pour une antique précieuse au cardinal de S. Grégoire ; alors Michel-Ange détrompa tout le monde, en produisant le bras qu’il s’étoit réservé. Il est beau d’être assez habile pour imiter les anciens, jusqu’à tromper les yeux des plus savans ; il n’est pas moins beau d’être assez modeste, pour avouer qu’on leur est de beaucoup inférieur, comme le reconnut Michel-Ange. Enfin, je le retrouve toujours du premier rang des modernes en sculpture, en peinture & en architecture.

Pautre (Pierre le) né à Paris en 1659, mort dans la même ville, en 1744. Son pere Antoine le Pautre, bon architecte, développa ses talens pour le dessein. L’étude de la nature & des grands maîtres le perfectionnerent. Cet habile artiste fut directeur de l’académie de S. Luc. On voit de ses ouvrages à Marly. Il fut chargé de finir le grouppe d’Arrie & de Paetus, commencé à Rome par Théodon. Le grouppe d’Enée est entierement de lui. Ces deux morceaux ornent le jardin des Tuileries.

Pilon (Germain) sculpteur & architecte, natif de Paris, vivoit dans le xvj. siecle. Il fut un de ces hommes nés pour cultiver les arts, & porter dans leur patrie le vrai goût du beau. On voit plusieurs de ses ouvrages dans les églises de notre capitale, qui plaisent aux curieux.

Pisani (André), mort à Florence, en 1389, âgé de 60 ans. Il fit connoître ses talens pour la sculpture par les figures de marbre dont il orna l’église de Santa-Maria del Fiore, à Florence.

Ponce (Paul) florentin, se distinguoit en France sous les regnes de François II. & de Charles IX. Il y a plusieurs de ses ouvrages aux célestins. Il a taillé la colomne semée de flammes, & accompagnée de trois génies portant des flambeaux, avec une urne