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jusqu’à Charles IX. qui en 1562, l’érigea en comté, en faveur de François d’Agoult de Montauban ; cette seigneurie a passé par cascade dans la maison du maréchal de Villeroi, fils de Magdelaine de Créqui, au droit de laquelle cette maison possede à présent le comté de Sault. (D. J.)

SAUMACHE, Saumalt, qui est un peu salé ; on dit, une eau saumache, une fontaine saumache.

SAUMON, Saulmon, Salmo, s. m. (Hist. nat. Icthyolog.) poisson de mer que Rondelet a mis parmi les poissons de riviere, parce que l’on pêche plus de saumons dans les rivieres qui aboutissent à la mer, que dans la mer même. On donne le nom de taçons aux jeunes saumons, & celui de beccards aux femelles Le saumon en général, est couvert de petites écailles rondes, il a le dos d’un bleu obscur, & le ventre d’une couleur blanche argentée ; la machoire inférieure est un peu courbée en haut, les yeux sont grands, il y a sur la tête de petites taches rondes, comme sur le reste du corps, & celles de la femelle sont plus grandes que celles du mâle ; les machoires & la langue sont garnies de dents longues & aiguës ; le saumon a deux nageoires près des ouies, deux sur le ventre, une au-dessous de l’anus, une grande sur le dos, vis-à vis les deux du ventre, & une petite près de la queue ; celle-ci & celle de l’anus sont grasses & un peu charnues ; la nageoire qui termine la queue, est fort large ; la chair de ce poisson est très-nourrissante & blanchâtre, elle devient rouge en cuisant, ou lorsqu’elle est salée. Les taçons ressemblent beaucoup aux truites ; il est même difficile de les distinguer les uns des autres quand ils sont de la même grosseur. Rondelet, hist. des poissons de riviere, chap. j. Voyez Poisson.

Saumon, (Pêche du saumon.) les rets à saumons sont composés de fort gros fil ; les mailles en ont trois pouces en quarré ; le rets est long de 25 à 30 brasses, & a quatre piés de chute seulement ; il est amarré sur des piés ou pieux de bois, hauts de six piés & enfoncés du tiers dans le sable, & distans de trois piés l’un de l’autre, ensorte que le filet sédentaire croise la marée, en traversant une gorge ou lit de riviere.

Les pêcheurs qui s’en servent, ne pêchent que d’ebe, le poisson se maille quelquefois, on ne tend ces sortes de filets que de morte eau, parce que les grandes marées auroient bientôt dessablé les pieux.

On ne pêche le saumon que quand il a monté dans la riviere ; & lorsque les pêcheurs s’apperçoivent au mouvement du filet, que le poisson a touché, ils le prennent avec le havenel ; cette pêche qui est sédentaire & arrêtée, ne peut faire aucun tort, comme font les pêches traînantes de la dreige, &c.

La pêcherie de saumon située sur la riviere de Blanel, dans le ressort de l’amirauté de Vannes, est composée de neuf tonnes & demie, en pieux & maçonnerie, formée de même que les avant-becs des ponts, pour rompre & couper le courant de l’eau ; ces cinq tonnes, qui sont à la rive du o. n. o. appartiennent au prince de Guemenée, & les quatre & demie qui sont à la rive de l’e. s. e. & joignant ledit moulin, appartiennent à la dame abbesse ; au milieu de ces tonnes, il y a un trou commun, qui sépare celles de ces deux propriétaires ; ce trou est de la largeur de dix piés, & ne doit être clos de quoi que ce soit, mais toujours ouvert afin de tenir libre le milieu de la riviere.

Entre chaque tonne sont placés des pieux avec des coulisses, pour y mettre des rateliers ou claies de bois, formées comme les échelles, de deux piés environ de largeur ; les bâtons n’y laissent qu’un intervalle d’un pouce & demi ; il y a six ou sept de ces rateliers entre chaque tonne, les rateliers sont garnis entierement d’échelons, excepté les deux qui

joignent chaque tonne, qui ont au bas un petit sac, poche, verveux, ou guideau de rets, d’une brasse de long, de dix-huit pouces de hauteur, qui se tient naturellement ouvert par le courant de l’eau par où entre le poisson ; ces raux & les rateliers sont doubles & éloignés les uns des autres d’environ trois piés, avec de semblables poches au bas des rateliers qui joignent les tonnes, pour pouvoir pêcher également de marée montante & descendante, ensorte que le poisson qui est une fois entré dans cet intervalle, n’en sauroit plus absolument sortir, & y reste enfermé comme dans un réservoir.

On pêche des saumons & des truites depuis Noël, jusqu’à la Pentecôte ; la saison où elles se prennent en plus grand nombre ou en plus grande abondance, est depuis le commencement du carême jusqu’à Pâque ; quand les eaux du blanc couvrent la chaussée du trou commun, ces pêcheries ne peuvent plus rien prendre, parce que le poisson s’échappe aisément pour monter plus haut, suivant son instinct naturel.

Les sacs des guideaux qui y servent, les mailles qui les composent, ont à l’entrée qui est amarrée au-bas des rateliers, vingt-sept lignes en quarré, ensuite vingt-quatre, vingt-deux en diminuant ; ensorte que celles qui sont à l’extrémité du sac, n’ont au plus que dix lignes en quarré : ce qui est d’autant plus abusif, que ces mailles étant composées de gros fils, se resserrent de telle maniere, quand elles sont mouillées, qu’il n’est pas possible que quoi que ce soit en puisse échapper. Voyez les figures dans nos Planc. de pêche.

Il y a encore une autre sorte de pêcherie qu’on peut considérer comme un grand gor ou bouchot, qu’on établit dans les rivieres ; elle est composée de deux ailes ou murailles construites de pieux & de clayonnage, comme sont celles des bouchots ; au milieu il y a un intervale assez large pour que les bâtimens qui remontent, puissent passer librement durant le tems de la pêche, qui est celui de la saison des aloses & des saumons : cet intervalle est clos d’un rets semblable aux filets ou seines dérivantes, dont ils se servent pour cette pêche, comme font tous les autres pêcheurs dans les embouchures des rivieres, où ces deux sortes de poissons abondent ; on leve le ret pour faire passer les bateaux qui remontent.

Cette pêcherie n’arrête d’elle même aucun poisson, mais seulement les empêche de monter plus haut ; & ceux qui ont le droit de la pêcherie, font la pêche dans l’espace que le droit de pêcherie prohibitive leur a accordée.

Les mailles du filet qui clôt la pêcherie dans le tems que s’en fait la pêche, qui dure du mois de Février jusqu’en Juin, & de ceux qui servent aux pêcheurs, sont de trois échantillons ; les plus larges ont vingt-sept lignes en quarré, les autres vingt-cinq, & les plus serrées vingt-deux lignes au plus. Voyez les Planches de pêche.

Voici encore la description d’une pêcherie de saumons établie à Châteaulin, dans le ressort de l’amirauté de Quimper en Bretagne. La marée monte jusqu’au pié de la pêcherie, & se fait même encore sentir au-delà ; il y a trois ouvertures fermées de barrots éloignés de 10 à 20 lignes les uns des autres.

La pêcherie est composée d’une écluse ou chaussée de pierre, qui barre toute la riviere, à l’exception d’un petit passage qui est du côté de la côte à l’o. Au milieu il y a encore une ouverture pour les bateaux pêcheurs, & par laquelle les saumons entrent aussi dans la pêcherie.

On fait à Châteaulin la pêche du saumon de deux différentes manieres : la premiere se fait sans aucun soin dans le gore ou le coffre de pêcherie : & l’autre, entre la chaussée de la pêcherie, avec bateau, tant au-dessus qu’au-dessous du pont de la ville, jusqu’à