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du ventricule, l’abondance de salive est un signe de cacochylie, qu’il faut arrêter par le moyen des stomachiques, en évacuant cet amas de mauvaises humeurs ; 6°. dans les maladies hypocondriaques, hystériques, convulsives, la grande salivation est souvent une marque d’un paroxime prochain ; 7°. dans le scorbut, dans le catharre, & les maladies qui viennent de l’acrimonie des humeurs, l’abondance de salive annonce d’ordinaire la colliquation, sans qu’on en ressente du soulagement ; 8°. cette sécretion est salutaire dans la petite vérole ; souvent enfin elle est symptomatique.

II. Quand la salive aborde dans la bouche en quantité, elle produit la sécheresse & la malpropreté de la bouche, la soif & la difficulté de la déglutition ; l’usage d’une boisson abondante acidulée diminue tous ces maux ; dans les maladies aiguës il faut y ajouter les remedes nitreux.

III. Une salive plus épaisse, plus tenace, plus glutineuse, accompagnée d’écume, prouve que les humeurs ne sont pas assez tenues ; il les faut diviser à l’aide des résolutifs, des délayans internes & d’une boisson abondante. La salive trop divisée a rarement lieu dans les maladies, excepté dans celles qui viennent de la colliquation des humeurs.

IV. La salive âcre, corrompue, fétide, acide, amere, salée, douçâtre, exige un traitement tiré de ces boissons dont on vient de faire mention.

V. La salive mêlée de pus marque quelque réservoir caché qu’il faut découvrir, ouvrir, vuider & déterger ensuite. (D. J.)

SALLAND le, (Géog. mod.) petite contrée des Pays-Bas, aux Provinces-unies. Elle fait partie de la province d’Overissel. Elle est située entre la Dwente & la Trente, qui font deux autres parties de la même province. Elle renferme plusieurs bourgs considérables, & entr’autres villes, Deventer, Zwol & Campen. Le nom de Salland est composé de Sal & land. Sal est la même riviere que l’Issel, & land veut dire pays. Ainsi Salland désigne le pays de l’Issel, parce qu’en effet il est situé sur cette riviere. (D. J.)

SALLE, s. f. (Architect. antiq. & mod.) c’est la premiere, la plus grande piece d’un appartement, & ordinairement la plus décorée. Les Italiens disent sala.

Il y a des salles au rez-de-chaussée ; il peut y en avoir à tous les étages où se trouvent de grands appartemens. Vitruve parle de trois sortes de salles qu’il nomme tétractiles, corinthiennes & égyptiennes.

Les salles tétractiles étoient des salles qui avoient quatre colonnes ; on les faisoit quarrées, & les colonnes servoient non-seulement à proportionner la largeur avec la hauteur, mais aussi à affermir l’étage de dessus.

Les salles corinthiennes, c’est-à-dire, selon la maniere des Corinthiens, étoient de deux sortes ; les unes avoient leurs colonnes simplement posées sur le pavé, les autres étoient assises sur des piédestaux ; mais en ces deux manieres les colonnes étoient toujours près du mur. Les entablemens se faisoient de stuc ou de bois, & il n’y avoit jamais qu’un rang de colonnes ; les voûtes étoient ou en plein ceintre, ou surbaissées, n’ayant de trait qu’un tiers de la largeur de la salle, & elles devoient être enrichies de compartimens de stuc & de peinture. La longueur de ces salles seroit celle d’un quarré & deux tiers de leur largeur.

Les salles égyptiennes, assez semblables aux basiliques, avoient un portique dans leur pourtour ; car les colonnes étoient éloignées du mur, de même qu’aux basiliques, & sur ces colonnes il y avoit un entablement. L’espace d’entre les colonnes & le mur étoit couvert d’une plate-forme avec une balustrade tout-autour. Dessus ces mêmes colonnes il y avoit

un mur continu, avec des demi-colonnes en-dedans moindres d’un quart que celles d’en-bas ; aux entrecolonnes on pratiquoit des fenêtres pour donner du jour à la salle. Les salles égyptiennes devoient être magnifiques & d’une proportion admirable, tant à cause de l’ornement des colonnes, qu’à cause de leur hauteur, parce que le sofite ou plafond étoit au-dessus de la corniche du second ordre ; il est aisé de juger combien ces salles étoient commodes & propres à faire des assemblées, & à donner toutes sortes de divertissemens.

Salle, se dit aussi de certains lieux publics où les maîtres reçoivent leurs écoliers, & leur donnent des leçons à danser, ou en fait d’armes ; & c’est ce qu’on nomme salle de danse, salle d’escrime, &c.

Salle d’assemblée, est celle que l’on destine dans une maison pour y recevoir la compagnie.

Salle des gardes, est chez les rois & princes, le lieu de leurs palais où sont leurs gardes.

Salle d’audience, est une piece du grand appartement d’un prince pour recevoir & donner audience à des ministres de princes étrangers, ou autres personnes.

Salle de bal, grande piece qui sert pour les concerts & les danses, avec tribunes élevées pour la musique, comme celle du grand appartement du roi à Versailles. Il y a aussi des salles de ballets, des salles de comédie, des salles de machines, &c.

Salle à manger, piece au rez-de-chaussée près du grand escalier, & séparée de l’appartement : ces sortes de salles étoient appellées cyzicènes chez les anciens.

Salle du commun, piece près de la cuisine & de l’office où mangent les domestiques.

Salle de bain, c’est la principale piece de l’appartement du bain, où sont la cuve & autres ustensiles nécessaires pour le bain.

Salle d’eau, espece de fontaine plus basse que le rez de-chaussée, où l’on descend par quelques degrés, & qui est pavée de compartimens de marbre avec divers jets d’eau, & entourée d’une balustrade, comme la salle d’eau de la vigne du pape Jules à Rome.

Salle de jardin, c’est un grand espace de figure réguliere, bordé de treillage, & renfermé dans un bosquet, pour servir à donner des festins, ou à tenir bal dans la belle saison ; comme la salle du bas du petit parc de Versailles, qui est entourée d’un amphithéâtre avec sieges de gazon, & un espace ovale au milieu un peu élevé & en maniere d’arene, pour y pouvoir danser la nuit à la lumiere des flambeaux.

Le mot de salle, selon Ménage, vient de l’allemand salh qui veut dire la même chose. Du Cange le dérive de sala, qui dans la basse latinité signifie une maison ; mais je crois l’étymologie de Ménage plus vraissemblable. (D. J.)

Salle, terme de relation, c’est le nom que nos voyageurs donnent aux poches qu’ont les singes aux deux côtés de la mâchoire, où ils serrent ce qu’ils veulent garder. (D. J.)

Salle-d’armes, (Escrime.) endroit où s’assemblent les écoliers pour apprendre l’art de l’escrime. Dans une salle-d’armes il doit y avoir des fleurets, voyez Fleurets, un plastron, voyez Plastron, & des sandales : la sandale est un soulier dont l’empeigne est coupée au-dessous de la boucle, & laisse toute l’extrémité du pié découverte. Les escrimeurs mettent une de ces sandales au pié droit, afin qu’en frappant du pié à terre l’orteil ne se blesse point.

SALLIUS LAPIS, (Hist. nat. Lithot.) nom d’une pierre blanche, fort pesante & friable, qui guérissoit, dit-on, les vertiges, qui empêchoit d’avorter, & qui étoit un bon remede pour les maux d’yeux, lorsqu’on la broyoit avec du lait.