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grains de sable liés par un suc lapidifique : de cette espece, sont sur-tout les grais, &c.

Le sable mêlé avec de la glaise contribue à la diviser & à la fertiliser ; en Angleterre on se sert du sable de la mer pour le mêler avec des terres trop fortes ; par-là elles deviennent perméables aux eaux du ciel, & propres par conséquent à favoriser la végétation. (—)

Sable de la mer, (Médecine.) le sable de la mer est d’usage en Médecine pour les bains que l’on en fait sur les côtes maritimes, & que l’on ordonne aux gens attaqués de paralysie & de rhumatisme ; ce sable est sur-tout recommandé dans ces occasions aux personnes qui habitent les côtes maritimes de Provence & de Languedoc. On fait échauffer le sable pendant les jours les plus chauds de l’été aux rayons du soleil le plus ardent après l’avoir étendu ; ensuite on le ramasse & on enfonce les malades dans ces tas de sable, de façon qu’ils y soient comme ensevelis, lorsqu’ils y ont resté environ un quart-d’heure ou une demi-heure, on les en voit sortir, à-peu-près comme des morts de leur tombeau, de façon que cette espece de bain imite une résurrection ; d’autant que l’on voit tous les soirs les malades sortir des tas de sable, à-peu-près comme des morts de leur tombeau.

L’efficacité de ce bain est dûe à la chaleur, à la salure, & à la volatilité des principes que l’eau de la mer a communiquées au sable ; ces principes exaltés par les rayons du soleil, n’en deviennent que plus propres à donner du ressort aux fibres, à résoudre les concrétions lymphatiques, & tous les vices de la lymphe.

Sable, bain de, (Chimie.) voyez Bain, Feu, Intermede.

Sable, (Marine.) terme synonyme à horloge, voyez Horloge. On dit manger son sable, lorsqu’on tourne l’horloge avant que le sable ne soit écoulé, afin que le quart soit plus court ; ce qui est une friponnerie punissable, & à laquelle le quartier-maître doit avoir l’œil.

Sable, (Agriculture.) on employe dans l’Agriculture plusieurs especes de sable ; les uns sont stériles, comme ceux de la mer, des rivieres, des sablieres, &c. Les autres sont gras & fertiles : de ceux-ci, les uns le sont plus, & c’est ce qui fait les bonnes terres ; les autres le sont moins, ou ne le sont point du tout ; & c’est ce qui fait les terres médiocrement bonnes, ou les terres mauvaises, & sur-tout les terres légeres, arides, & sablonneuses. De plus, les uns sont plus doux, & ceux-là font ce qu’on nomme une terre douce & meuble ; les autres sont plus grossiers, & ceux ci font ce qu’on appelle une terre rude & difficile à gouverner ; enfin, il en est d’onctueux & d’adhérans les uns aux autres ; ceux qui le sont médiocrement font les terres fortes ; ceux qui le sont un peu plus font les terres franches ; & ceux qui le sont extrèmement font les terres argilleuses & les terres glaises, incapables de culture. (D. J.)

Sable, Fondeur en, (Arts méch.) les Fondeurs en sable ou de petits ouvrages, composent une partie très-nombreuse de la communauté des Fondeurs qui se partage en plusieurs parties par rapport aux différens ouvrages qu’ils fabriquent, comme fondeur de cloches, de canons, de figures équestres, ou grande fonderie (voyez tous ces articles), & de petits ouvrages moulés en sable. C’est de cette derniere espece de fondeurs dont il est mention dans cet article, & celle qui est la plus commune, parce que les occasions de faire de grandes fonderies sont rares à proportion de celles que les fondeurs de petits ouvrages ont de faire usage de leurs talens.

Pour fondre en sable, on commence par préparer les moules ; ce qui se fait en cette maniere : on corroye le sable dont on doit faire les moules avec le

rouleau de bois, représenté figure 12. Planche du fondeur en sable, dans la caisse à sable, qui est un coffre ABCD, non couvert, de 4 piés de long BC, & 2 de large AB, de 10 pouces de profondeur BE, monté sur quatre piés ffff qui le soutiennent à hauteur d’appui. Voyez la figure 14. Planche du fondeur en sable. Corroyer le sable, c’est en écraser toutes les mottes avec le rouleau ; on rassemble ensuite le sable dans un coin de la caisse, avec une petite planche de six pouces de long, appellée ratisse-caisse ; voyez la figure 14. n°. 2. on recommence plusieurs fois la même opération jusqu’à ce que le sable soit mis en poudre ; c’est ce qu’on appelle corroyer.

Tous les sables ne sont pas également propres aux Fondeurs ; ceux qui sont trop secs, c’est-à-dire, sans aucun mélange de terre, ne peuvent point retenir la forme des modeles : celui dont les fondeurs de Paris se servent vient de Fontenay-aux-roses, village près de Paris ; sa couleur est jaune, mais devient noire par la poussiere de charbon, dont les Fondeurs saupoudrent leurs modeles.

Pour faire le moule, le sable médiocrement humecté, on pose le chassis A B C D, figure 16. sur un ais, figure 17. & le tout sur un autre ais ghik, posé entravers sur la caisse, figure 14. le côté inférieur en-dessus ; on emplit l’intérieur du chassis de sable que l’on bat avec un maillet de bois pour en assûrer toutes les parties, & le faire tenir au chassis dont toutes les barres ont une rainure à la partie intérieure ; en sorte que le sable ainsi battu avec le maillet, forme une table que l’on peut lever avec le chassis ; avant de le retourner on affleure (avec le racloir représenté figure 13. qui est une lame d’épée emmanchée) le sable du moule aux barres du chassis, en coupant tout ce qui est plus élevé qu’elle. On retourne ensuite le moule sur lequel on place les modeles, soit de cuivre ou de bois, &c. que l’on veut imiter. On fait entrer les modeles dans ce premier chassis à moitié de leur épaisseur, observant avant de poser les modeles, de poncer le sable du chassis avec de la poussiere de charbon contenue dans un sac de toile, au-travers de laquelle on l’a fait passer. L’usage de cette poudre est de faciliter la retiration de modeles que l’on doit faire ensuite : le ponsif, qui est une sorte de sable tres fin, sert au même usage.

Lorsque les modeles sont placés dans le sable du premier chassis, & que leur empreinte y est parfaitement imprimée, on place le second chassis, fig. 15. qui a trois chevilles, que l’on fait entrer dans les trous correspondans du premier chassis. Ces chevilles servent de repaires, pour que les creux des deux parties du moule se présentent vis-à-vis les uns des autres ; le chassis ainsi placé, on ponce soit avec de la poussiere de charbon ou du ponsif contenu dans un sac de toile les modeles & le sable du premier chassis ; on souffle ensuite avec un soufflet à main, semblable à celui qui est représenté dans les planches du ferblantier, sur le moule & les modeles pour faire voler toutes les parties du charbon ou du ponsif, qui ne sont point attachés au moule ou au modele où on a placé des verges de laiton ou de fer cylindriques, qui doivent former les jets & évents après qu’elles sont retirées : la verge du jet aboutit par un bout contre le premier modele, & de l’autre passe par la breche e pratiquée à une des barres CD, cd de chaque chassis ; ces breches servent d’entonnoir pour verser le métal fondu dans le moule.

Ce premier chassis ainsi préparé, & le second placé dessus ; on l’emplit de sable, que l’on bat de même avec le maillet pour lui faire prendre la forme des modeles & des jets placés entre deux : on commence par mettre un peu de sable sur les modeles que l’on bat légerement avec le cogneux, qui est un cylindre de bois d’un pouce de diamettre, & de quatre