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Quelques exemplaires portent Rufras au lieu de Rufas ; & il y a apparence que c’est ainsi qu’il faut lire, du moins c’est ainsi qu’écrit Silius Italicus, l. VIII. v. 570.

Et quos aut Rufae, quos aut Arsenia, quosve
Obscura incultis Herdonia misit ab agris.

(D. J.)

RUFFAC, (Géog. mod.) ville de France, dans la haute-Alsace, capitale du territoire de Munda, sur le Rotbach, à 3 lieues au sud-ouest de Colmar, l’empereur Henri IV. contre ses promesses, brûla & pilla cette ville en 1068 ; en 1298, l’empereur Adolphe la traita de même ; elle n’a pas été plus heureuse dans le dernier siecle.

Pellican (Conrad) d’abord cordelier, puis luthérien, & finalement calviniste, naquit à Ruffac en 1478, & mourut en 1556, à 78 ans. Ses œuvres ont été imprimées en cinq volumes in-fol. Ce sont des commentaires sur l’Ecriture, & des versions de plusieurs ouvrages de rabbins, car il entendoit fort bien l’hébreu.

Lycosthene, plus ordinairement nommé Wolfhart (Conrard), littérateur, qui embrassa le calvinisme, naquit à Ruffa, en 1518, & mourut à Bâle, en 1561. Il a mis au jour plusieurs livres, entr’autres une gnomologie latine, prodigiorum & ostentorum chronicon. Epitom. stobœi sententiarum. De mulierum præclarè dictis, &c. Il commença le theatrum vitæ humanæ, que Zuinger acheva & publia ; le P. Niceron a fait l’article de cet homme de lettres, tome XXXI. p. 339. (D. J.)

RUFFEC, (Géog. mod.) petite ville de France, dans l’Angoumois, au diocese, & à 7 lieues d’Angouleme, sur le ruisseau nommé le Lieu. Il s’est tenu dans cette petite ville, en 1327, un concile nommé rosiacense concilium. Longitude 17. 48. latit. 46. 41. (D. J.)

RUFIANA, (Géog. anc.) ville de la Gaule belgique. Ptolomée, l. II. c. ix. la donne aux Nemetes. On croit que c’est aujourd’hui Oppenheim, sur le Rhin. Il y en a pourtant qui la placent à Ruffach. (D. J.)

RUFIEN, s. m. (Science étymolog.) vieux mot qui veut dire celui qui a des privautés avec une femme, telles qu’en a un mari. Ce terme vient de l’allemand ruef, qui signifie une voûte, comme on appelle fornicatio la paillardise à fornicibus, parce qu’anciennement à Rome les femmes débauchées se tenoient en quelques endroits sous une voûte. Caseneuve.

RUFISQUE, (Géogr. mod.) bourgade située au royaume de Jaloses, près du cap Verd, au bord d’une baie que l’on trouve quand on a doublé ce cap. Cette bourgade, qui est vis-à-vis, & à une lieue de l’île de Goérée, appartient à la France. Latitude 14. 391.

RUGEN, (Géog. mod.) île de la mer Baltique, dans les états que la Suede possede en Allemagne, sur la côte de Poméranie, qui lui est opposée au midi & au couchant. Elle a été autrefois beaucoup plus grande qu’elle n’est aujourd’hui ; car elle avançoit presque jusqu’à l’île de Ruden, au lieu qu’à présent elle en est éloignée d’un mille & demi. Elle a perdu ce terrein en 1309, par une inondation qui submergea tout cet espace. Les habitans de cette île étoient anciennement connus sous les noms de Rugii, Rugiani ; ils étoient Slaves ou Vandales d’origine, & n’embrasserent l’Evangile que sur la fin du douzieme siecle.

On donne sept milles germaniques de longueur, & à-peu-près autant de largeur à l’île de Rugen ; mais elle est coupée par tant de baies & de golfes, qu’en quelqu’endroit qu’on se place, on ne se trouve jamais qu’à un demi-mille de la côte. Cette île fournit beau-

coup de chevaux, de bœufs, de brebis, & surtout

de grosses oies. La terre y est si fertile en blé, que Rugen est appellé le grenier de Stralsund. Autrefois il y avoit deux fortes places dans Rugen ; mais il n’y a aujourd’hui que quelques bourgades.

On sait que Charles XII. après avoir vu ses lauriers flétris à Pultawa, fit des efforts inutiles pour défendre cette île contre les Danois & les Prussiens ; ses troupes furent toujours repoussées ; enfin Grothusen son favori, & le général Dardof étant tombés morts à ses piés, il se vit contraint de monter lui-même à cheval, & de se sauver, pour n’être pas fait prisonnier.

Du midi jusqu’à l’ourse on vante ce monarque,
Qui remplit tout le nord de tumulte & de sang ;
Il fuit, sa gloire tombe, & le destin lui marque
Son véritable rang.
Ce n’est plus ce héros guidé de la victoire,
Par qui tous les guerriers devoient être effacés ;
C’est un nouveau Pyrrhus, qui va grossir l’histoire
Des fameux insensés.

(D. J.)

RUGENWALDE, (Géog. anc.) ville d’Allemagne, dans la Poméranie ultérieure, chef-lieu du duché de Wenden, sur la riviere de Wiper, à 30 milles au nord-est de Colberg. Elle est défendue par un château, & appartient au roi de Prusse. Long. 34. 18. lat. 54. 33. (D. J.)

RUGGI, s. m. (Commerce.) mesure des grains dont on se sert à Livourne. Onze ruggi un tiers font le last d’Amsterdam. Voyez Last. Dictionn. de Comm. & de Trévoux.

RUGIENS, les, Rugii, (Géog. anc.) peuples de la Germanie. Tacite, Germ. c. xliij. les met sur le bord de l’Océan septentrional, aujourd’hui la mer Baltique. Le nom de ces peuples est corrompu dans Ptolomée, qui les nomme Rutidii, quoiqu’il ait appellé leur ville Rugium, outre qu’il les place dans le même endroit où Tacite place les Rugii. Sidonius Apollinaris, Jornandès, Paul Diacre, & plusieurs autres écrivains du moyen âge, appellent ces peuples Rugi, & Procope écrit Rogi.

Leur premiere demeure a été dans la Poméranie ultérieure, où l’on croit qu’étoit leur ville Rugium. Dans la suite on les trouve dispersés en différens endroits. Les uns habitoient l’île de Rugen, à laquelle ils donnerent leur nom. On en voit d’autres sur le bord du Danube, où le pays dont ils s’emparerent fut appellé Rugiland, selon Jornandès. Langobard, l. I. c. xix. Procope, Goticar. ver. l. II. fait aussi mention de cette demeure des Rugiens sur le bord du Danube. Enfin, on les voit en Italie, où Ennondius, ïn vita D. Epiphanii, dit qu’ils se rendirent maîtres de la ville de Ticinum. (D. J.)

RUGINE, s. f. terme de Chirurgie, est un instrument qui sert à râcler un os.

Il y en a qui sont pour nettoyer les dents, en ôter le tartre ; d’autres pour ratisser & découvrir les os ulcérés.

Les rugines pour les dents sont longues tout-au-plus de quatre pouces & demi, y compris le manche d’ébene ou d’ivoire taillé à pans. La tige est d’acier poli, de figure pyramidale, d’environ deux pouces & deux lignes de longueur, terminée par une petite lame horisontalement située sur son extrémité. Cette lame est plane en-dessous, composée en-dessus de plusieurs biseaux, qui forment un tranchant tout-au-tour de cette lame, qu’on doit regarder comme la rugine proprement dite. Cette rugine est de différente figure, ou triangulaire, ou pointue d’un côté, arrondie & tranchante de l’autre, ou olivaire & sans saillie du côté opposé à la pointe. Ces différentes rugines servent à nettoyer & à ratisser les dents ;