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RISQUER, v. act. (Gram. Com. & Jeu.) exposer son bien, sa marchandise, &c. sans craindre de le perdre, dans l’espérance d’un grand profit. Il y a de l’imprudence à risquer lorsque le péril est évident.

RISSOLE, s. f. (Gram. & Cuisine.) sorte de pâtisserie ou de friture faite de viande seche, épicée, envelopée dans de la pâte, & cuite au beurre ou au saindoux.

RISSOLER, v. act. (Cuisine.) cuire ou rotir au feu une viande, jusqu’à ce qu’elle ait pris une couleur rousse.

RISSONS, terme de galere, (Marine.) ce sont des ancres qui ont quatre branches de fer.

RIT, s. m. (Théolog.) est une maniere d’observer les cérémonies religieuses qui est propre à telle ou telle église, à tel ou tel diocèse. Voyez Cérémonie.

Les peuples de l’Orient, comme les Arméniens, les Maronites, &c. célébrent le service divin suivant le rit grec. L’Occident suit le rit latin, ou celui de l’Eglise romaine. Les différens diocèses, surtout en France, ne s’y attachent pourtant que pour le fond. Car en fait de rit, il n’y a point d’uniformité générale, chaque église ayant ses usages propres établis de tems immémorial, dont elle est en possession, & qu’elle est en droit de suivre. Ainsi l’on dit à cet égard le rit parisien, le rit sénonois, &c.

On distingue cependant dans l’occident trois sortes de rits principaux. Le rit grégorien, ainsi nommé de S. Grégoire le grand, pape, & c’est le même que le rit romain proprement dit. Le rit ambroisien, qui a pour auteur S. Ambroise, & qui est encore aujourd’hui en usage dans l’église de Milan ; & le rit mosarabique, autrefois reçu dans toute l’Espagne, & dont il subsiste encore des vestiges dans les églises de Tolede & de Séville. Voyez Mosarabe, Ambroisien & Grégorien.

Les Anglois, qui suivoient autrefois le rit romain, l’ont changé du tems de la prétendue réformation, en un rit que leurs évêques & quelques théologiens composerent sous le regne d’Edouard VI. & qui est contenu dans le livre qu’ils nomment les communes pierres. Voyez Rituel.

RITES, tribunal des, (Hist. mod.) c’est un tribunal composé de mandarins & de lettrés chinois, dont la destination est de veiller sur les affaires qui regardent la religion, & d’empêcher qu’il ne s’introduise dans le royaume de la Chine, les superstitions & innovations que l’on voudroit y prêcher. Ce tribunal est, dit-on, presqu’aussi ancien que la monarchie ; les mandarins qui le composent sont de la secte des lettrés, c’est-à-dire, ne suivent aucune des superstitions adoptées par des bonzes & par le vulgaire. Cependant on accuse quelques-uns de ces lettrés de se livrer en particulier à des pratiques superstitieuses, qu’ils désavouent & condamnent en public. On croit que c’est à ce tribunal que la Chine est redevable de la durée des principes de la religion des lettrés chinois, qui est exempte d’idolatrie, vû qu’elle n’admet qu’un seul dieu, créateur & conservateur de l’univers. Voyez Tyen-tchu.

Le tribunal des rites a donc le département des affaires religieuses ; il est chargé de faire observer les anciennes cérémonies ; les arts & les sciences sont sous sa direction, & c’est lui qui examine les candidats qui veulent prendre des degrés parmi les lettrés. Il fait les dépenses nécessaires pour les sacrifices & pour l’entretien des temples ; enfin c’est lui qui reçoit les ambassadeurs étrangers, & qui regle le cérémonial que l’on doit observer. Ce tribunal s’appelle li-pu ou li-pou parmi les Chinois.

RITOURNELLE, s. f. en Musique, est un morceau de symphonie, assez court, qui se met en maniere de prélude, à la tête d’un air, dont ordinairement elle

annonce le chant, ou à la fin, & alors elle imite la fin du même chant, ou dans le milieu du chant, pour reposer la voix, pour ajouter à l’expression, ou simplement pour embellir la piece.

Dans les partitions ou recueils de musique italienne, les ritournelles sont souvent désignées par les mots si suona, qui signifient que l’instrument qui accompagne, doit répéter ce que la voix a chanté. Voyez Répétition.

Ritournelle vient de l’italien, & signifie proprement petit retour, ritornello. (S)

RITUEL, s. m. (Théolog.) livre d’église qui enseigne l’ordre & la forme des cérémonies qui doivent être observées en célébrant le service divin, dans une église particuliere, dans un diocèse, dans un ordre religieux, &c. Voyez Rit & Cérémonie.

Les anciens payens avoient aussi leurs rituels, rituales libri. Ceux des Etruriens ou Toscans étoient les plus fameux. Ces livres contenoient les rits & les cérémonies qu’on devoit observer en bâtissant une ville, en consacrant un temple ou un autel, en faisant des sacrifices ou des apothéoses, en divisant les tribus, curies ou centuries, en un mot dans tous les actes publics de religion. On trouve dans le livre de Caton de re rusticâ, différens passages par lesquels on peut se former quelque idée des rituels des anciens.

On peut regarder le lévitique, comme le rituel des anciens Hébreux ; car les Juifs modernes & les rabins ont imaginé une foule de cérémonies dont il n’y a pas la moindre trace dans les livres de Moïse.

Les chrétiens ont eu aussi leurs rituels dès la premiere antiquité, comme il paroît par les anciennes liturgies des Grecs & des Latins, par les sacramentaires des papes Gélase & S. Grégoire le grand. Ces rituels sont en grand nombre, tant sur la célébration de l’office divin, que sur la maniere d’administrer les sacremens, & sur les autres cérémonies de l’Eglise. Plusieurs savans du dernier siecle, & entre autres dom Menard & dom Martenne se sont beaucoup appliqués à la recherche des anciens rituels, & ont procuré l’édition de quelques-uns.

M. de Vert, qui a beaucoup écrit sur ces matieres, remarque que dans quelques rituels on ne s’est pas contenté de rapporter simplement, ou de prescrire les rits & les cérémonies, comme les paroles qu’on doit réciter, les actions & les gestes qu’on doit observer pour rendre les cérémonies plus augustes, mais encore qu’on en a cherché des raisons mystiques, inventées après coup, & qui ne sont point les vraies raisons de l’institution. De Vert, explicat. des cérémon. & liturg. de l’Eglise.

Rituels, (Antiq. étrusq.) rituales, espece d’écrits sacrés chez les anciens Etrusques, dans lesquels écrits les lois & la discipline des aruspices étoient contenues ; d’où vient qu’on les nommoit aussi aruspici libri. Voyez Struvius, Synt. antiq. rom. cap. vj. (D. J.)

RIVA, (Géog. mod.) petite ville d’Italie dans le Trentin, à l’embouchure de la riviere du même nom, dans le lac de Guarda, à six lieues au sud-ouest de Trente. Elle fut prise en 1603 par les François qui l’abandonnerent peu de tems après. Long. 28. 20. lat. 45. 46. (D. J.)

RIVAGE, s. m. (Gram.) c’est le bord de la mer. On dit les bords de la riviere.

Rivage, (Comm.) On appelle à Paris droit de rivage un octroi qui est levé sur tous les batteaux chargés de marchandises, qui y arrivent par la riviere, & qui séjournent dans les ports. Diction. de Comm. & de Trévoux.

Rivage, (Comm.) se dit aussi du chemin que les ordonnances touchant le commerce reservent sur les bords des rivieres pour le tirage & halage des bateaux. Par l’ordonnance de la ville de Paris de 1672,