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se trouve dans les mémoires de l’académie des Sciences pour l’année 1734.

Le borax n’a donné à la glace qu’un demi degré de froid au dessus de la congelation.

La chaux vive en a donné un & demi.

Le vitriol verd ou de Mars, deux ; le sel de Glauber n’en a pas donné davantage.

La soude & la cendre de bois neuf, en ont donné trois chacune.

Le nitre le plus rafiné, 3 .

Le sucre, 5.

Le sel de soude, 6 .

L’alkali fixe du tartre, celui de la soude & le sel de verre, 10 chacun.

Le sel marin, 15.

Le sel gemme, 17.

La potasse, 17 & demi ; & de moins bonne, 16.

De la glace pilée, & la moitié de son poids d’esprit de nitre ramené au degré de la congelation, ont fait baisser la liqueur dans le thermometre à 19 degrés au-dessous de la congelation.

De l’esprit de nitre & de la glace refroidis au point d’avoir 14 degrés de froid, ont produit un froid qui a fait descendre la liqueur du thermometre à 23 deg.

De la glace & de l’esprit de nitre refroidis à ce point, l’ont fait descendre à 25 degrés.

L’esprit de sel a produit trois quarts de degré de froid moins que l’esprit de nitre.

De l’esprit-de-vin auquel M. de Reaumur avoit fait prendre 19 degrés de froid, en environnant la bouteille dans laquelle il étoit, de glace réfroidie à ce point, versé sur de la glace réfroidie au même degré, a fait descendre le thermometre à 21 degrés.

Convaincu par ces expériences qu’avec de la glace & du sel refroidis, on pouvoit produire des degrés de froid plus grands que ceux qu’ils donnent, lorsqu’on les mêle ensemble, n’ayant chacun que le froid de la congelation ou un froid moindre, il mêla ensemble de la glace & du sel marin qui avoient chacun 14 degrés de froid & qui étoit très-sec, il ne se fit aucune fusion, aussi n’y eut-il pas de froid produit ; mais ayant versé sur la glace de l’eau chargée de sel marin & froide, de 8 à 9 degrés, la glace & le sel se fondirent, & sur le champ, le froid des matieres qui se fondoient augmenta de sorte que le thermometre descendit à 17 degrés, deux degrés & demi plus bas que le terme ordinaire du froid de la glace & du sel marin ; d’où il conclut qu’au moyen de cet expédient, on pourroit avec de la glace & du sel refroidis de plus en plus, produire des degrés de froid de plus grands en plus grands.

Afin de déterminer en général la proportion des sels à la glace pour produire le plus grand froid qu’ils sont capables de faire naître, M. de Réaumur fait remarquer, que le refroidissement ne se faisant qu’à l’occasion de la fonte de la glace, il falloit employer la quantité, soit de matiere solide, soit de liquide, nécessaire pour fondre la glace. Ainsi la proportion la plus efficace du mélange d’un sel avec la glace, seroit celle que l’eau peut tenir en dissolution, si le sel pouvoit être mêlé en parties infiniment petites avec la glace prodigieusement divisée ; mais comme cela n’est pas possible, il faut mettre un peu plus de sel que l’eau n’en peut dissoudre, afin qu’il touche une plus grande quantité de glace & qu’il en accélere mieux la dissolution.

M. de Réaumur termine son mémoire par cette observation : Une remarque que nous avons faite, dit-il, c’est que pour produire de nouveaux degrés de froid, il faut que de la glace fondue & de la matiere, soit solide, soit liquide qui a été employée, il se fasse un nouveau liquide. De-là naît une regle pour connoître les liqueurs, qui mêlées avec la glace, sont capables d’y produire du froid. Toutes les liqueurs huileuses qui ne peuvent

pas se méler avec l’eau, seront employées sans succès. Aussi ai je éprouvé que des huiles grossieres, telles que l’huile de lin, ou des huiles plus subtiles, comme l’esprit & l’huile de térébenthine, sont jettées inutilement sur la glace ; elles la peuvent fondre, mais elles ne peuvent se mêler avec l’eau qui naît de la fusion, & par là elles sont incapables de produire de nouveaux degrés de froid.

M. Richmann dans un mémoire qu’on trouve dans le tom. I. des nouveaux mémoires de l’académie Impériale de Petersbourg, pour les années 1747 & 1748 dit avoir observé.

1°. Qu’un thermometre qu’on retire de l’eau & qu’on expose à l’air, lors même que sa température est supérieure ou égale à celle de l’eau dont on le retire, descend toujours.

2°. Qu’ensuite il remonte, jusqu’à ce qu’il soit parvenu au degré de la température de l’atmosphere.

3°. Que le tems qu’il emploie à descendre est moins long, que celui qu’il met à remonter.

4°. Que lorsque le thermometre qu’on a retiré de l’eau est parvenu au degré de la température de l’air, sa boule est seche.

5°. Mais qu’elle est humide, tant qu’il est au-dessous de ce degré, d’où il conclut.

6°. Que c’est à cette humidité seule, qu’il faut attribuer la descente du mercure dans le thermometre, puisque de quelque maniere que cette humidité soit produite, le thermometre descend, & qu’il indique la température de l’air dès qu’il est sec.

7°. Que cet abaissement du mercure est tantôt plus grand, & tantôt plus petit.

M. de Mairan a fait à-peu-près les mêmes observations. Il a vû en outre qu’on augmentoit le refroidissement, ou du moins qu’on accéleroit la descente de la liqueur du thermometre, en soufflant dessus ou en l’agitant en rond ; & il dit que l’expérience réussit toujours mieux dans un tems sec par le vent de nord, & lorsque le mercure est fort haut dans le barometre, qu’en un tems humide par un vent de sud lorsque le barometre est fort bas. Voyez Dissertation sur la glace, édition de 1749. in-12.

Ce phénomene a été pour nos deux physiciens une source de conjectures & d’hypothèses que nous ne croyons pas devoir rapporter, parce qu’elles sont suffisamment réfutées par les observations de M. Cullen, professeur en Médecine, dans l’université de Glasgow, qui a démontré le premier qu’il étoit dû à l’évaporation du liquide. Nous allons donner un sommaire du mémoire qu’il lut à ce sujet à la société d’Edimbourg le 1 Mai 1755.

Un de ses disciples ayant observé, que lorsqu’après avoir plongé un thermometre dans l’esprit-de-vin, on venoit à l’en retirer & à l’exposer à l’air, le mercure descendoit toujours de deux ou trois degrés, quoique cet esprit fût au degré de la température de l’atmosphere ou même au-dessous ; ce fait joint à ce qu’il avoit lû dans la Dissertation de M. de Mairan sur la glace, lui fit conjecturer que les fluides en évaporation pouvoient produire du froid, ce qui l’engagea à faire de nouvelles expériences pour vérifier cette conjecture.

Il commença par répeter les expériences qui avoient été faites avec l’esprit de vin, & il trouva quelque soin qu’il prît pour que son esprit de vin fût exactement à la même température que l’atmosphere, que le thermometre descendoit constamment de plusieurs degrés, toutes les fois qu’il l’en retiroit, & qu’il continuoit à descendre, tant que la boule étoit mouillée. Il observa encore, que si lorsque la boule commençoit à sécher & le mercure à remonter ; on la plongeoit de nouveau dans l’esprit-de-vin, & qu’on l’en retirât sur le champ, le mercure descendoit plus bas ; & qu’en répetant cette manœuvre, on pouvoit produire un froid très-sensible. Il observa en outre,