Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/865

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& si c’est sur instance, ils doivent signer la minute de la sentence.

Quand la recréance est accordée par arrêt, celui qui l’obtient n’est pas tenu de donner caution ; mais si c’est seulement par sentence, il doit faire au greffe les soumissions en tel cas requis, & l’élection de domicile.

La caution que donne le recrédentiaire est pour la restitution des fruits, au cas que la sentence de recréance soit infirmée.

Le jugement de recréance doit être executé avant qu’il soit procédé sur la pleine maintenue.

Lorsqu’il échet de juger séparément la provision avant le fond, il n’est pas permis aux juges de cumuler l’un & l’autre & de prononcer par un même jugement sur la recréance & sur la pleine maintenue, parce que cela se feroit en fraude de l’appel, qui est une voie de droit : on ne pourroit plus demander la provision après le jugement de la pleine maintenue, de sorte que la provision ne seroit pas exécutée nonobstant l’appel.

Le dévolutaire peut prendre la possession de droit, mais il ne peut pas la prendre de fait avant qu’il ait obtenu une sentence de recréance ou de maintenue, suivant l’ordonnance d’Henri II. Voyez les définitions du droit canon, au mot recréance, & le recueil des matieres bénéfic. de Drapier, tome II. titre de l’action possessoire. (A)

RÉCRÉATIF, adj. (Gramm.) qui récrée, qui amuse. Cette lecture est récréative ; la variété de ce jeu est récréative.

RÉCRÉATION, s. f. (Gramm.) délassement accordé après le travail. Les études & les recréations se succedent alternativement dans les maisons où l’éducation est bien entendue. On dit les heures de récréation ; on dit les récréations mathématiques d’Ozanam, d’un ouvrage de cet auteur, qui contient ce que ces sciences abstraites ont de plus amusant.

RECRÉDENTIAIRE, s. m. (Jurisprud.) est celui qui demande la recréance ou provision d’un bénéfice, ou auquel la possession en a été adjugée provisoirement, comme ayant le droit le plus apparent. Voyez ci-devant Recréance. (A)

RÉCRÉER, v. act. (Gram.) c’est délasser, amuser. Permettez aux jeunes gens de se récréer. Le vin récrée l’ame ; l’arc-en-ciel récrée les yeux.

RECRÉER, v. act. (Gramm.) c’est créer une seconde fois. On avoit supprimé ces offices, & on vient de les recréer.

RECRÉMENT, s. m. dans l’économie animale, est le nom qu’on a donné à des sucs qui se séparent de la masse du sang par des couloirs qui les distribuent à différentes parties du corps pour des usages particuliers.

Il y a des recrémens qui sont destinés pour la génération & la nourriture des enfans dans le sein de la mere, & pour les alimens pendant un tems après leur naissance ; tels sont dans les animaux mâles la liqueur prolifique, & dans les femelles, le suc des ovaires, qui fournit la premiere nourriture au genre animal, lorsque l’œuf est fecondé par la semence, le suc nourricier qui est filtré par la matrice pour nourrir l’enfant dans le sein de la mere : enfin le lait qui est séparé dans les mamelles, pour l’alimenter après sa naissance.

Il y en a d’autres qui sont filtrés & déposés dans différentes parties du corps, pour l’usage de ces parties mêmes : ceux-ci peuvent être réduits à trois genres, savoir aux recrémens dissolvans, aux recrémens lubrifians, & aux recrémens humectans.

Les recrémens dissolvans sont les sucs bilieux dont nous avons parlé, lesquels fournissent la salive, le dissolvant de l’estomac, le suc pancréatique, la bile, & le suc dissolvant intestinal.

Les recrémens lubrifians sont les sucs muqueux qui servent à enduire les filtres, les conduits & les cavités par où passent & où séjournent les recrémens dissolvans, & les excrémens qui pourroient blesser ces parties par leur acrimonie ; ils servent aussi à couvrir la surface intérieure des cavités où l’air a accès, pour éviter que les sels dont l’air est chargé n’agissent sur ces parties, & pour éviter le desséchement auquel elles seroient opposées, si elles n’étoient continuellement & immédiatement touchées par l’air.

Les recrémens lubrifians different beaucoup entre eux, sur-tout par les différens degrés de consistance qu’ils doivent avoir selon l’acrimonie des sucs & l’impression de l’air, auxquelles ils s’opposent, & selon la nature, l’action & l’usage de différentes parties qu’ils enduisent & humectent. Ils paroissent même de différente nature ; les uns sont plus onctueux, les autres sont plus glaireux ; il en a qui ne sont pas entierement privés de sels comme les humeurs du nez ; d’autre à en juger par leur insipidité, paroissent en être entierement privés ; tels sont ces crachats que fournissent les poumons dans l’état de santé : ainsi il y a de la différence entre les huiles muqueuses qui fournissent ces différens recrémens.

Les recrémens lubrifians servent non-seulement à enduire les parties dont nous venons de parler, mais ils se mêlent aussi avec les recrémens dissolvans, & avec la semence, pour retenir & assujettir leurs parties actives ; de-là vient la consistance un peu épaisse de la semence, la ténacité de la bile, la consistance limonneuse de la salive, &c.

Les recrémens humectans sont formés d’une eau très-vaporeuse, légerement huileuse, qui relâche, humecte & lubrifie toutes les parties qui agissent & qui frottent les unes contre les autres ; tel est l’usage des larmes qui mouillent continuellement les yeux, de la sérosité qui humecte la plevre, la surface des poumons, le péritoine, la surface extérieure des intestins, les membranes des jointures, celles qui couvrent les muscles, &c. M. Quesnay, ess. phy.

RECRÉMENTIEL, adj. (Gram.) c’est ainsi qu’on désigne les matieres qu’on regarde comme des recrémens. Voyez l’article Recrément.

RECRÉPIR, v. act. (Gramm.) c’est crépir de nouveau. Il se dit au simple & au figuré ; une maison recrépie, un visage recrépi de rouge & de blanc.

RECREUSER, v. act. (Gramm.) c’est creuser de rechef, ou plus avant. On n’a point trouvé d’eau dans cet endroit, il a fallu recreuser ailleurs. Les fossés n’étoient pas assez profonds, il a fallu les recreuser.

RECRIBLER, v. act. (Gramm.) c’est cribler plusieurs fois. Voyez les articles Crible & Cribler.

RECRIER, se, v. n. (Gramm.) c’est exprimer la louange ou le blâme par des cris. On s’est recrié d’admiration en plusieurs endroits de cet ouvrage. Tout le monde s’est récrié d’indignation contre la bassesse de cette délation ; & l’on a mis le délateur au-dessous même du coupable. Lorsque la jalousie détermina cet homme à accuser son confrere d’une mauvaise action réelle ou fausse, mais oubliée, la ville se recria contre lui, & les gens sensés prononcerent que la délation marquoit un mauvais caractere, & que la mauvaise action deférée ne marquoit qu’un moment malheureux.

RÉCRIMINATION, RÉCRIMINER, (Jurispr.) La récrimination est l’accusation que celui qui est déja accusé fait lui-même contre son accusateur.

Quand la récrimination porte sur le même fait, il faut d’abord juger laquelle des parties demeurera l’accusé & l’accusateur. La plainte qui est la derniere dans l’ordre des dates, est ordinairement regardée comme récriminatoire, à-moins que par les circonstances & par le vû des charges, il ne paroisse que le